"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

VOS OPINIONS

Je recueille ici des opinions de nos compatriotes sur les problèmes brulants de l'heure. Pour cela je prie les citoyens béninois de bien vouloir s'exprimer à travers cette rubrique en envoyant leurs articles pour publication.

Vengence émergente !

Entre plaisantain...


23 janvier

Deux amis se parlent ; dialogue singulier ; le docteur-président et son inconditionnel professeur Gbêgnonvi. Le second par les médias (jamais le même canal) : Golfe Tv pour l’appel de pied, le quotidien Nouvelle Expression pour le refus « poli ». Le premier par le compte rendu du conseil des ministres. La gouvernance publique théâtralisée de la manière la plus ubuesque. Ces entractes à ciel découvert donnent un aperçu du style Yayi. Au décompte, le professeur a marqué un grand coup comme l’a rappelé de nombreuses coupures de presse dont certains voient la vengeance de Gbêgnonvi. Ce dernier porte bien son titre d’enseignant, psychologue par essence. Son débarquement surprise du gouvernement sentait un parfum d’inachevé. On s’attendait logiquement à une réplique à la hauteur de l’humiliation initiale.

La stratégie est tout droit sortie du laboratoire de la ruse qui sert de bréviaire à l’émergence depuis 2006. Le Gbêgnonvi, très psychologue, nous l’avons vu, s’invite à la télé, enrobe sa demande dans un appât qui ne pouvait que faire mouche à la Marina : le septennat pour permettre au docteur-président, en cas de rempilage, de réaliser son vœu de parvenir à un taux de croissance à deux chiffres. Dans un contexte où il est question de révision de la constitution ; où le régime subi de plein fouet les rebuffades directes d’un autre grand intellectuel, Olympe Bhêly-Quenum. Il fallait quelqu’un pour rétablir un certain équilibre. Mais pour le revanchard, une pointe de plaisanterie à la fin sert à parfaire la volonté de railler le système.

Dassoundo ne croyait pas si bien dire en évoquant la réactivité à fleur de peau à la Marina. Un diagnostique confirmé au superlatif par le chef d’œuvre de Gbêgnonvi. Son pied de nez à Yayi après sa nomination au poste de conseiller spécial à la Bonne gouvernance ouvre une fenêtre sur la légèreté avec laquelle on fonctionne là-bas au point de rendre publique la nomination d’un collaborateur sans prendre son avis. De la même manière que les députés Valentin Houdé et Basile Ahossi nommés ministres et qui ont tous refusé d’aller prendre service. Quelqu’un pour nous dire ce qui reste d’un des fondements de la fameuse charte du gouvernement relatif au respect de l’autorité de l’Etat. Ces plaisanteries d’Etat ne se lassent pas de banaliser la sacralité du service à la nation. N’importe qui peut désormais rejeter un appel solennel de la plus haute autorité de l’Etat du fait du dol et de la manipulation.

Sûr d’avoir frappé fort, le professeur ne boude pas son plaisir en rajoutant la leçon d’éthique. Morceau choisi : l’entourage ; cette puanteur exécrable qui a eu raison de intégriste de l’intégrité autoproclamé lors du remaniement de la mi-mandat. Or c’est le même entourage depuis 2006 – les mêmes évangélistes, les mêmes courtisans, les mêmes généraux-militants, les mêmes anciens révisionnistes reconvertis aux vertus du caurisme. Sans doute que depuis quelques semaines, il faut y ajouter les démarchés, la bande à Kindjanhoundé, Gnonlonfoun, Sé Guéné. Mais jusque-là, les transfuges n’ont pas encore réussi à infiltrer la garde rapprochée du docteur-président-plus-que-Dieu.

La satisfaction pour le professeur ne s’arrête pas à la vengeance personnelle. Les puristes de la caste de O.B-Q apprécieront ce geste chevaleresque d’une probité irréprochable. Pour une fois, la rente et les avantages liés au poste n’ont pu dicter leur loi. L’honneur est sauf. On imagine l’ampleur de la déchéance si des postes pouvaient s’obtenir à partir de Téléthon d’un genre spécial. Le professeur risquait de se voir définitivement renier par une intelligentsia de plus en plus désabusée par l’imposture et la ruse. Devrait-il néanmoins remercier le docteur-président de l’avoir affranchi de ce bourbier le plus possible.

Tant pis si le dénouement se fait à coup de plaisanteries !!!

 


23/01/2009
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La paix !

La guerre civile, parlons-en !!!

mercredi 21 janvier 2009

Arimi CHOUBADE

 

 

Très spirituel mon ami Sulpice Oscar Gbaguidi. Sa peur à l’usage de l’expression « guerre civile » au sein de l’hémicycle me fait découvrir une autre facette de cet érudit de la « stars-parade » sur Canal 3 Tv. Vestige sans doute de son long séjour dans la cité des rois à Abomey-Bohicon : au pays du vaudou, du tchacatou (missile mystique) et des incantations les mots ont leur sens. La simple évocation d’un malheur dans un lieu aussi solennel que le parlement pourrait attirer la fatalité sur le Bénin à en croire la démonstration sur fond d’exorcisme de Sulpice. Je ne crois malheureusement pas avoir vu mon ami et confrère aussi préoccupé lorsque Yayi Boni, le premier, s’est offert de verser son sang devant des étudiants interloqués.

Des mois que la plupart des productions de médias empruntent un ton volontairement alarmiste : « Démocratie en danger » ; « violation massive de la Constitution » ; « menace sur la paix » ; « non respect de la laïcité de l’Etat ». Le docteur-président en rajoute lui-même en se comparant comme un général au front dont les munitions sont terminées. Et l’argentier national d’enfoncer le clou : « les caisses de l’Etat sont exsangues ». L’exorciste-maison de Canal 3 s’accoutume logiquement de ces euphémismes quotidiennement relayés par la presse. Tous les rapports de diplomates et de fonctionnaires internationaux s’émeuvent du délitement de la gouvernance publique au Bénin depuis avril 2006. L’interdit semble exclusivement réservé aux honorables députés. Soit.

Que dire du poids des symboles sur nos us et coutumes lorsque les hommes de Yayi font constamment référence aux « patriotes », « apatrides », « ennemis du peuple », « complot international » ? Un jargon inspiré d’un pays frère dont le nom rimait encore il y a peu avec « paix ». La Côte d’Ivoire de Houphouët se faisait comparé à un havre de stabilité et de tranquillité dans un océan de pays malades. Personne n’y parlait de guerre civile, de coups d’Etat, d’escadron de la mort ou de « patriotes ». L’aseptisation langagière ne les a pas sauvé de la catastrophe.

Les actes susceptibles de tout chambouler dans le pays se constatent tous les jours sans que leurs auteurs n’aient été conditionnés par des déclarations présumées incendiaires d’opposants trop pressés. Les yayistes n’ont pas besoin du lyrisme va-t-en-guerre de députés pour faire entrer en campagne électorale des soldats pour le compte du regroupement politique du chef de l’Etat ou transporter du matériel électoral ou brutaliser des élus locaux hostiles au camp gouvernemental. Et pourquoi ne pas parler des conséquences des déviances hérétiques du pouvoir ? Certains évangélistes très en vogue sous le Changement n’apprécieraient d’ailleurs pas les recettes de l’exorcisme par le silence et la condescendance, et préféreraient que l’on scande vertement le nom du mal afin de l’extirper de la société ou de l’être possédé. À chacun ses recettes de conjuration du mauvais sort.

