"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

L'éditorial de l'Abbé :

Le chien aboie

Les temps qui courent font penser à l'indifférence hautaine et sourde de cette politique de l'autruche qui faisait chanter pendant la période révolutionnaire : « Le chien aboie la caravane passe ». Pour décrire ces temps, autant faire référence à la révolution, puisque décidément c'est elle - et non pas, par exemple, la Conférence nationale des forces vives de la Nation que les jeunes avouent ignorer (voir article ci-contre) -, c'est la révolution donc qui donne aux meneurs de la caravane du changement certains de leurs repères. Car, en plus de décorer certains acteurs de cette triste période, ne semble-t-on pas nostalgique du service militaire et du balayage les samedis ?

En tout cas, superbe, dédaigneuse et soupçonneuse, la caravane du changement s'enfonce dans sa folle course au point de compromettre ses meilleures intentions quand elle en a. Lorsque les meneurs daignent répondre aux chiens qui aboient, c'est à peine s'ils ne traitent pas d'apatrides et d'ennemis du changement tous ceux qui ont l'outrecuidance d'exprimer un désaccord, une divergence de vue ou tout simplement une réserve. Et la caravane de marcheurs et de crieurs avance en oubliant que le Bénin de 2008 n'est ni le Bénin des années 70, ni le Togo d'Eyadéma père, ni le Sénégal du sopi. Et qu'il n'est déjà plus le Bénin de 2006 !

On peut comprendre les errements d'un nouveau pouvoir. Mais après bientôt deux ans d'exercice, on ne peut excuser son emmurement narcissique. Car, si l'équipe du changement a une peur bleue du scénario politique de Nicéphore Soglo qui, en tant que président de la République, n'a pas pu se faire réélire en 1996 malgré ses « pavés » et ses autres grands travaux d'Hercule, elle croit éviter un pareil sort en communiquant à l'excès. Mais elle oublie fatalement que la meilleure communication commence et finit par l'écoute de l'autre qui est toujours plus qu'un chien, et dont les réactions valent toujours mieux qu'un aboiement. Et curieusement, il y a crainte que si personne n'écoute l'autre, l'effort du dialogue civique cède effectivement aux aboiements entre citoyens et institutions.

Abbé André S. Quenum



19/02/2008
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