"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

10ème Sommet de la Cen-Sad au Bénin:

  Vers un fiasco ?

In le Matinal 11 juin 2008
Du

jeudi 12 au lundi 16 juin prochains, se tiendront dans la capitale économique du Bénin, les assises du 10ème Sommet de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (Cen-Sad). Mais, à la veille d’un évènement d’une telle envergure, plusieurs inquiétudes persistent qui font craindre aux observateurs avertis un flop. En effet, aussi bien dans le domaine des infrastructures, de la mobilisation populaire, de l’union sacrée des acteurs de la vie politique que dans celui de la communication autour de l’évènement, des ratés ont été observés. Le dossier ci-après rend bien compte de ces légitimes préoccupations.

De graves menaces sur le sommet de la Cen-Sad

  Le sommet de la Cen-Sad qui démarre dans quelques jours dans notre pays va se dérouler dans une ambiance politique plutôt viciée. Alors que les membres du comité d’organisation ont du mal à trouver des solutions à la perturbation annoncé des cérémonies officielles par les chauffeurs du service public recalés, il est encore à craindre la réaction boudeuse de la classe politique après les vagues de polémiques entre le pouvoir et « l’opposition ». Que fera la classe politique pendant le grand sommet de la Cen-Sad. Difficile de répondre sans ambages à cette question, par ces temps qui courent. Seulement, il y a une constante. Toute la vieille classe politique et ce qu’on appelle aujourd’hui le G 13 semblent être fâchés contre la manière dont le changement est conduit jusque là et il n’est pas exclu que le chef de l’Etat et ses proches collaborateurs qui ont fait de ce sommet leur seul affaire se retrouvent également seuls devant leurs hôtes. Et pour cause. Les acteurs politiques taxés, à tort ou à raison, d’être de l’opposition, semblent ne pas se sentir trop concernés par ce sommet qui devrait susciter un certain engouement plutôt national. Mais tout se passe dans le pays comme si de rien n’était et c’est seulement l’entourage du président Yayi Boni qui tente de s’y intéresser, de colmater les brèches et de multiplier surtout les erreurs. Simplement parce qu’ils ont toujours pensé qu’ils peuvent tout faire sans les autres et qu’il faut forcément être militant de la liste Force Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) pour être pris en compte dans la construction du pays. C’est déjà à l’attribution des marchés pour la construction des villas présidentielles que le pouvoir a fait le premier faux pas. On ne connaîtra jamais les conditions d’attribution de ces marchés. Plusieurs acteurs politiques à l’Assemblée Nationale et dans certains états-majors politiques reprochent bien des choses au processus de gestion de ce dossier qui pourrait bientôt faire, dit-on, l’objet d’une interpellation du gouvernement au parlement. Et il y a la situation des véhicules d’occasion qui est une bombe qui peut exploser à tout moment. Sans compter la crise actuelle autour de l’installation de certains conseils municipaux et communaux. Il s’agit là d’autant de clivages qui ont conduit à la naissance des fameux G 4, G13 et compagnies, n’ont pas encore trouvé de solution. C’est dans cette ambiance déjà suffisamment viciée que des manifestants Fcbe sous la protection des forces de l’ordre, ont entrepris de barrer les voies publiques et de bloquer l’installation de certains conseils communaux et même l’élection de certains maires pour contester les résultats des élections locales. Pire, on reproche au chef de l’Etat de vouloir contrôler toutes les institutions de la République. Les conditions de la désignation des actuels membres de la Cour Constitutionnelle et des récents représentants de l’Assemblée Nationale à la commission électorale nationale autonome (Cena) sont encore vivaces dans les esprits. Situation qui aurait obligé quatre membres du bureau de l’institution parlementaire à boycotter l’installation des sages de la haute juridiction après le rejet de leur recours contre eux. Et puis, il y a le fait que l’Assemblée Nationale ne joue plus son rôle de contre-pouvoir. Le président Mathurin Nago qui se sent trop redevable du chef de l’Etat, a du mal à s’éloigner du pouvoir exécutif au point où l’Assemblée Nationale est devenue pratiquement un autre département ministériel du gouvernement Yayi Boni qui peut désormais tout demander et tout avoir, même en violation du principe de la séparation des pouvoirs. Autant de situations très mal vues par l’ensemble de la classe politique nationale qui avait, entre temps, décidé de la destitution du président Mathurin Nago pour sauver la démocratie béninoise en danger. Dans ces conditions où la tension est à son comble, le sommet de la Cen-Sad court le risque de se dérouler sans toute la classe politique.

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11/06/2008
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