On ne saurait réduire le sort du Bénin à ce que les uns et les autres disent ou ne disent pas. C’est la constitution qui confère au chef de l’Etat de conduire la politique de la nation. Il dépend donc en grande partie de lui que les différents courants en présence ne se détestent pas au point de vouloir en venir aux armes. Les cases qui s’enflamment à Glazoué, les concurrents politiques que l’on retrouve mort à Avrankou et à Kétou, des populations qui s’entredéchirent à Tanguiéta, tout cela après des visites électoralistes du chef de l’Etat ramène le pays vers la guerre civile que les avertissements de quelques parlementaires désabusés par les ruses et les grossières manipulations du régime.

Du péril, il vaut mieux en parler maintenant, sinon après ? Il est tard...


23/01/2009
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Au feu!

Le « kpayo » et l’émergence

mardi 20 janvier 2009

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 20 janvier 2009

 

Pauvre du commissaire central de Cotonou. Obligé d’assister impuissant aux séances périodiques de ramassage de pauvres hères braisés par la faute du « kpayo ». L’essence de contrebande n’arrête plus de semer la mort. Les coupables ? Surtout pas les contrebandiers que Constant Sossou n’ose même pas nommer ; bien que tous les Béninois les connaissent – plusieurs fois reçus en audience par le chef de l’Etat à la Présidence de la République, s’il vous plait : protocole d’Etat, tapis rouge, honneurs, poignées de mains ; ministres, conseillers techniques du chef de l’Etat et autres fonctionnaires du palais au gardez-vous. Les fins limiers du régime en ont rajouté une couche en positionnant sur les listes électorales du regroupement politique du chef de l’Etat, Fcbe, des ténors de ce trafic meurtrier aussi bien aux législatives 2007 qu’aux municipales 2008. Ceux qui ont vu la violence ayant sanctionné les deux processus électoraux suscités savent qu’il y a de l’expertise de trafiquants en dessous. Le coup de force à l’hôtel de ville d’Avrankou en est une illustration éloquente.

On ne peut reprocher au premier flic de Cotonou de penser à ses épaulettes lorsqu’il se rabat sur des complices imaginaires ; pêle-mêle : les logeurs de vendeurs de « kpayo », les consommateurs, les voisins condescendants. De quoi donner le change. Du cynisme pour conjurer l’accusation d’indifférence. Pour ne pas avoir à passer les menottes à quelqu’un de bien précis surtout pas à des « amis » du président de la République. Tant pis pour les braisés et leurs familles respectives. Les princes du Changement surfent sur une psychologie ambiante dans un pays où des gens sont régulièrement passés au feu pour vol de poulet par une foule en délire ; des misérables délivrés de la souffrance terrestre par les flammes apparaît comme un banal fait divers.

La pauvreté ! Voilà bien un coupable que les gloses sur une hypothétique prospérité partagée ou une lointaine croissance à deux chiffres ne parviennent toujours pas à éradiquer. Elle demeure plus présente que jamais après que le pouvoir ait englouti des milliards en opération d’octroi de micro-crédit. Un débat parlementaire a permis aux Béninois d’entendre de la bouche d’un ministre du gouvernement de la vertu que des intermédiaires se sont enrichis dans cette affaire, au détriment des présumés bénéficiaires identifiés. Or l’extrême pauvreté reste le socle des gestes de désespérance les plus fous. Ailleurs, les jeunes prennent le large à bord d’embarcation de fortune pour aller mourir en mer à la recherche d’un mirage. Au Bénin, l’ultime refuge est le commerce d’un liquide aussi volatile qu’inflammable que l’essence sans aucune précaution.

Le procès en complicité fait aux consommateurs procède de cette manière avec laquelle l’autruche affronte le danger. Si le commerce des produits pétroliers en vrac vient à être reconnu comme normal, la consommation l’est aussi. L’officier de police judiciaire qui incrimine cette consommation sait que sans culpabilité, il n’y a pas de complicité. Au docteur-président de mettre les jeunes au travail, de donner espoir à la vallée de l’Ouémé, grande pourvoyeuse de contrebandiers, de traquer et de punir tous les détourneurs des fonds de micro-crédit, comme il l’a promis à plusieurs reprises pour que le trafic d’essence prenne un coup fatal. Faudrait-il, alors, demander aux sommités de Fcbe si elles consentent à renoncer à la considérable manne financière apportée par les émergents trafiquants d’Avrankou, d’Adjarra, d’Ifangni. Au nom du rempilage de 2011, des Béninois peuvent encore se faire braiser par la faute des vendeurs de la mort.

Mourez par le feu jusqu’à la réélection !!!


23/01/2009
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Leçon d'un quinquenat

à mi-parcourt


Quelle leçon pouvons-nous tirer à mi parcours du quinquennat ? : Comme nous venons de le constater à travers les actes au quotidien, le concept de la trilogie du singe est de nature à encourager la violation massive des lois républicaines. 
Il urge de dénoncer certaines pratiques qui prennent l’allure de la période révolutionnaire. Mais en réalité certaines actions de cette période sont mieux planifiées durant les cinq (05) premières années de la révolution. A cette époque, les hommes politiques éveillés qui avaient osé dénoncé la direction que prenait le chauffeur (le Chef de l’Etat) étaient traités de réactionnaires, de vampires, d’apatrides, de valets locaux de l’impérialisme international, de fossoyeurs de l’économie, d’intellectuels tarés.

Certains hommes d’affaires de commerçants véreux et, contraints à l’exile et leurs biens confisqués au profit de l’Etat. Quelques années plus tard, le gouvernement révolutionnaire avec à sa tête le grand camarade de lutte, Président du bureau politique du comité central du PRPB ont été rattrapés par leur passé. En effet, la construction des infrastructures contre toute règle de l’orthodoxie financière par les préfinancements sans avoir encaissé au préalable les fonds promis par les donateurs nous avait conduit à la situation de non paiement des salaires et la cessation de paiement dans tous les domaines. Aujourd’hui encore, nous assistons à la pose des pierres sans avoir bouclé les financements.

Tirant leçon du passé, le Bénin doit investir dans les secteurs productifs. La politique des grands travaux choisis au pifomètre n’a jamais développé un peuple « la prétendue corrélation entre "le progrès économique" et la croissance de l’administration est loin d’être clairement établie. » Ce qui est établi par contre, c’est que la tertiarisation anticipée de l’économie comme c’est le cas au Bénin, aggrave les déséquilibres structurels, pèse d’un poids financier insupportable et dévie les revenus importants vers les couches sociales aisées au détriment du reste de la population. Après l’inauguration de "l’échangeur" de Houéyiho, le DG colas a été séquestré par ses agents qui ont bloqué la circulation du fait du retard qu’accuse le paiement de leurs salaires restants (cf. nouvelle tribune N°1579 du 24/12/08).

La recherche exagérée de soutien du peuple au détriment de la classe politique peut apparaître comme un indicateur de l’impopularité lorsqu’on donne l’impression que les accords signés n’engagent que ceux qui y croient. Si tant est que l’application de ces accords violerait les intérêts du peuple, pourquoi a-t-on signé ? Nous devons accepter nos différences et cultiver la tolérance dans la mesure où l’animation de la vie politique relève de la compétence des partis politiques organisés suivant la charte des partis.

Le gouvernement doit faire attention "au peuple" chaque fois qu’il est en difficulté avec la classe politique. Le même peuple qui vous ovationne tout le temps comme sous Kérékou a été le même qui lui avait jeté la pierre devant l’église St Michel dès qu’il a aperçu lui-même le danger en 1989.

