"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Sécurité émergente

Docteur après les morts…

vendredi 4 avril 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 04 avril 2008

 

Très pathétique, le dessein formulé par le docteur-président pour un Dantokpa émergent, sécurisé. Après que trois damnés issus d’une police réduite à la mendicité et à l’escroquerie sur des citoyens tout aussi pauvres que désemparés. Un peu d’exorcisme en lieu et place du silence de recueillement pour les larmes et le sang encore frais en pareille circonstance. Rajouté aux pitreries du genre de la proclamation de ministres et de hauts gradés sur la solidité du régime pour compléter le tableau. Lamentable !

Et dire qu’il y a une dizaine de jours que le docteur-président s’est tapé une cure de jouvence dans le marché mythique. Quand ce n’est pas lui-même, c’est la première dame. La représentation hollywoodienne du mardi 02 avril avec le versant lagunaire de Cotonou comme site principal de tournage, lève le coin de voile sur les préoccupations réelles de ces pérégrinations du couple présidentiel. A l’occasion, on y parle certainement de tout sauf d’ordures – les caniveaux de la ville continuent de charrier des tonnes de déchets made by Dantokpa – de mévente, de pollution …et surtout de sécurité. Des tests de popularité. A l’arrivée, un commando sorti du néant, 3 morts, de pauvres commerçants brutalisés et dépouillés, une population en état de psychose. L’acte crapuleux par excellence. Rien à voir avec un vol de cartes d’électeur pour lequel les forces spéciales de police ont pu faire admirer toute leur témérité à travers une casse perpétrée au domicile d’une femme désarmée un dimanche en famille. A chacun ses priorités.

Gageons que le vaudeville du 02 avril a permis de tirer de grandes leçons. Après l’affaire de drogue sur le littoral à la hauteur de Ouidah et l’incursion sanglante par la plage de Xwlacodji à Cotonou, on s’imagine que les responsables de sécurité se rendent compte de la fragilité de la protection des côtés béninoises. On ne peut reprocher à nos hommes en kaki de manquer de compétence. Ils sont crédités d’excellentes écoles de formation. Mais, je présage du désarroi de leurs instructeurs à voir la pratique sur le terrain de ces cadres revenus au pays. Comme cette image de ce général en meeting dans son village natal alors que la sécurité de tout le territoire national lui incombe.

Je vois d’ici des gens se prendre la tête entre deux mains à l’évocation du dossier de transfert de compétence en cette période de traque de malfrats. Fort opportunément, ce malheur vient rappeler l’Etat central à sa juste fonction. Le ministre de l’Intérieur voire la présidence de la République ne peut s’occuper de places de marché, d’ordures, de querelles de voisinage alors que le territoire national est livré à la fantaisie du premier soudard surarmé. Le braquage à Dantokpa dépasse largement le cadre de gestion d’une infrastructure marchande. Il s’agit d’une affaire d’Etat. Plus que le marché c’est l’Etat du Bénin qui s’en trouve ébranlé quoi qu’en dise les généraux.

Mais, cela, il faut que la prédisposition du régime du changement admette qu’il existe des lois notamment sur la décentralisation et que le pays ne s’administre pas suivant les désirs d’un dirigeant-envoyé-de-dieu. C’est se tromper de « pays et d’époque » que de croire que le Bénin peut se gérer pistolet au poing. Par la terreur, l’instrumentalisation de la justice, les menaces, les entortillements de textes.

Utiliser le pouvoir sans se faire utiliser par le pouvoir, a dit quelqu’un.



05/04/2008
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