"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

L'éditorial de l'Abé

Prions (pour) Dieu

Est-ce trop d'outre-cuidance, de penser que Jésus-Christ lui-même ne croyait pas si bien dire, quand il demandait dans le Pater Noster de prier (pour) Dieu, Notre Père, pour que son règne vienne, pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ? A voir tout ce à quoi Dieu est mêlé ces jours-ci au Bénin, il est difficile de résister à une telle pensée. Car, pour leur propre volonté, leur égoïste dessein et leur bas « règne », certains Béninois instrumentalisent tellement le nom de Dieu qu'on a envie de dire, sans l'ironie de Voltaire : pauvre Dieu, tu nous a faits à ton image et voici que nous te le rendons, en te façonnant à la nôtre!

De fait, quand la banalisation de cette morale politique diffuse aux apparences bienfaisantes, selon laquelle la fin justifierait tous les moyens, détourne en moyens pour des fins politiques et matérielles, églises, mosquées, cou-vents, prêtres, pasteurs et ces désormais fameuses « têtes couronnées », tout est à craindre. Et ce, particulièrement en une période électorale de scrutins aux enjeux aussi décentralisés que complexes. Il ne s'agit plus ici du rôle connu et discuté de la force religieuse dans le politique au Bénin, mais de l'instrumentalisation de cette force dans les plus petites localités. Déjà que, des humains s'agenouillent devant des politiciens. En plus que, la parole donnée, les réseaux de camaraderie, le respect du père et de la mère, les liens ethniques, tout se trouve récupéré, travesti et utilisé à des fins politiques, selon les intérêts personnels et particuliers du moment. On était en droit de compter sur un dernier recours : la crainte de Dieu. Or, rien n'est moins sûr.

Qui mettra donc en garde les confessions religieuses contre une implication abusive dans les prochaines échéances électorales ? Un peu comme la Haac vient de le faire à l'endroit des acteurs des médias publics et privés.

On peut toujours commencer par prier pour Dieu lui-même, pour son règne, de peur que les hommes confondent le leur au sien. Car alors, tout serait perdu. Plus pour l'homme, pour le Bénin que pour Dieu. Joyeuses Pâques !

Abbé André S. Quenum



23/03/2008
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