Revenant au peuple, disons qu’il désigne tantôt la totalité indistincte et jamais présente nulle part, tantôt le plus grand nombre opposé au nombre restreint des individus plus fortunés ou plus cultivés.» En science politique il est aisé de comparer le peuple à un troupeau de bœuf qui se déplace sans cesse à l’aide du berger pour le pâturage. Une fois rentré au logis, ils sont préoccupés par leur sommeil en attendant de repartir à nouveau. En cas d’incendie de la maison, tout peut brûler, même la fumée et les bruits des sapeurs pompiers ne les ébranlent guère. Ils n’aperçoivent le danger pour fuir les lieux que si leur corps est menacé. Dans ces conditions, le peuple ne connaît même pas ses droits et devoirs.

Il faut le mobiliser et l’intéresser avant qu’il n’aille accomplir un devoir citoyen. Il ne paie ses impôts que par contrainte. La taxe civique a été supprimée pour lui permettre de se rendre dans les endroits publics. Or nous avons un budget essentiellement fiscal. Que pouvez-vous attendre de celui là des débats qui engagent sa survie et l’intérêt de la nation.
Il faut lui préférer un citoyen qui connaît à priori ses droits et devoirs, mais pas non plus un drôle de citoyen (un individu bizarre et déconcertant). Il est nécessaire en Afrique de procéder à une relecture de l’évolution du droit de vote de 1945 à nos jours. Car, il faut cesser d’accéder à la dignité par les indignités. Le suffrage universel doit concerner les gens dignes de l’exercer à force d’élargir ce droit, sans devoir, nous aurons toujours les élections les plus chères.

La formule de l’oiseau rare recherché à chaque élection présidentielle participe à un jeu flou qui donne naissance à une nouvelle formation politique (parti né au pouvoir) comme c’est le cas avec la RB, l’UBF et les FCBE. Les partis politiques doivent être consolidés et encouragés pour lutter contre la promotion des gens parfois sortis de nulle part et qui deviennent des obstacles à la démocratie. Dans un système organisé le Chef est connu d’avance par son militantisme et sa carrure d’homme d’Etat.

En France, les divergences de point de vue politique gauche-droite n’ont jamais émoussé l’ardeur de la gauche et la droite à se mettre ensemble chaque fois que c’est nécessaire pour combattre l’extrême droite de Jean-Marie Lepen. La méthode Bush Père tant décriée n’a pas empêché Bush Junior de reprendre les reines du pouvoir aux Etats-Unis du côté des Républicains.

Mieux, malgré les prouesses économiques de Bill Clinton les démocrates n’avaient pas conservé le pouvoir en 2000. Ne nous faisons pas non plus d’illusions aujourd’hui, le Président BARAK OBAMA fera au plus deux mandats et nous reverrons à la Maison Blanche les républicains qui ont aggravé les déséquilibres sociaux ayant entraîné la première crise financière mondiale après celle de 1939.
La crise mondiale de l’automobile entraînant la politique à la casse des véhicules prônée en France aura sans nulle doute des répercussions sur les revenus provenant de l’escorte des véhicules d’occasion. Le gouvernement dans son style de gestion d’une prospérité trop tôt partagée, connaîtra des difficultés lorsqu’il lui reviendra à en tarir la source après le déclin de ce secteur.

Les Béninois au lieu de réveiller les querelles politiques feraient mieux de travailler de manière à créer un climat de paix et de concorde susceptible de donner confiance au perdant d’aujourd’hui d’être le gagnant de demain et vice versa comme c’est le cas dans la sous région au Ghana. Ce n’est qu’à ce prix, nous bâtirons une nation dynamique et prospère.

Claude C. DJANKAKI
Ancien secrétaire Général Adjoint de l’Assemblée Nationale

 


19/01/2009
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Le miel

du changement

Le ‘’miel’’ du Changement attire des hommes politiques de tout acabit qui, tels des mouches, bourdonnent autour du pot pour se poser et se revigorer à l’envi de son succulent contenu. Le fumet du visqueux liquide, on le sait, a comme caractéristique de drainer vers sa douce saveur les imprudentes bestioles, insouciantes des risques qu’elles courent de s’en retrouver prisonnières, à cause de leur gourmandise. C’est un comportement tout à fait humain, et nul ne devrait faire de procès à quiconque pour ses choix et ses convictions politiques dans une démocratie qui se veut crédible. C’est la ruée vers le Changement, qui s’observe pratiquement sans état d’âme, et dont les objectifs sont désormais aussi clairs que du cristal : se positionner et rivaliser d’éloges à l’endroit du Patron afin de récolter au plus vite les dividendes d’un engagement ostensible et ostentatoire, mais mi-figue, mi-raisin. Le miel est irrésistible en effet, à l’instar du pouvoir politique qui transforme facilement en loup l’agneau mais le fait reconnaître aisément comme tel, en dépit de toutes les contorsions qu’il peut imaginer dans l’intention, à l’avance vouée à l’échec, de brouiller les cartes. Pas besoin par conséquent de loupe, pour lire dans les actes que posent les uns et les autres les motivations réelles de toutes ces simagrées qui tendent à démontrer la sincérité des différentes formes de soutien dont on nous agace au quotidien. La mouche n’a d’autres visées que celle de tirer du miel le plaisir qu’il lui procure, sans la moindre idée du préjudice qu’elle cause au propriétaire du pot. Seul le propriétaire est conscient que la mouche n’est pas le meilleur ami dans un tel partage, l’insecte étant mû simplement par son désir de se régaler, prêt à s’envoler à tire-d’aile. L’homme politique qui passe de manière spectaculaire d’un camp à l’autre est aussi frivole que la mouche. Car, hier aux côtés de Paul, avec un discours hostile à Pierre qu’il caresse aujourd’hui en léchant sans vergogne ses bottes, il inspire peu confiance et pourrait ainsi s’illustrer, un jour ou l’autre, dans des volte-face encore plus remarquables. Un homme averti en vaut deux, dit l’adage.


 Sébastien DOSSA

15/01/2009
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La cour constitutionnelle

Faut-il en parler ?
mercredi 14 janvier 2009

Arimi CHOUBADE
Le rejet de la désignation des députés devant siéger à la Haute cour de justice. Grand sujet d'actualité mais sans intérêt. D'abord pour la représentation nationale dont les limiers ne savent toujours pas comment mettre en conformité cette décision. Nulle part dans le règlement intérieur du parlement ou dans la constitution personne n'a idée de ce qu'on appelle minorité ou majorité. Surtout qu'avant ce nouvel exploit de la Cour constitutionnelle le G13 s'est toujours réclamé de la majorité présidentielle de même que le G4 dans une moindre mesure. Or des membres du G13 et du G4 figurent bien parmi les députés désignés par la représentation nationale pour siéger à la Haute cour de justice. Tous frappés d'indignité parce que pas suffisamment fidèle à la ligne du Changement.

Sans intérêt également pour des étudiants en droit puisque les auteurs de la décision ont carrément inventé une nouvelle règle : le reniement jurisprudentiel que l'on veut faire passer pour un revirement jurisprudentiel. Des censeurs de la morale selon le Changement. Aucun professeur ne susciterait la passion dans un amphithéâtre par de telles abracadabrances. Surtout lorsqu'on prend le parcours de cette Cour de Robert Dossou qui débute en fanfare par une leçon de patriotisme fondé sur l'article 35 de la constitution : « Les citoyens chargés d'une fonction publique ou élus à une fonction politique ont le devoir de l'accomplir avec conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l'intérêt du bien commun ». À un principe de droit clairement spécifié dans le règlement intérieur du parlement à savoir la possibilité d'un ajournement sine die d'une question appelée en plénière, le juge émergent oppose la conscience et la loyauté. Une absurdité de ce genre ne se commente pas. Comment ne pas être frappé par la sélectivité du principe de proportionnalité institutionnelle défendu par Robert Dossou et certains de ses compagnons ? Puisque la querelle actuelle porte sur 6 membres seulement de la Haute cour de justice qui en compte 13. Les origines partisanes des 6 membres de la Cour constitutionnelle (excepté son président), tous Fcbe, plus le président de la Cour suprême nommé par le gouvernement ne rentrent pas en ligne de compte dans l'analyse des juges de la morale émergente.

