"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Réligion émergente :

L’Islam ou le changement ?

mardi 18 décembre 2007

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 18 décembre 2007

 

Question au plus émergent des imams. Prompt à jouer au supplétif de la présidence de la République, à propos de tout et de rien. Sur la grève des enseignants, celui des magistrats, le pèlerinage calamiteux à la Mecque édition 2007. Débitant à souhait le chapelet de louages sur les performances « exceptionnelles » du gouvernement. Au risque de s’aliéner une bonne partie des fidèles musulmans (enseignants, magistrats ou pèlerins recalés). Aidé en cela par une horde de commensaux qui s’activent à ajouter une nouvelle sourate au Coran aux seules fins de vanter les mérites du changement.

Le devoir partisan passe désormais avant le religieux. La tradition islamique recommande que des prières soient organisées dans les mosquées plusieurs mois avant le début du hadj pour que l’observance de ce pilier de l’Islam se déroule dans les meilleures conditions possibles pour les fidèles. Une pratique généreusement saborder par les « imams du changement » au profit des prières en soutien au bilan du gouvernement, et les intercessions visant à briser les grèves de fonctionnaires.

Les nombreuses traditions rapportées dans les écritures saintes donnent pourtant un large aperçu sur les rapports entre l’Islam et le pouvoir politique. Sans verser dans un zèle laudateur, les imams sont contraints à une soumission aux lois et aux institutions de la République. Le gouvernement n’avait donc pas besoin de l’aplatissement béat de barbus enturbannés afin d’asseoir son autorité et sa légitimité sur toute la communauté musulmane, s’il en existe une.

Une communauté organisée ne laisserait pas ses dignitaires sans salaire, sans formation, sans culture pour la grande majorité. Que peut-on espérer d’un clergé dont les responsables se distinguent le plus souvent par leur agileté à se lancer des plats de riz à la figure lors des funérailles, mariages, baptêmes ou manifestations publiques ? Le défaut de légitimité se compense par la propension à s’agripper aux puissances d’argent et de pouvoir politique. Les critères de l’imamat au Bénin ne se fondent ni sur la connaissance ni sur le niveau d’instruction ni sur le degré de culture. Plutôt sur un mélange d’ethnicisme, de clientélisme, de népotisme et ou d’opportunisme. Pourquoi s’étonner alors de la grande pagaille autour du pèlerinage à la Mecque surtout lorsque les gourous de la Marina s’en mêlent ?

On disait tantôt que l’obédience à la République ne se marchande pas chez le musulman. Une inféodation qui exclut néanmoins toute sorte de messianisme. Dès qu’un imam veut magnifier une autorité politique il doit faire primer sa citoyenneté sur sa mission religieuse. Lorsqu’un imam de télévision déclame ses remerciements au chef de l’Etat pour le gâchis organisé autour du hadj 2007, on veut bien savoir s’il parle au nom des milliers d’aspirants au pèlerinage escroqués, humiliés sans aucune assurance de pouvoir effectivement observer le rite sacré ; de ceux qui ont effectué ce voyage dans des conditions exécrables après un traumatisme de près d’un mois et un rançonnement méticuleux ; ou des convoyeurs soumis au chantage et au harcèlement ?

Il est grand temps que le mérite et la compétence s’invitent dans la chose musulmane au Bénin. Sous la férule des pouvoirs publics. Pourquoi pas des élections représentatives à l’image des organisations syndicales ? C’est de plusieurs millions de Béninois qu’il s’agit enfin.

L’heure est grave !



11/03/2008
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