"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Crise du GSM :

Ce que l’Etat a perdu et
gagné avec les opérateurs

18 septembre 2007 La Presse du jour- Depuis le samedi 15 septembre 2007, le dernier des opérateurs GSM Areeba encore en sursis, a accepté de signer le nouveau cahier des charges élaboré par l’Autorité transitoire de régulation mettant ainsi fin à une crise qui aura duré deux mois. Au-delà du simple constat de la mise sous tension de ce réseau, il y a tout de même lieu de faire le point de ce « combat » Autorité de régulation / Opérateurs Gsm, afin de situer les uns et les autres.

Les réseaux Telecel et Areeba sont à nouveau opérationnels à la satisfaction des milliers d’abonnés qui ne souhaitent que cela. Mais les plus heureux sans doute sont ces travailleurs qui, à un moment donné, ont perdu tout espoir. Aujourd’hui, ils remercient non seulement le Seigneur, mais aussi le gouvernement pour avoir mis de l’eau dans le vin. Ils remercient particulièrement le Chef de l’Etat pour s’être personnellement investi dans la recherche d’une issue rapide à cette crise, la première depuis l’avènement du Gsm. Il s’agit d’une réaction tout a fait logique car, après tout, il est question pour eux de subvenir aux besoins de leurs progénitures. La crise est à présent terminée et il est question de faire un bilan fut-il sommaire.

Les dessous des trente milliards

Pour la plupart des Béninois, le gouvernement dans ce dossier est sorti largement gagnant. La seule preuve constitue les trente milliards (30.000.000.000) contenus dans le cahier des charges et que chaque opérateur Gsm a accepté de payer. On crie partout que de cinq milliards, le gouvernement a réussi à passer à trente milliards, soit une différence nette de vingt cinq milliards. Cela est vrai et ne fait d’ailleurs l’objet d’aucun doute. Mais à côté, il y a d’autres données également vraies qui doivent faire réfléchir les Béninois et les amener à se poser mille et une questions. La première donnée est relative à l’exonération des frais de douane faite aux opérateurs Gsm durant les trois années qui suivent la signature du cahier des charges. Cela peut-il être évalué à combien de milliards ? Impossible d’y répondre. La seconde donnée est relative à l’exonération qui leur est également faite pour ce qui est des impôts durant le même nombre d’années. Cela doit être évalué aussi en terme de milliards. La troisième donnée concerne la durée du contrat. Dans le nouveau cahier des charges, il est clairement signifié que le contrat entre en vigueur à compter de la date de sa signature. En clair, cela voudra dire par exemple pour ce qui concerne l’opérateur Gsm Areeba, que son contrat prend effet à compter du 15 septembre 2007 et expire le 14 septembre 2017, en lieu et place de celui qui devrait initialement arriver à terme quatre ou cinq ans plus tôt. Il en est de même pour Bell-Bénin, Telecel. A combien de milliards peut-on évaluer ce gap inaperçu du commun des Béninois ? L’un ajouté à l’autre, on est obligé de se demander ce qu’il reste finalement des trente milliards. En tout cas, il faudra bien que le gouvernement, un jour, s’explique sur ce dossier ne serait-ce que pour dissiper les inquiétudes des uns et des autres.

La sagesse des opérateurs Gsm

L’issue de cette crise aurait été contraire que nous serions en train de parler un autre langage. Dans ce dossier, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il y a eu trop de ratés. N’eut été le fair-play des opérateurs Gsm, la crise n’aurait pas pris fin. Le dossier a été très mal lancé. Dans un premier temps, on a cru que les nouveaux « princes » voulaient livrer à l’opinion publique l’ancien régime pris pour responsable de cette situation. On a voulu montrer à l’opinion publique que l’ancien régime a bradé ce secteur et que le changement veut y mettre de l’ordre. Cela a fait mouche jusqu’au moment où les réseaux Telecel et Areeba ont été mis hors tension. Les discours tenus aux temps forts de la crise, que ce soit par les membres de l’Autorité transitoire de régulation ou ceux du gouvernement, ne laissaient nullement entrevoir une quelconque négociation future. Cette situation a été aggravée par l’intervention du Chef de l’Etat (d’ailleurs mal comprise par la plupart des Béninois), qui a fait croire que MTN a acheté Areeba à prix d’or. Autrement dit, on a fait croire que dans la sous région, c’est seulement au Bénin que les opérateurs Gsm se comportent de cette façon. C’est à croire que seuls ces opérateurs peuvent faire face à tout le budget du Bénin. Le gouvernement a gagné en jetant du discrédit sur eux à un moment donné. C’est peut-être politique, puisqu’on parle de l’Autorité de l’Etat. Ce qui est important, c’est que au finish, leur sang-froid a payé. Ils n’ont pas fait l’option du tac au tac, mais ils ont plutôt préféré laisser le temps faire son œuvre.

Beaucoup de non-dits

Dans ce dossier finalement, il y a beaucoup de non-dits. Les derniers développements semblent avoir échappé à la grande masse. Les choses sont allées si vite qu’il y a lieu de s’interroger. Pour certains, le dossier est dorénavant géré à un niveau supérieur, disons entre Chefs d’Etat. La seule preuve qu’on peut avancer dans ce sens est la visite du Chef de l’Etat en Afrique du sud. La composition de la délégation en dit long. Personne ne peut nier que c’est ce dossier qui a contraint Boni Yayi à aller en Afrique du sud. Comment a-t-il mené les négociations avec son homologue sud africain ? Seul le temps nous permettra de savoir ce qu’ils se sont dits. Par contre, on peut dire sans risque de se tromper que les choses sont allées si vite que avant même son retour au pays, Areeba-MTN a déjà repris. Tout cela paraît bien beau, mais n’exclut pas que le gouvernement fasse le bilan de cette aventure qui ne dit pas son nom.

Grégoire Amangbégnon

 



18/09/2007
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