Ce qui par contre peut susciter de l'intérêt c'est comment sortir de ce cercle vicieux. Mon confrère l'inénarrable Sulpice Oscar Gbaguidi réfléchissait à haute voix le mardi 12 janvier 2009 sur le plateau de Canal 3 sur les conséquences d'une perte de crédibilité d'une institution aussi centrale que la Cour constitutionnelle. Il a manqué de poursuivre que c'est parce qu'une partie de la Côte d'Ivoire ne se retrouvait plus dans les institutions républicaine que les forces nouvelles sont nées. Tlf parlerait de cette hypocrisie opportuniste faisant croire que « Dieu aimerait le Bénin au superlatif » et qui permet à tout le monde de s'enfermer dans un fatalisme de mauvais aloi. Tous les Béninois savent que rien ne se passera avant les législatives et présidentielles cumulées de 2011. Les émergents surfent visiblement sur un républicanisme de circonstance dont le socle demeure la foi en la justice et le droit. Tout comme en Côte d'Ivoire, les Ouatarra, Sorro et Gbagbo professait cette croyance en la justice de leur pays jusqu'à ce qu'un certain général balayeur manipule les résultats des urnes. La suite se passe de conjectures.

Le avant 2011 en passe de devenir un long fleuve de manipulations et de ruses comme en raffolent les émergents. Forts de leurs contingents de « patriotes » (comme en Côte d'Ivoire), de maires imposés par des putschs à Calavi, à Covè, à Avrankou, à Glazoué, à Karimama et ailleurs, de contrebandiers reconvertis en candidats Fcbe, de repris de justice devenus ministres ; on ne voit pas ce qui les empêcherait de tenter un passage en force. A moins de recourir à un organisme international indépendant crédible comme l'Onu pour nous sortir nos futurs princes de l'isoloir.

Vers où le Changement mène-t-il le Bénin ? Le savez-vous, cher Robert Dossou, frère du célèbre Jacques ?


15/01/2009
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L'art de diriger

www.grandjournal.info

Titus FOLLY

Le président Boni Yayi a accru le rythme des audiences du genre amphithéâtre l’année dernière. Epiphénomènes il y a un an de cela, ces audiences se sont multipliées l’année dernière et seront certainement à profusion cette année qui commence.

Si on en est arrivé là, c’est parce que le président Yayi en tant que virtuose du nouvel art de diriger sait surfer sur les motivations du vécu quotidien très harassant de son peuple puis sait le tenir par ses instincts les plus primaires. Ayant visiblement des difficultés à honorer les promesses qu’il a faites aux Béninois à sa prise de pouvoir, à la place du concret, Boni Yayi préfère des audiences au Palais de la Marina pour chambrer les populations qu’il a flouées.

Cette façon de faire du chef de l’Etat exerce une véritable fascination sur ses concitoyens invités. Il ne peut en être d’ailleurs autrement et ce pour deux raisons. D’abord il y a la personnalité du chef de l’Etat qui a ce don de savoir renouveler ce qu’il ne peut pas faire. Ainsi après avoir manqué d’honorer ses engagements en trois ans de pouvoir, il se défend en culpabilisant ses adversaires de l’empêcher de travailler puis étend le domaine de nouveaux engagements plus alléchants que ceux qui ne sont pas respectés.

Ensuite, il y a la perspective misérable d’utilité publique sur laquelle le chef de l’Etat joue. Sur la base des révélations faites par certains Béninois qui ont eu la chance d’assister à ces audiences, ces dernières seraient arrosées de sonnantes et trébuchantes. Même si on refuse de se demander à partir de quel chapitre budgétaire tire t-on les fortes sommes qu’on distribue aux populations et aux invités du chef de l’Etat, on comprend dès lors la réussite de ces opérations de charme.

Mais ce qui est sûr, c’est que le plus difficile reste à venir lors de la prochaine présidentielle car ces audiences ne sont pas de nature à lui faire parvenir à sa tour de grandeur. Les populations qui n’ont eu ni hôpital, ni centre de santé et autres infrastructures communautaires pour le moment font le jeu en attendant de le mordre comme le scorpion l’a si bien fait à Hannibal qui lui avait promis deux autres dards en plus de celui que la nature lui a donné.


13/01/2009
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Droit de réponse de Olympe Bhêlly-Quenum



A Mr VIANNEY ASSANI



« Mes frères, restez fidèles à la terre, avec toute la puissance de votre vertu ! Que votre amour qui donne et votre connaissance servent le sens de la terre, je vous en prie et vous en conjure…
« Que votre esprit et votre vertu servent le sens de la terre, mes frères, et la valeur de toutes choses se renouvellera par vous ! C’est pourquoi vous devez être des créateurs. »
Nietzsche. (Ainsi parlait Zarathoustra.)

