"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Journée fériée au Bénin pour remplir le stade de l'amitié :

Et maintenant ?

jeudi 27 décembre 2007

Arimi CHOUBADE

 

En une période de fin d’année, la deuxième du régime du changement, le Bénin est plongé dans une profonde torpeur. Le parlement littéralement prostré au sujet de la désignation de ses représentants au sein de la Cena. Moins de 50 jours avant le scrutin municipal, bien malin qui peut garantir que le rendez-vous sera tenu. La majorité entièrement sous camisole à l’aide de procurations, de tracasseries fiscales, de menaces et d’expédients divers se tient droit dans ses bottes, sans marge de manœuvre, sans aucune possibilité de s’émanciper de la tutelle de la marina.

Les foyers quant à eux comptent et recomptent les derniers deniers encore disponibles. Pour des denrées pratiquement hors de prix. Les esbroufes gouvernementales destinées à donner au panier de la ménagère des proportions raisonnables n’ont été qu’une grotesque manipulation. Sitôt les caméras rangées et les ministres de retour dans leurs gîtes climatisés, les commerçants ont repris les calculettes, déçus de ce que le pouvoir soit venu à la négociation les mains totalement vides. A l’image de cette prêtresse kérékouïste qui ne connaissait pas le prix du kilo de maïs et qui cherchait à fixer le prix de la boule d’akassa.

Mais ce serait injuste de dire que le docteur- président, saint Thomas de Tchaourou, messie désigné est demeuré insensible à la souffrance de son peuple. C’est d’ailleurs pour cela qu’il lui offre un méga concert gratuit. Une célébration unique au stade de l’amitié de Cotonou. Ce qui suppose une journée fériée sur toute l’étendue du territoire national pour les fonctionnaires sensés devoir répondre à l’invitation du chef de l’Etat. Une atténuation à la fête sans victuailles que s’apprêtent à vivre la majorité des citoyens.

Sans préjuger des capacités managériales de celui qui se trouve aux commandes, le constat ne donne aucun motif sérieux de sérénité. A ce jeu, des Béninois plus que d’autres portent une grande responsabilité par rapport à ce désastre. Deux personnalités, une politique, Candide Azannaï et l’autre des finances, Patrice Talon, cristallisent, à eux seules, cet engagement. Le premier a déjà reconnu que le changement dérive. Une proclamation aux limites très infirmes puisque la roue tourne toujours, empreinte de son cortège d’arrogance et de violations répétées des lois de la République. Le second n’ose pas encore s’exprimer à visage découvert.

Il ne suffit plus de réaliser que cela va très mal. L’heure n’est certainement pas encore à la rébellion ou à des actions que reprouvent la légalité même si les nouveaux princes s’activent à donner le moins de sens possible à cette légalité. Un citoyen se fait enlever à son domicile par des militaires armés jusqu’aux dents sur une simple réquisition manuscrite du directeur de cabinet du chef de l’Etat ; un journaliste convoqué au bureau du chef d’Etat major général des armées pour un article paru dans un journal ; un administrateur désigné d’une société privée par une juridiction arbitrale interdit de prendre fonction ; un maire enlevé depuis son lit d’hôpital et conduit manu militari pour passer service à Parakou…

Ceux qui disposent des moyens d’apporter la contradiction et qui ne le font alors qu’ils ont contribué à installer ce pouvoir sont coupables de forfaiture. Yayi Boni ne s’arrêtera pas de faire la course en tête si rien ne l’y contraint. Les têtes couronnées instrumentalisées ? La société civile enrôlée ? La presse asphyxiée ? Les institutions paralysées ? Qui ? Les rapports de force ont besoin d’être repensés et d’être rééquilibrés.

Le Bénin mérite mieux que le révisionnisme autocratique en cours.



28/12/2007
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