"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Passation de service manquée à la direction générale de la douane:

Echec de la médiation du chef de l’Etat

IN LE MATINAL7 janvier 2008
Le Bénin n’était pas loin de tomber dans une brusque violence le vendredi 4 janvier dernier. Un affrontement a été évité de justesse entre les forces de l’ordre et les douaniers. Ces derniers se sont opposés avec la dernière fermeté à la passation de service entre James Sagbo et Gilles Hounkpatin, respectivement nouveau et ancien directeur général de la douane.

Face à face douaniers- forces de l’ordre. L’affrontement n’était plus qu’à deux doigts. Tel un film de Western dans lequel le moindre coup de fusil peut entraîner une bataille rangée. Le vendredi 4 janvier, de bonne heure, c’est un impressionnant contingent de forces de l’ordre qui ont été dépêchées sur les lieux. Armés jusqu’aux dents, des éléments de la police nationale, de la gendarmerie et des hommes des casernes ont mis en place un dispositif prêt à foncer sur des douaniers qui étaient aussi prêts à en découdre avec eux. Pour rien au monde, ils n’entendent pas laisser les hommes déployés par le gouvernement franchir le portail de la direction générale de la douane. De chaque côté de la clôture quelques deux ou trois fourgonnettes remplies des paras commandos étaient positionnés et veillaient au grain. La douane était encerclée. A l’intérieur, des douaniers tous aussi armés avaient la main sur la gâchette. L’accès aux locaux de la douane était interdit à toute personne, même le directeur général sortant, Gilles Hounkpatin. Seuls quelques journalistes et les responsables des syndicats du ministère des Finances et de l’Economie ont été autorisés à franchir le portail. Le commissaire central de Cotonou, Constant Sossou qui tentait de négocier pour qu’on puisse autoriser des personnalités à accéder à la maison, n’a pas eu gain de cause. Les douaniers ne l’ont pas écouté. La passation de service prévue pour 11 heures n’aura finalement pas lieu dans les locaux de la direction générale de la douane. Le nouveau patron des lieux, nommé en conseil des ministres le 31 décembre 2007, était invité par le gouvernement à reprendre les commandes de la structure qu’il a déjà eu à diriger de 2001 à 2003. Mais les choses se sont passées autrement. Les douaniers ont mis en exécution leurs menaces d’empêcher la tenue de la cérémonie. Un sit-in qui a duré presque toute la journée a reçu le soutien du secrétaire général du Syntracef, M. Laurent Métognon. De plus, le mot d’ordre a été largement suivi de bout en bout par des dizaines de manifestants, qui ont pris d’assaut la cour de la direction générale de la douane et droits indirects. Pendant ce temps, les guichets sont restés fermés au niveau du Port autonome de Cotonou. Face à la fermeté des douaniers, les forces de l’ordre n’attendaient que l’ordre du haut pour agir. « La douane est un corps paramilitaire qui ne peut pas tenir devant nous.. », commentent quelques hommes en treillis.

Gilles Hounkpatin prêche dans le désert

Alors qu’il était au rendez-vous pour passer le témoin, le directeur général sortant de la douane et des droits indirects, Gilles Hounkpatin arrivé sur les lieux avec son successeur James Sagbo en a eu aussi pour son compte. Il a tenté en vain de convaincre ses collaborateurs à leur ouvrir le portail. C’est alors qu’il a eu l’idée de contourner l’entrée principale. Aidé par quelques douaniers, il saute le mur au moyen d’un tabouret et tombe à la direction. Un geste qui lui a valu un tonnerre d’applaudissements. Comme s’il indiquait le chemin à suivre au nouveau directeur général, les disciples de St Mathieu, ironisant sur le sort de leur chef contesté, lui demandent à son tour de sauter. Ce qu’il ne voudrait jamais faire. L’arrivée du ministre des Finances et de l’Economie Soulé Mana a davantage exaspéré les douaniers. Lui aussi s’est retourné groggy. Toutes les interventions n’ont rien arrangé. Les douaniers sont restés sur leur position. A un moment donné, la foule et les manifestants de même que les forces de l’ordre, ont dressé les oreilles. C’était les partisans de James Sagbo qui viennent d’annoncer les couleurs par la prestation d’un groupe folklorique. Venus en grand nombre de la communauté Toffin-Xla pour assister à la cérémonie de l’un des leurs, ils retourneront déçus.

Echec de la médiation du chef de l’Etat

Très promptement donc, le chef de l’Etat Yayi Boni a réagi dans la soirée du vendredi après les évènements qui se déroulés dans la journée. Il a rencontré les deux syndicats et quelques hauts gradés de la douane. Le Président de la République, après avoir écouté les uns et les autres, entendu les sons de cloche, a dit avoir compris le sentiment des contestataires. Il a fait savoir que par souci du travail bien fait et de la rigueur dans l’exécution des taches à lui prescrites qu’il a rappelé James Sagbo à ce poste. Le chef du gouvernement a exhorté les douaniers à lâcher prise et permettre au nouveau directeur général de s’installer dans son fauteuil. En réponse à cette doléance, les douaniers ont souhaité rencontrer leur base afin de définir ensemble la conduite à tenir. C’est dans cette dynamique qu’ils projettent pour ce jour la tenue d’une assemblée générale. Sans attendre les décisions qui seront prises lors de cette rencontre, la position est loin d’être fléchie aussi facilement.

Fidèle H Nanga



07/01/2008
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