Monsieur,
Un éclat de rire était mon premier réflexe à la découverte de votre appréciation de ma lettre ouverte au président de la République du Bénin, diffusée par le Blog de notre compatriote Benoît Illasa ; relue en la retrouvant dans la boîte à lettres de mon site www.obhelyquenum.com, comparée avec la lettre ouverte, j’ai pu imaginer votre personnage, déceler votre caractère et en conclure : « voici un sicaire, il n’hésiterait pas à m’assassiner si j’étais au Bénin. » Monsieur Assani, je n’ai qu’une parole : je ne répondrai à aucune de vos réactions , quelle qu’en soit la teneur. Belliqueux ? Non , mais rebelle : je suis un rebelle qui s’insurge contre toute autorité, fût-elle légitime, qui berne et opprime le peuple.
Pour vous, le président Boni Yayi est le Messie encensé par les thuriféraires, clientèle d’adogocratie qui ferme les yeux sur la misère du peuple, met sous le boisseau les constats de la Lettre diocésaine n°126 de Monseigneur Pascal N’Koué, Évêque de Natitingou, parue dans La Croix du Bénin. Seriez-vous Évangéliste ? Pour moi, catholique depuis ma naissance, Franc-Maçon depuis 54 ans, l’unique Messie de la chrétienté fit déguerpir les marchands du Temple ; quid du vôtre ? Incapable de se décadenasser de la coterie qui le régente et paralyse le Pouvoir politique, il contribue à générer la misère.
Vous vous en prenez à Internet : « formidable outil de communication […], un véritable foutoir où peuvent circuler des monstruosités de toutes sortes. Aussi s’avère t-il souvent inutile de donner la réplique à certaines sornettes ou autres calembredaines que l’on vient à lire à temps et à contretemps sur la toile. »
Je déclare : Les dieux d’Afrique ainsi que les vodúns du pays en soient ovationnés ! Internet n’étant pas à la solde de votre Messie , il permet la diffusion des constats, dussent-ils relever de la « fiction politico-sociologique émanant de la plume (non authentifiée, mais vraisemblable. » ; le procès verbal d’Aminou Balogoun que voici, vers lequel je reviendrai, seraient aussi une « fiction politico-sociologique » : «…non-respect ou mépris de la loi, conflits byzantins au sommet de l’État, corruption, blocage du dialogue politique et social, grèves permanentes, déception de l’espérance collective, trahison de la parole donnée, trahison du serment présidentiel, insolence du train de vie des gouvernants, et misère pour la multitude, sur fond de crise du coût de la vie. »
Vous avez écrit : « Pris en flagrant délit de démesure, aussi égocentrique qu’anti-yayiste sa prose en est devenue somme toute ridicule. »
Je jubile : Alléluia ! La préoccupante platitude de votre prose a fait tomber le masque de votre visage : vous avez soigneusement camouflé les incontestables réprobations de l’ « égocentrique anti-yayiste »; le « flagrant délit de démesure » existait-il quand son auteur en appelait au peuple béninois à voter massivement pour le candidat Boni Yayi? Qui et où étiez-vous lorsque « le tout nouvel octogénaire […], Olympe Bhêly Quenum, parti du Dahomey il y a soixante ans, et dont on n’a pas assez souvent vu les traces des espadrilles au pays natal. » ? Cet apatride-là se battait aussi afin que fût élu le candidat prometteur de changement qu’il ne connaît pas, parce que le changement était le désir primordial des peuples du Bénin.
L’ex-président Nicéphore-Dieudonné Soglo, le Général François Kouyami, Maître Adrien Houngbédji, Maître Lionel Agbo pourraient témoigner de mon intervention ainsi que de la fermeté de ma position à leurs côtés, à un moment de la vie politique de notre pays auquel je ne dois rien, sauf le fait d’y être né, mais que j’aime d’un amour sans partage.
Avant 1948 me connaissaient les Dahoméens dont Désiré et Rosine Vieyra ,Albert Ékué- je dirais même les familles Vieyra, Nikué, Ahouanmènou, Biokou, Kpakpo, Zinsou, Kidjo- ; plus tard, les compatriotes tels que Robert Dossou, Vincent Ghézodjè, Adrien Ahanhanzon-Glèlè, Franck Lahami, Roger Gbègnonvi, etc. ont découvert autant l’écrivain que le politique Olympe Bhêly-Quenum. Je réitère la question essentielle: qui êtes-vous ? Que représentez-vous dans notre pays ? Qui et quel étiez-vous quand un quarteron de vassaux de l’ancien régime voulait conférer le nom du président Mathieu Kérékou à l’Université d’Abomey-Calavi ? ORTB -je crois- m’ayant téléphoné, l’enregistrement de ma déclaration déjà parue dans la presse fut diffusée dans des langues de notre pays. Et pleuvront des appels ! Plus de trois cents emails ; devais-je les publier ? Qui et quel étiez-vous alors ? Je vous imagine en train de faire les couloirs, de vous arranger pour être remarqué afin d’obtenir quelques récompenses du pouvoir en place que peut-être vous ne souteniez pas. Qui êtes-vous aujourd’hui ? Le parangon du misonéisme ou un nervis du non-changement ? Dans quelle main mangez-vous ? En vertu de quel ciron du changement qui berne le peuple au lieu d’alléger ses souffrances avez-vous répondu à ma lettre ouverte au président de la République du Bénin ?
Serait-ce parce que ne serait que mensonge la pauvreté dégénérée en misère qui contraint nombre de nos compatriotes à écrire -oui, écrire, voire téléphoner- à des parents de la diaspora - je cite un exemple - en demandant de « l’aide parce que ça ne va pas du tout ici, le maïs coûte 600 francs (cfa) et on n’a pas les moyens d’acheter ça, il faut me pardonner de me montrer nu comme nous le sommes de plus en plus… » ?
Vous avez écrit : « Avec une kyrielle de « m’a-t-on dit », « m’a-t-on écrit », et autre « analyse de la masse de documents (qu’il a) lue »
Je vous pose une question incontournable : Aurais-je dû révéler les identités des auteurs de cette kyrielle de correspondants, afin que la répression et l’oppression qui ont cours dans le Changement pussent exercer leur devoir de vengeance ? Incroyable ! Monsieur Vianney Assani, seriez-vous un monstre au service du non-Changement ?
Vous m’avez traité de « tout nouvel octogénaire ». Moi? Que non ! Vous manquez de lectures ! Vous ne liriez donc que la prose du Changement qui ne change rien ? Il y a des lustres que je me suis gaussé du « Jugement supplétif » en écrivant : « je naquis le 20 septembre 1926, non pas à Cotonou, mais à Ouidah … » ; le savent nombre d’élèves dont certains me reprochaient de me « vieillir car quand on vous voyait, on ne vous donnait pas l’âge que vous prétendez avoir … » C’était gentil.
Vous avez cité cette phrase de ma « prose devenue somme toute ridicule » : « …en peu de temps, le Bénin, naguère pauvre, a été acculé à la misère par le régime actuel. « Et vous voilà, par vos méthodes, en train de piétiner la Démocratie dont le Bénin passait pour un exemple rare en Afrique »
Ma réponse, la voici : Je ne soustrais pas un mot du texte qui vous a donné comme de la fièvre hectique ; j’ai écrit dans ma lettre à l’Evêque de Natitingou : « La prière ne suffira pas à guérir notre pays de la « gangrène politique » : en avril dernier, quand notre très regretté mon aîné et vieil Ami le Cardinal GANTIN m’a téléphoné parce qu’il avait été informé de mes problèmes de santé, je m’étais enquis des nouvelles du pays natal; voici en fongbé sa réponse, très rapide : « To o do gbi gbà wè » ; il y eut un petit silence et il ajouta d’une voix très fatiguée : « To o gbà … Olympe, je te connais, je sais que tu ne baisseras jamais les bras. »
Monsieur Vianney Assani, à votre avis hautement autorisé, Amnesty international, Reporters sans frontières, voire le très regretté Cardinal Bernardin GANTIN en auraient-ils tous menti ? Vous ne lisez pas les chroniques de Jérôme Carlos, ni les articles du remarquable historien Félix Iroko, ni les très courageuses et pertinentes analyses de mon neveu Abbé André S. Quenum, ni celles de tant d’autres ecclésiastiques ou laïcs ? J’allais oublier avoir lu que La Croix du Bénin n’était que « le repaire des opposants et autres anti-yayistes » Béninois de l’intérieur ou extra muros, vous êtes estampillés opposants si vous n’éternuez pas quand le Messie est pris de sternutations ! Mais voici sur le terrain -comme j’aimais à le faire- mon confrère Florent Couao-Zotti que vous, Monsieur Vianney Assani, n’hésiterez pas à traiter de fieffé menteur, d’aveugle, d’apatride bien qu’on voie « les traces » de ses « espadrilles au pays natal. » :

