"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

UA N°2

Cen-Sad à plein gaz

mardi 17 juin 2008

Arimi CHOUBADE

Rédigé le 17 juin 2008

 

Cotonou aura été le rendez-vous de la clarification. La Cen-Sad est le bras armé de Kadhafi en quête d’un leadership incontesté sur le continent africain. Le discours officiel ne s’en cache d’ailleurs plus. Plus question que le « pétrodinar » serve uniquement à permettre à quelques patriarches de se maintenir au pouvoir. Tout est dans les deux meetings tenus sur le sol togolais, l’un à Sokodé le 14 juin et l’autre le 15 à Lomé. Haro sur la marche escargot de l’Union africaine et sur les traîtres à la réalisation des Etats-Unis d’Afrique.

Décryptage : le guide n’admet plus que des potentats en banqueroute viennent lui soutirer de l’argent afin d’assurer la pitance à leurs concitoyens et se précipiter peu après à Londres, Paris ou Washington en génuflexion devant l’ancien colon. Tripoli grouille d’anecdotes de dictateurs, pratiquement en larme, devant la célèbre tente du colonel à Syrte ou à Bengazi, à la recherche d’un nouveau souffle. Contre promesse parfois d’une conversion à l’islam comme gage de soumission et de reconnaissance. Une fois rentrée au pays requinqués, l’orgueil reprend le dessus. Des traîtres que le guide se promet de dénoncer désormais.

Comble de traîtrise à l’occasion des sommets de l’Ua lorsque certains chefs d’Etat enfourchent pudiquement le discours sur la souveraineté diplomatique à la vue des caméras alors que quelques jours plus tôt ils imploraient la générosité du bédouin bienfaiteur à Tripoli. La Cen-Sad apparaît donc comme une sorte de renouvellement d’alliance et de préparation psychologique sur la route d’Addis-Abeba. Nul doute que les services de propagande se chargeront de faire parvenir à chacun des hôtes de Yayi Boni, le contenu des enregistrements des deux prêches de Sokodè et de Lomé. Aucune pitié désormais les équilibristes.

Entre nous, passe que le pétrole libyen serve à fournir du riz à des miséreux du Bénin profond à Toviklin, Matéri, Djidja, Bonou ou Sinandé. Elle est bien meilleure, cette image, de partage des ressources du continent que celle des Nigérians et Zimbabwéen pris en chasse, chiens au tibia, dans les bidonvilles de Johannesburg. Une solution africaine au problème de développement de l’Afrique parait infiniment plus opportune que les vaines tentatives de reproduction du modèle européen.

La cible de Kadhafi est connue. C’est cette Ua engoncée dans son manque d’ambition, régentée par des imposteurs paresseux, jouisseurs, déconnectés et kleptomanes. Tout le contraire de la flamboyance du guide, constamment en quête du dialogue direct avec la masse de jeunes désabusés, candidats aux embarcations de fortune, livrés aux flots et aux intempéries des mers en direction d’un occident opulent. Lui au moins a de l’argent, une foi, une idéologie, une ambition et un machin (Cen-Sad). Les autres, rien !

L’handicap majeur de la marche forcée vers ce bonheur imposé par le guide, c’est la place des libertés publiques et la bonne gouvernance. Il n’est guide que pour les Africains du pouvoir et de la force. Aucun opposant, aucun acteur de la société civile, aucun défenseur des droits de l’homme ne figure à son agenda. Sauf sur les sites de meeting et le long des haies d’honneur à l’occasion des bains de foule. Le pétrodinar est distribué sans que les gouvernements bénéficiaires ne se voient imposer des procédures de contrôle et de vérification. Les Béninois sont assurés qu’ils ne sauront pas grand-chose des dons et autres libéralités dont l’équipe de Yayi Boni a bénéficié dans le cadre de l’organisation des assises de Cotonou.

Ainsi va la doublure de l’Ua.

 



17/06/2008
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