"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Historique ! Le Bénin a accueilli pour la première fois en 47 ans de coopération un chef de l'Etat américain en exercice, en la personne de George Walker Bush. La visite a été très brève mais riche en enseignements pour les Béninois.

Juste trois petites heures, (8h à 11h) ; c'est le temps qu'a duré la visite de George W. Bush à Yayi Boni et au peuple béninois. L'évènement était si grand que Georges W. Bush a été admis dans l'ordre national du Bénin. Et le Dr Yayi Boni, en personne, lui a remis la plus grande distinction honorifique du Bénin, la médaille de Grand Croix. Mais en terme de gain, il serait difficile de quantifier dans l'immédiat le bénéfice que le petit Bénin peut en tirer. Ce qui est sûr, on peut déjà retenir que c'est un succès diplomatique important qui est à l'actif personnel du président Yayi Boni qui a réussi à faire atterrir au Bénin l'avion du président de l'Etat le plus puissant de la terre. D'ailleurs, l'américain le lui rend si bien en décernant une mention spéciale à la gestion du président béninois et la difficile lutte qu'il mène contre la corruption. Avant de rassurer le Béninois de la disponibilité de son pays à continuer de soutenir le Bénin qui s'est engagé sur la bonne voie. C'est aussi un succès pour le Bénin qui y sera durant tout le périple de l'homme cité sur les plus grandes chaînes de télévision et de radio ainsi que dans les colonnes des plus grands canards du monde. Ce qui va à coup sûr rendre plus visible, le Bénin et susciter l'intérêt des grandes firmes internationales qui vont chercher à prospecter le sol, le sous-sol, le marché, bref l'économie béninoise. Il y aura, à n'en point douter, le regain du tourisme. A tout cela, il faudra ajouter le positionnement géopolitique du Bénin qui peut devenir l'un des plus sûrs alliés du pays de l'oncle Sam dans la sous-région et à la porte d'un géant économique comme le Nigeria. Au regard de tout ce qui précède, il est clair qu'on ne peut pas 24 heures après la visite de George Bush au Bénin, calculatrice en main, descendre les chiffres et dire tout de suite le nombre de millions de dollars encaissés à part les millions de dollars déjà accordés au Bénin dans le cadre de la lutte contre le paludisme, le Vih/Sida, et pour l'éducation de base. Cependant, le bref passage de l'homme le plus puissant de la terre à Cotonou, a laissé au régime de Yayi Boni et au peuple béninois, des aspects positifs de « l'Américan Way of life ».

Les enseignements

Le mode de vie américain est caractérisé par le pragmatisme et la gestion rigoureuse du temps. D'abord, les Américains ont donné une leçon de ponctualité. Tous les Béninois qui ont eu le programme de la visite ont été étonnés mais heureux de constater que le programme a été respecté à la minute près. George W. Bush est arrivé à 8 heures locales précises et est reparti à 11 heures comme prévu. Mais avant l'atterrissage de Air Force One, la forteresse volante qui assure le transport du président américain, la rigueur du dispositif sécuritaire est restée intacte. Filtrage de tout le monde. Tous les sacs même les plus petits ont été minutieusement fouillés à la main, passés au scanner avant qu'un chien renifleur ne fasse la dernière inspection. Même l'ambassadeur des Usa près le Bénin est passé au filtrage et les véhicules de l'ambassade qui sont allés sur le tarmac ont été pratiquement éventrés pour être inspectés. Les gorilles américains, discrets mais fermes donnaient des ordres en américain et parfois en français incompréhensible. Rigoureux dans le travail, aucun d'eux n'a déserté son poste avant le départ de leur président. Alors que plusieurs agents de sécurité béninois, des policiers en passant par les gendarmes aux éléments de la garde présidentielle n'avaient d'yeux que pour le buffet installé devant la salle de presse. Spectacle déshonorant, ils se sont rués sur le buffet et se sont gavés de nourriture et de boissons au moment où les présidents Yayi Boni et George Bush étaient en tête-à-tête. Même des tireurs d'élite à qui on a confié des armes à lunettes étaient venus se servir abondamment et ont constitué d'importantes réserves après s'être repus. Pendant ce temps, aucun gorille américain n'avait avalé une goûte de soda malgré la chaleur. Bien au contraire ils regardaient avec curiosité leurs collègues béninois qui avaient des poches lourdement chargées de victuailles au moment même où le professionnalisme commande qu'ils soient vraiment présents à leurs postes. Imaginons un instant qu'il y ait une attaque quelconque. Comment réagiraient les collectionneurs de nourritures ? L'autre aspect des enseignements se situe au niveau des allocutions des deux hommes qui ont été brèves. Surtout, celle de George Bush a été succincte et précise. La même chose a été observée au cours de la conférence de presse à laquelle l'homme le plus puissant a mis fin quand il n'avait plus rien à dire et tenait à rester dans le temps. Enfin, il y a la bise présidentielle. Celle de George à Laura Bush s'est faite dans les règles de l'art parce que ce n'est pas un tabou chez les Américains. En effet, la fonction présidentielle n'est pas conçue aux Usa sans la présence de la première Dame même s'il y a eu plusieurs scandales de sexe qui ont secoué la vie de certains présidents américains. En d'autres termes, les Américains sont habitués à voir leur président embrasser son épouse devant les caméras. Ce n'est pas la même chose chez nous au Bénin. C'est pourquoi la bise de Boni à Chantal Yayi était comme une symphonie inachevée. Il revient donc au Dr Yayi Boni qui est devenu l'ami des plus grands chefs d'Etat du monde de prendre cet aspect au sérieux afin que le baiser présidentiel soit plus naturel, plus spontané. Car, quand dans quelques semaines ou quelques mois, le président français Nicolas Sakozy viendra faire son one man show à Cotonou avec son mannequin d'épouse, les Yayi risquent de se faire ridiculiser.

Maximin Tchibozo