« BONI YAYI ET 2011
« De temps en temps, en citoyen immergé dans le train train de la vie quotidienne, je donne l’oreille à la rue, discute à tout va avec les petites gens, voir si entre les « réalités officielles » qu’on nous donne à souper et ce que ma vision des choses me fait apprécier, il y a des épisodes essentiels de la vie publique qui m’échappent.
« Zémidjan, sages du quartier, vulcanisateurs, vendeuses d’oranges au décolleté tombant, mangeurs de « gabriel » dans les gargotes, tous, un jour ou l’autre ont subi ma provocation, juste parce que j’ai voulu entendre la version qu’ils ont de la gestion du pouvoir Yayi. Cela, loin des discussions d’officine ou des débats enfiévrés des salonnards. Certes, ce n’est pas un sondage, ni une enquête d’opinion, mais un instantané d’appréciations, des échanges au brûlot sur la façon dont le pays est conduit, avis qui risquent de perdurer et motiver leurs choix pendant les échéances électorales de 2011.
« Ce qui est remarquable dans leurs propos et presque unanime, c’est le rejet qu’ils font de la gestion du pouvoir du Changement. Les réalisations du gouvernement en matière d’infrastructures, routes, écoles, centres de santé ne semblent pas trouver grâce à leurs yeux. Au surplus, les accueillent-ils avec sourire et ironie, comme s’ils en avaient déjà vu d’autres. « On ne mange pas ça, fulminent-ils à l’endroit du locataire actuel de la Marina, Soglo a fait plus, mais nous l’avons chassé… »
« […]On se rappelle la brutalité avec laquelle le pouvoir avait fait installer des directeurs à la tête des institutions et de certaines sociétés. ORTB, douane, PADME…les chantiers de la contestation ont été ouverts ici et là et ont laissé dans l’opinion l’image d’un président extrêmement autoritaire, peu soucieux d’arrondir les angles.
« Dictateur va ! ” avaient hurlé les opposants. Les ” parlementaires debout “, ce regroupement de chômeurs et autres zémidjan qui se retrouvent au champ de foire, à l’angle de la rue menant à la morgue du CNHU, ont conclu : ” nous n’avons ni or, ni diamant, notre seule richesse, c’est la démocratie. Pourquoi Yayi veut tuer ça ? “
« Le petit peuple perçoit le premier personnage de l’Etat non plus à travers ses réalisations, mais à travers les multiples marches de soutien orchestrées parfois depuis la présidence et les officines des partis de la majorité. Pendant un an, les chaînes de télévisions, les radios, sur toute l’étendue du territoire, ont vibré à l’unisson pour dire et redire qu’un Jésus nous était venu et qu’il fallait l’aduler comme tel. Mais les populations, pour analphabètes qu’elles soient, sont au fait du montage : puisque c’est encore elles qui sont sollicitées pour aller battre pavé, marcher jusqu’à l’usure du bitume. Rémunérés de l’heure ou au comptant, les marcheurs laissent parfois éclater leurs colère lorsque des commanditaires de ces manifestations deviennent de mauvais payeurs. Avis d’un marcheur patenté : ” moi je prends 1000 francs pour marcher. J’ai fait plus de douze marches, ça sert à combler des trous, mais ça ne comble pas ma conviction “. On a envie de dire ” escroc ! ” Mais qui l’est en premier ?
« Mais cette propagande calamiteuse, qui ne se refuse rien, sauf des images à la Kim Il Sung, est soigneusement conçue par la cellule de communication. Un entourage qui, selon beaucoup de personnes, constitue l’un des vrais handicaps du pouvoir Yayi. Et c’est l’une des dernières raisons de l’argumentaire du petit peuple. Comme par le passé, les gens ne font aucune confiance aux collaborateurs immédiats du chef de l’Etat pris en otage par des faucons, des va-t-en guerre qui le poussent sur la pente glissante.
« On a dit de Kérékou qu’une maffia aussi nuisible que la Causa Nostra, l’avait entourée jusqu’à l’étouffement. De Yayi, la même impression sévit qui fait dire au citoyen lambda que les hommes de l’ombre constituent les premiers écrans qui limitent la vue du président. Qui saucissonnent son appréciation des problèmes du pays. Les mêmes choses produisant les mêmes effets, on devine vers quel iceberg se dirige le navire »
Sans commentaires, revoici l’article d’Aminou Balogoun, du 10 juillet 2008. titré :
Jusqu’où ira Yayi Boni ? Veut-il un Coup d’État ? Questions sans tabou
« Quand on regarde rétrospectivement les conditions dans lesquelles les coups d’état intervenaient jadis au Dahomey ou en Afrique, on ne peut pas ne pas se demander si Yayi Boni n’est pas en train de pousser le pays vers la logique du coup de force. Cette logique a des éléments déterminants bien compris [….]Fussions-nous dans les années 70, les conditions dans lesquelles nous nous trouvons au Bénin actuellement et qui sont la conséquence directe de la gouvernance calamiteuse de Yayi Boni auraient constitué les conditions suffisantes d’un coup d’État. »

Non, il n’y aura pas de coup d’État, il ne faut pas qu’il y en ait : ce serait trop facile, une aubaine pour le président Boni Yayi qui fuirait au Togo ,ou se refugierait à l’ambassade de France ,solliciterait -conformément aux Accords de Coopération en matière de Défense - l’intervention de l’ex-puissance coloniale; il y a trente ans que je suggère l’abrogation ou la réécriture de certains Accords devenus obsolètes ; mon camarade Paul Quilès, ancien ministre socialiste, a lui aussi abordé ce problème : nombre de ces Accords sont nuisibles aux relations entre l’Afrique francophone et la France. D’autre part, s’il y avait un coup d’État au Bénin, la situation serait pis qu’ en Côte d’Ivoire ; ce serait ne pas connaître du tout le Dahomey devenu le Bénin, que de sous-estimer cet aspect du problème.

Voyons, tout compte fait, cher Monsieur Vianney Assani- oui, j’ai bien écrit cher Monsieur- je ne vous en veux pas : votre audace m’a permis d’aller plus loin que je n’avais songé à le faire dans ma lettre ouverte. J’adore mon pays et j’ai abattu un peu des cartes de l’homme qui, quoi qu’il puisse lui en coûter, jamais ne baissera les bras.

Sans la moindre rancune dans mes tréfonds, je forme, pour l’An 2009, mes vœux de santé solide, de joie et de Bonheur pour vous et votre famille.

Cordialement,

Olympe BHÊLY-QUENUM


13/01/2009
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Réponse à la lettre ouverte de L'écrivain OLYMPE BELLY QUENUM

Olympe belliqueux (Np)



Internet est un formidable outil de communication, mais aussi un véritable foutoir où peuvent circuler des monstruosités de toutes sortes. Aussi s’avère t-il souvent inutile de donner la réplique à certaines sornettes ou autres calembredaines que l’on vient à lire à temps et à contretemps sur la toile. Ceci d’autant plus que dans nos sociétés en retard de développement, l’essentiel se passe ailleurs : au sein du peuple d’en bas.

Ainsi, les Béninois de Kpomassè ou de Tchoumi-Tchoumi ne prendront jamais connaissance de la fiction politico-sociologique qui fait actuellement le tour des blogs des Béninois d’ici ou d’ailleurs et émanant de la plume (non authentifiée, mais vraisemblable) d’un auteur considéré comme un monument de notre patrimoine littéraire. Pris en flagrant délit de démesure, aussi égocentrique qu’anti-yayiste sa prose en est devenue somme toute ridicule.

Et pour cause. Avec une kyrielle de « m’a-t-on dit », « m’a-t-on écrit », et autre « analyse de la masse de documents (qu’il a) lue », le tout nouvel octogénaire, j’ai nommé, sauf son respect, Olympe Bhêly Quenum, parti du Dahomey il y a soixante ans, et dont on n’a pas assez souvent vu les traces des espadrilles au pays natal, assène dans une certaine lettre ouverte qu’en peu de temps, le Bénin, naguère pauvre, a été acculé à la misère par le régime actuel. « Et vous voilà, par vos méthodes, en train de piétiner la Démocratie dont le Bénin passait pour un exemple rare en Afrique » poursuit le célèbre écrivain Daho-béninois.

Etant un vif défenseur d’une prise de parole plus régulière mais non moins pertinente et d’une contribution plus soutenue des Béninois de la diaspora (dont il est une émanation récente) dans l’avenir du Bénin, l’humble auteur de ces lignes est désolé de rappeler au « doyen » que, comme disait si justement l’autre, « qui n’a pas fait l’enquête (soi-même sur le terrain) n’a pas droit à la parole ».

Joyeux noël à tous.

Par : Vianney ASSANI


13/01/2009
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LETTRE OUVERTE DE OLYMPE BELLY QUENUM

À MONSIEUR THOMAS BONI YAYI, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU BÉNIN.



