"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Elimination du Bénin de la CAN :

28 janv. 2008


Les raisons du fiasco

 Le Ghana n’a pas été le théâtre de miracles à la Béninoise. Les Voduns et les mânes des ancêtres ont été ridiculement inopérants. Et comme on pouvait s’y attendre, le Bénin n’a pas pu résister aux assauts offensifs des grandes équipes de son groupe. Le dernier match contre le Nigeria ne sera que l’aggravation de la dégringolade. Pour la deuxième qualification de son histoire pour la Coupe d’Afrique des Nations, notre pays n’a été que l’ombre de lui-même malgré une préparation enviable. Mais cette équipe nationale ne pouvait logiquement pas aller plus loin. La pression qu’elle portait était moins populaire que politique.

Juste après le tirage impitoyable du groupe B, groupe dans lequel le Bénin devrait croiser le fer avec la Côte d’Ivoire, le Nigeria et la Mali, la plupart des Béninois connaisseurs du football, savaient déjà que les dés étaient pipés et que leur pays allait au Ghana pour se faire ridiculiser. A l’arrivée, ces Béninois ne se sont pas trompés mais en revanche, Yayi Boni et son gouvernement se sont trompés sur toute la ligne. La qualification de l’équipe nationale a été vendue aux Béninois comme étant l’œuvre personnelle du Chef de L’Etat qui s’en est donné les moyens. Son omniprésence aux côtés des joueurs et au stade ainsi que sa générosité financière incontestable ont sans doute motivé les coéquipiers de Sessègnon à se surpasser et à tout donner pour arracher la qualification. Mais le Président était parfois trop présent et ce qui devrait plus être un soutien mental du onze national, s’est transformé en pression politique. Yayi Boni veut absolument montrer aux Béninois qu’il est l’homme par qui le miracle arrive en improvisant un préparatif incroyable aux Ecureuils. Dans ces conditions, il était difficile pour un joueur soucieux de donner le meilleur de lui-même, de ne pas passer à côté de sa performance habituelle.
Il est aujourd’hui difficile voire impossible de comprendre les raisons de l’enrôlement d’un entraîneur allemand (Reinhardt Fabisch) pratiquement inconnu du football africain. C’est tout simplement un gâchis financier de savoir que ce monsieur est rémunéré à coup de millions pour une équipe dont on savait au départ qu’elle n’avait pas de toute façon aucune chance d’aller loin au regard des cadors qu’elle avait à affronter. Ce recrutement était manifestement inutile et ne constitue qu’un aveu d’ingratitude à l’égard du sélectionneur local (Edmé Codjo) qui connaissait mieux les cadres de l’équipe et qui avait pourtant conduit l’équipe à la qualification. En refusant d’assumer son incompétence et en inventant de toute pièce une histoire encore injustifiée, Reinhardt Fabisch ne veut pas être désigné responsable de la débâcle des Ecureuils. Ses déclarations (il a affirmé avoir reçu une offre de corruption pour arranger le résultat du match perdu contre le Mali) à l’occasion d’un point de presse dimanche dernier ont bien ébranlé le public sportif béninois. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la fuite en avant d’un sélectionneur dont les jours sont désormais comptés.
Très concrètement, le onze Béninois n’avait pas besoin d’aller jusqu’en Brésil pour s’entraîner dans le cadre des préparatifs de la CAN. Peut-être que dans l’imaginaire des autorités sportives béninoises, le séjour au Brésil transformeraient les joueurs en génies du football. Il est aujourd’hui évident que ce voyage n’était qu’une promenade de santé, un gaspillage de pognon dont le Bénin se serait bien passé. «Le séjour dans l’eau ne transforme pas le tronc d’arbre en crocodile», dit le proverbe car en réalité, le talent ne s’acquiert pas du jour au lendemain et on ne devient pas footballeur de manière spontanée. Si par exemple, les Eléphants sont en ce moment un équipe difficile à battre sur le continent, c’est parce que la Côte d’Ivoire y a mis les moyens depuis des années en créant des écoles de football et en possédant un championnat national régulier qui constitue le vivier des recruteurs étrangers. Combien de joueurs béninois connus évoluent-ils dans les grands championnats européens ? Pas plus que trois (Omotoyossi, Sessègnon, et Tchomogo !) pendant que la presque totalité des grandes équipes de la CAN est constituée de joueurs africains expatriés. L’amateurisme et la précipitation des autorités sportives béninoises les a poussés à la folie. Mais le mauvais augure s’annonçait déjà depuis quelques temps. Le Bénin est le premier et unique pays au monde à lancer sur l’Internet à quelques semaines de la CAN, une campagne de recrutement de ses joueurs évoluant à l’étranger. Sur simple formulaire en ligne, on demandait aux joueurs béninois de par le monde, de se faire connaître afin de participer aux préparatifs pour la CAN. L’exercice même s’il a été concluant, n’a toutefois pas permis de recruter des joueurs béninois de grands talents. Conséquence, même s’ils ont fait montre de leur plus grande volonté de mouiller le maillot et de défendre les couleurs nationales, ils ne pouvaient pas donner plus qu’ils en avaient en si peu de temps de préparation. Il est vraiment regrettable que les autorités béninoises n’investissent dans le football que pour y attendre une récupération politique personnelle et immédiate. Avec le camouflet subi au Ghana, c’est toute la politique sportive du Bénin qu’il faudra désormais revoir pour faire réellement du Bénin un pays qui gagne.



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28/01/2008
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