"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Echiquier politique national :


L’ADD est-elle encore de la mouvance ?


Écrit par La Nation du 21/12/2007   

 

A moins qu’on nous démontre que minorité en démocratie ne veut pas dire opposition, il faut bien se poser la question de savoir depuis quand l’ADD a basculé dans l’opposition. Il n’y a pas longtemps encore, à l’occasion de la prise de service de Joseph Tamègnon à la SOGEMA, la RB est allée bomber le torse pour se féliciter de ce que le chef de l’Etat ait fait confiance à un des siens, preuve s’il en était, que le parti regorge de cadres intègres. C’était le parfait amour entre la RB et le pouvoir. Or, il est de notoriété publique que la position de Joseph Tamègnon vis-à-vis de la RB n’est pas aussi claire que les uns ont voulu le faire croire. Mais là n’est pas le débat aujourd’hui.
Ce qui est en cause, c’est qu’en l’espace de quelques semaines, ces partis traditionnels, qui faisaient littéralement du forcing pour être reconnus comme étant de la mouvance, en viennent à prendre leurs quartiers dans le périmètre de l’opposition. En effet, on sait qu’après moult tergiversations, le PRD a fini par se positionner en adversaire du régime en place, invitant même le président de la République à prendre les décrets d’application de la loi portant statut e l’opposition. Mais, des composantes de l’ADD, on ne savait pas si elles s’étaient résolues, en désespoir de cause peut-être, à faire valoir leurs compétences dans l’opposition. En effet, il y a quelques semaines encore, la chef de file de la RB à l’Assemblée nationale, Rosine Soglo, indiquait au sein de l’hémicycle, qu’elle n’était pas du même bord que Me Adrien Houngbédji. Mieux, son parti et les autres de l’ADD, avaient publiquement déclaré leur soutien aux actions du chef de l’Etat et de son gouvernement. Qu’est-ce qui a donc pu bien se passer entre-temps ?
Cela, on ne le saura sans doute pas maintenant. Seulement, lorsqu’on a vu, à l’occasion de la répartition des sièges au sein de la CENA et de ses démembrements, la RB et consorts, membres de l’ADD, réclamer des sièges en tant que minorité, on se demande depuis quand les données ont changé. Car, à la vérité, s’ils continuaient de se réclamer de la majorité parlementaire, ils n’avaient qu’à faire équipe avec les députés FCBE et alliés qui, sur ce coup, les ont ignorés royalement. En lieu et place de cela, ils se sont ouvertement réclamés de la minorité et donc de l’opposition, allant même jusqu’à tenir une conférence de presse conjointe avec le PRD dont la position est connue. Faut-il aussi signaler qu’avec ce parti, ils avaient ensemble vidé l’hémicycle lorsqu’ils ont constaté que les autres étaient résolus à se tailler la part du lion ? Cela est un événement dans le Bénin du Changement…
Comme conséquence de cette situation, il faut, dans l’absolu, en déduire que l’opposition au président Boni Yayi s’est renforcée, du moins de façon circonstancielle. Et même dans cette hypothèse, ce dernier doit craindre de ne plus savoir qui sont ses véritables alliés.
Mais, chose plus importante, si tous ceux-là se réclament subitement de l’opposition, sans qu’aucune raison objective et palpable ne justifie ce revirement, c’est qu’il y a sans doute un malaise profond, qui plane insidieusement sur le pays et qui appelle le chef de l’Etat à faire des réajustements, s’il veut sauver la situation.

Wilfried Léandre HOUNGBEDJI



24/12/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1346 autres membres