« To o do gbi gbà wè » ; il y eut un petit silence et il ajouta d’une voix très fatiguée : « To o gbà … Olympe, je te connais, je sais que tu ne baisseras jamais les bras. »

 

Cardinal Bernardin GANTIN.

 

Monsieur le président de la République,

 

Le 30 Décembre 2006, je vous ai adressé une lettre avec accusé de réception, non pas pour solliciter une reconnaissance pour en avoir appelé au peuple béninois à voter massivement pour le candidat Boni Yayi, mais pour demander à cet homme démocratiquement élu président de la République, la réparation de l’injustice dont un de mes livres avait été victime de l’arbitraire d’un ex-ministre. L’usage que vous avez fait de cette lettre dénotait votre mépris pour l’homme que je suis ; la réponse reçue plus tard de la part de Monsieur Edouard A.OUIN-OURO. était une fin de non recevoir ; l’intervention que je n’avais jamais sollicitée du ministre d’État Issifou KOGUI N’DOURO est restée sans suite ; j’en ai pris acte en tirant un trait : face à tout mépris, l’indifférence dans mes tréfonds est un roc inébranlable ; c’est dire que, ne vous connaissant pas, ne vous ayant jamais vu en chair et en os, jusqu’à la fin de mes jours, il n’y aura pas la moindre occasion de rencontre entre vous et moi ; mais croyez-moi car je n’ai qu’une parole : homme sans haine, ni rancune, je ne vous en veux pas : c’est cela mon indifférence.

 

Dans La Croix du Bénin du 15 août 2008 figuraient les propos du très regretté Cardinal en exergue de cette lettre ouverte ; en des termes que voici (j’apportais alors mon soutien à Monseigneur Pascal N’KOUÉ, Évêque de Natitingou ) : «  La prière ne suffira pas à guérir notre pays de la « gangrène politique »  L’évêque dans son homélie soulignait d’autre part un problème qui me tient à cœur : « …vous  savez ma détermination pour les écoles et d’abord pour l’école primaire. Il est indispensable de garder l’enfant dans son milieu de vie pour son enracinement culturel. Et que l’école l’aide à s’intégrer dans la société […]encourager les enfants à aimer leur village, à protéger la création et à participer au développement de leur terroir. « Même sur le billon tordu fait par un enfant, la tige de mil pousse droit », dit un proverbe africain. »

 

C’est le fondement même de Un Enfant d’Afrique , mon livre salué par le regretté René Maheu, qui fut Directeur général de l’Unesco ; Bulletin de l’Information de l’Organisation du système des Nations unies et WORLD LITERATURE TODAY (USA), ont rendu compte de ce livre vite traduit en russe quand la Russie était URSS, des chapitres en sont traduits en anglais, des pages, en kiswahili. En 2003, en Île de France, des extraits en ont été utilisés pour passer de 3ème en seconde ; au Bénin, mon pays natal, où « certains font les couloirs en sollicitant l’inscription de leurs livres au programme, afin qu’ils gagnent un peu d’argent », Un Enfant d’Afrique a été ostracisé et la politique du CHANGEMENT ne veut pas réparer une telle injustice. Ainsi, comme à Ouidah, le CHANGEMENT est devenu Aïzan assis au pied de Ganximè ou mieux, Tò-lègbàcampé à Lègbaxoli ,vers la route du Séminaire saint Gall.

C’est parce que je ne baisserai jamais les bras qu’après m’être sérieusement informé à toutes les sources, tant du terrain objectif national que de l’extérieur, je déclare: je suis en opposition contre vos méthodes de gouvernement ; sans être adhérent d’aucun parti politique de notre pays, mon camp est celui du Séminaire de Goho.

 

Malgré l’insignifiance du chapitre culturel du programme du candidat Boni Yayi que je croyais médecin parce qu’on l’appelle Docteur, le programme soulignait le CHANGEMENT que voulait le peuple. Le 28 août 2006, à l’université de Nairobi, Barack Obama, alors sénateur de l’Illinois, prononça un discours qui aurait pu vous inspirer après votre élection; Africain sans importance, homme sans complexes qui ne rampe devant personne, j’en ai souligné des passages :

« Le poids de l’histoire et les influences extérieures ne sont pas les seules explications du retard pris par le Kenya. Comme beaucoup  d’autres nations  sur ce continent, le Kenya n’a pas réussi à mettre en place un système de gouvernement à la fois transparent et responsable, au service de son peuple et libre de toute corruption. » « Parmi les Etats africains, le Kenya reste un modèle de démocratie représentative, un pays où de nombreuse communautés ethniques  ont su trouver une manière de vivre et de travailler ensemble dans la paix et la stabilité .Vous  bénéficiez d’une société civile  forte, vous avez une presse libre et honnête[…] Et pourtant, si je parle ici de la liberté que vous avez si chèrement gagnée, c’est parce qu’aujourd’hui cette liberté est en danger. Elle est menacée par la corruption. La corruption n’est pas un problème nouveau. Ce n’est pas non plus un problème spécifiquement kényan ou africain.[…] Mais si la corruption est partout un problème, ici, au Kenya, elle est  une véritable crise, une crise qui prive une population honnête de bénéficier des chances légitimes pour lesquelles elle s’est battue. […] ;  l’immense majorité de la population de ce pays veut désespérément que ça change. » Comme au Kenya, « les médias ont courageusement mis au jour et rapporté quelques-uns des abus les plus flagrants. De plus en plus nombreux, citoyens et responsables politiques admettent qu’il s’agit d’une question cruciale. » « Bien évidemment et pardessus tout, l’arme suprême de votre pays contre la corruption, c’est la capacité des gens, la vôtre, à se lever, à faire connaître les injustices dont vous êtes les témoins. Le peuple kényan est le rempart ultime contre  les abus. »

 

Machiavel avait écrit admirablement : « La coutume a été que les Princes, pour pouvoir tenir plus sûrement leurs États, bâtissaient forteresses et citadelles, qui servissent de bride et de mors à ceux qui penseraient leur résister, et pour avoir un refuge sûr contre un soudain soulèvement. »[…] «…la meilleure citadelle qui soit, c’est de n’être point haï du peuple : car encore que tu tiennes les forts, quand le peuple te porte haine, ils ne te sauveront pas, à raison qu’après que les sujets ont pris les armes, ils n’auront jamais faute d’étrangers à venir à leur aide. »

Il ressort de l’analyse de la masse de documents que j’ai lue qu’après avoir voté pour le candidat Boni Yayi, « le peuple déçu par les méthodes » du président Boni Yayi, « autoritaire », « autocrate », « se méfie et il y a une profonde désaffection » ; on souligne aussi : « il n’avait jamais exercé de mandat électif, sans expérience politique, coupé du peuple, accoutumé aux luxes et fastes de la tour d’ivoire qu’est la BCEAO, il ne connaissait pas le peuple et les problèmes du peuple béninois sont mieux sentis et mieux connus par certains écrivains et intellectuels présents dans le pays ».

 

On ne dirige pas un pays qu’on ne sent pas, dont on n’a cure des souffrances et des besoins vitaux. On m’a écrit récemment : « …je suis un natif de Tanguiéta, qui vit loin du pays natal mais j’y retourne tous les deux ans ; Doyen, lecteur de vos œuvres, certaines m’ont marqué qui sont toujours d’actualité et c’est parce que j’ai confiance en votre personnalité que j’avais voté et fait voter mes parents et des amis pour le candidat de votre choix, mais aujourd’hui je m’en mords les doigts, mes parents et mes amis aussi et je me demande si le Doyen Olympe Bhêly-Quenum n’avait pas été piégé en invitant le peuple béninois à voter pour un tel homme… »

 

Piégé ? Non : mon soutien était aussi ma riposte contre : a) l’inadmissible mensonge de Monsieur Jacques Chirac, président de la République française, qui prétendait que, tant au Bénin que loin de leur pays, les Béninois voulaient que le président Mathieu Kérékou continuât de gouverner ; b) la volonté déclarée de ce dernier de ne pas vous rendre les clefs du pouvoir si vous étiez élu. L’ingérence soutenait le déni de la démocratie.

 

« Parce que nous sommes les enfants de nos parents, nous avons la possibilité d’apprendre de leurs erreurs et de leurs échecs.. » déclarera Barack Obama à Nairobi. Malgré l’incroyable, désespérant et la nullité du paramètre culturel de votre programme ,le mot changement m’en avait semblé le socle et l’élément catalyseur. Ne vous connaissant pas, j’admets mon erreur d’avoir appelé à voter pour vous ; le thuriféraire qui ne fait rien sans en exiger la récompense vociférait :   yì ![1] Votre prédécesseur avait mis sur les rotules un petit pays généreux, fier, libre ; son échec aurait dû être pour vous un exemple à éviter absolument : pour changer un système, il faudrait, d’abord, en avoir étudié le mécanisme, engager ensuite une guerre sans pitié et sans concession contre son ancien fonctionnement. Etonné par l’analyse des remontrances à l’encontre de votre gouvernement, je me suis posé la question que voici : « est ce que l’homme fort démocratiquement élu président de la République du Bénin connaissait vraiment ce pays ? »

J’en doute encore parce qu’ en peu de temps de fonction de Premier magistrat, vous avez acculé à la misère le Bénin qui souffrait de la pauvreté alors que le changement laissait entendre que vous le conduiriez vers un avenir meilleur. Qui aurait pu penser que c’était la ruse d’un cynique ? La supercherie vous a fait échouer ; le masque tombé, c’est l’apocalypse : la signification en français de ce terme grec est révélation ; exploit rarissime, singulier en si peu de temps de gouvernance, en Afrique depuis les indépendances, j’ai nommé catastrophe ce que la chute du masque a révélé. Notre beau pays ne mérite pas un tel traitement.

 

Savez-vous, à cause du mot catalyseur changement, combien de gens de mes familles -QUENUM, par mon père, AGBO par ma mère -, des milieux vodún à Gléxwé, de Béninois Francs-Maçons ont voté pour l’inconnu que vous étiez ? Je le répète : vous avez aggravé la situation créée par votre prédécesseur : de la pauvreté vous avez plongé le pays dans la misère et l’on ne cesse de me demander  «  Olympe », « Doyen… », « Monsieur Bhêly-Quenum, combien avez-vous été payé pour en appeler au peuple à voter massivement pour cet homme ? » , « Mon Frère, on sait que tu n’es pas du tissu de celui-là qui, même au pied de la tombe, hurlera pour être récompensé, tout de même, toi, en avoir  appelé à voter pour Boni Yayi !... »

 

Un chef d’Etat sans racine dans un parti politique solidement structuré n’est rien, sinon un jouet au cœur d’une coalition dont les fissures mettent au jour la divergence des intérêts inavouables ; ainsi m’apparaît autour de vous le rassemblement qui s’étiole, et s’effrite du pouvoir politique dont vous ne maîtrisez pas les ressorts. Une sorte de clan qualifié d’ « évangélistes arrogants, suffisants et vaniteux. » constitue votre point d’appui. Je m’insurge contre ce fait et en appelle au peuple à vous le faire sentir. Vous avez le droit à la croyance religieuse de votre choix, à l’option philosophique convenable à votre ligne de vie, mais ni couvent vodún, ni église catholique, ni synagogue, ni mosquée, ni temple protestant ne doit régenter le chef d’un Etat laïc ; ce n’est pas le cas en ce qui vous concerne ; l’analyse de l’indécence de vos générosités pécuniaires publiquement prodiguées aux représentants des cultes dont vous ne sous-estimez pas les influences dans notre pays dénote votre faiblesse politique et votre incapacité d’opérer le changement promis.

Et vous voilà, par vos méthodes, en train de piétiner la Démocratie dont le Bénin passait pour un exemple rare en Afrique. Fait d’évidence, j’étais informé du recul de la démocratie bien avant la publication du rapport de Reporters sans frontièrescontesté par la politique du ventre ; Amnesty international aussi a tenu notre pays sur la sellette ; des proches des deux Gléxwévi zigouillés par des assassins de votre Garde présidentielle m’ont écrit :

« …vous ne dites rien de ce crime ? Fofo, on ne va pas compter sur les gens qui courent derrière Yayi et sa femme et mangent dans leurs mains … ». « Non ! les cadeaux et les cérémonies aux vodous ne vont pas ramener les deux hommes tués pour rien car ils n’avaient rien fait à ce gnanvi qu’on appelle président de la République… ». « Cher Fofo Olympe, vous êtes d’ici et vous êtes Houénouvi, il faut réagir ! »

 

J’ai fait connaître mon indignation à un intellectuel que je croyais un ami sûr. Réponse : « …la justice fera son devoir » Rien n’a été fait. Vous êtes comptable de ce rien dont le peuple se souviendra au moment opportun. J’ai attiré l’attention sur un autre fait préoccupant. Réponse : « Je ferai ma petite enquête et t’en informerai. »

Voilà le visage du CHANGEMENT. Le narcissisme caractéristique de votre personnalité ainsi que votre caution de la politique du ventre ont généré des créneaux ; s’y sont engouffrés les thuriféraires de tout acabit, espèces sans conviction, nuisibles, qui, n’ayant pas même le courage des « bouffons du roi », montrent les talons dès qu’ils subodorent l’approche de la débâcle. Demain, ils seront les tout premiers à vous trouver les défauts dont personne ne vous aurait soupçonné.

«Economiquement le pays ne se porte pas trop mal », m’a-t-on dit, voire écrit ; pourquoi donc hurle-t-on : « manque d’argent », « cherté de la vie » «  misère »? Quand on ne s’attache pas à l’Histoire de son pays, ne l’étudie pas et ne la possède pas, on ne le connaît pas ; je comprends que vous vous en soyez déconnecté en optant pour la poudre aux yeux que sont le populisme des marches, la distribution des billets de banque, etc. qui, loin de participer des ressorts du changement, en sont des pierres tombales. Le statu quo ante s’est acagnardé et vous avez renforcé le misonéisme : en deux ans d’un règne cahoteux, vous avez réalisé l’exploit extraordinaire de faire du Bénin un Etat aux abois, à plat ventre, rampant comme un wansúgogó[2] ; le plus récent exemple en était votre innommable comportement lors de la visite du ministre Brice Hortefeux, décrit par une journaliste de l’hebdomadaire français Journal du dimanche

« Pire qu’une erreur, le président Thomas Boni Yayi est une faute grave pour notre pays » ; tel était mon sentiment après la lecture du reportage dans JDD. J’ai eu honte. On n’en finit pas de m’écrire : «  Doyen , on tient beaucoup à votre vie, faites très attention, ce pouvoir est capable de tout… » Eh bien, même de la mort je n’ai jamais eu peur ; et puis, j’ai réalisé plus que ce que je voulais faire en venant en France en 1948. Ma vie est derrière moi mais la lutte continue pour mon pays que j’aime passionnément et pour l’Afrique. Aux sicaires, je dis : vous perdrez votre temps et votre énergie ; à leur commanditaire, vous aurez dépensé votre argent pour peu de choses.

 

 

Olympe BHÊLY-QUENUM.


13/01/2009
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