LE SCANNER DU JEUDI
Actualités politiques de notre pays :
Dr. Frédéric Joël AÏVO se prononce |
|
|
|
Écrit par SONANGNON.NET | |
SONANGNON.NET:
Bientôt les élections municipales et communales dans notre pays. Déjà
trois élections et chaque fois des contestations quand il s’agit
d’installer Dr. Joël AÏVO:
Mon sentiment personnel est que les élections au Bénin ont besoin
d’être revues et corrigées, particulièrement la manière dont nous
organisons les élections. Je veux parler de Dans
les pays du Sud, notamment en Afrique noire francophone, les élections
sont tellement sensibles. Elles sont dans nombre de pays la cause des
troubles politiques, des instabilités institutionnelles voire des
conflits armés. Pour ça il faut éviter que la manipulation des urnes et
des suffrages par quelques ministres zélés ou par des fonctionnaires
aux ordres, tous angoissés par les incertitudes de lendemain d’élection
chaotique, ne porte un coup fatal à la démocratie et à la cohésion
sociale. Il ne faut donc pas faire des élections, un facteur de
fragilité de la nation, fragilité de la démocratie, c’est pour ça que
tout le monde est quasiment d’accord qu’il faut confier l’organisation
des élections à une structure qui soit une structure neutre si elle
peut l’être en sachant que Le
professeur Ahanhanzo Glèlè et le professeur Holo ont livré un rapport
qui n’a pas été suffisamment exploité par les pouvoirs publics au
Bénin. Autrement je crois qu’il y a une mine d’informations qui aurait
sans doute permis de corriger le fonctionnement de Donc,
je dirai que c’est de bonne guerre, mais la particularité de cette
année est que le pouvoir de président Yayi a poussé tellement loin le
bouchon que on a assisté à une cascade de recours, simplement parce
qu’il ne sont pas arrivés à contrôler l’institution. Or ça fait très
longtemps pour ne prendre que l’exemple du Président Houngbédji qu’il a
été toujours minoritaire à En parlant des élections au Bénin, une autre particularité c’est que depuis
que le Gouvernement actuel est aux affaires, il n’a organisé aucune
élection à bonne date. Ni les dernières législatives, encore moins ces
municipales qui aurait dû être organisées depuis décembre 2007. On est
en mars, et nous ne sommes toujours pas sûrs d’aller voter le 13
février. Tant le dilatoire du gouvernement est constant. Le ministre
des Finances malmène Les
élections législatives ont été reportées une fois, les élections
municipales deux fois, je dirai même trois fois. Ce n’est pas gage de
stabilité. Le pouvoir actuel ne donne pas l’impression aux Béninois
d’être un pouvoir très sensible à la démocratie. Selon
vous le report chaque fois des élections cache quelque chose? Est ce
que ce n’est pas pour une bonne réussite de ces élections ? Non,
les reports auxquels nous avons assisté au Bénin pour être sincère
c’est des reports qui ont été motivé ou qui ont été fondé par des
divertissements et la récréation que le gouvernement a animés pendant
très longtemps. Plutôt que de passer très rapidement aux choses
sérieuses, le gouvernement a disposé de beaucoup de temps ; ils ont la
majorité au parlement en tout cas ils avaient la majorité au parlement
donc ils auraient pu profiter pour toiletter les textes électoraux,
programmer et convoquer le corps électoral. Ils ne l’ont pas fait.
Pendant très longtemps, le gouvernement nous a diverti, a récréé les
Béninois sur des questions secondaires, des questions accessoires. La
propagande avait pris le pas sur ce qui était essentiel pour le pays.
Ce qui a fait qu’on n’est allé aux élections à quelques mois de
l’échéance. Malheureusement il était trop tard, et on n’a pas pu
comprendre d’ailleurs pourquoi le gouvernement actuel qui dispose d’une
majorité n’a pas fait de l’organisation à bonne date de ces municipales
une priorité. Donc c’est pas une question de vouloir bien les faire,
c’est simplement qu’ils ont été pris de coup, ils ont été surpris par
le temps, ils ont passé tout le temps à distraire les Béninois sur des
questions qui n’étaient pas essentielles. Justement,
l’opinion publique attendait vraiment la réaction du PRD puisque
aujourd’hui c’est le parti qui se déclare de l’opposition constructive
où déjà il y a aussi un peu de flou. Ce n’est pas un parti offensif car
il y a des sujets d’actualité mais le PRD ne sort pas pour montrer sa
position. Qu’est-ce qui fait que l’opinion publique sent que le parti
dort ? Vous
avez en partie raison, le PRD ne dort pas. Nous avons choisi de ne pas
envenimer les problèmes qui se posent actuellement à notre pays. Nous
avons choisi de ne pas apparaître comme un parti qui jette de l’huile
sur le feu. Je voudrais simplement d’abord vous rappeler qu’en dehors
du PRD vous n’avez de réaction d’aucun autre parti politique ; les
seules réactions que vous avez, les seules voix dissonantes que vous
avez dans le pays viennent du Parti du Renouveau Démocratique et on ne
peut pas dire que le PRD ne communique sur rien. Nous communiquons sur
beaucoup de choses mais nous avons choisi de ne pas communiquer
systématiquement sur tout ce qui ne vas pas. Nous accompagnons des fois
nos critiques de propositions. Par exemple sur le service militaire
nous avons parlé, sur les échecs massifs aux examens nous avons parlé,
sur la crise des GSM nous avons parlé peut être en retard mais nous
avons parlé, nous avons communiqué, nous avons dit ce que nous pensons. Mais justement vous venez de dire tout
à l’heure que peut être le PRD intervient en retard ; voilà encore un
problème sur la crise du GSM où le PRD est intervenu à la veille même
du dénouement de cette crise. Pourquoi est-ce que le PRD attend souvent
les derniers moments pour réagir, c’est là ou le peuple ne comprend pas
réellement la gestion politique de ce parti? Non,
je vous assure que les Béninois comprennent notre position. Simplement
sur la crise des GSM, on avait voulu que les Béninois expérimentent par
eux-même l’inconséquence de la décision du Chef de l’Etat d’ouvrir
brusquement et sans aucune précaution, sans aucune prudence une crise
aussi majeure, une crise qui touche au droit international, au droit
international des investissements, au droit international des affaires,
à la crédibilité de notre démocratie et surtout à la crédibilité de
notre capacité à pouvoir sécuriser les investissements étrangers dans
notre pays. Donc sur ça, nous sommes intervenus en retard pour
certains, mais en réalité, nous avons voulu d’abord laisser
suffisamment le temps au gouvernement pour arranger une situation que
lui-même à embrouiller. Maître Adrien Houngbédji sera-t-il candidat aux prochaines municipales ? Vous
savez, la sollicitation est grande autant à Porto-Novo qu’à Cotonou.
Beaucoup de nos militants le demande, même les Cotonois le demandent.
Les Porto-Noviens souhaitent une fois encore que le Président
Houngbédji conduise la liste à Porto-Novo. Les Cotonois aujourd’hui
exigent que le Président Houngbédji se présente. Pour l’instant, je
vous assure que la question est sur la table. Il n’y a pas d’à priori,
je dirai que c’est une question à la fois ouverte et fermée. La
décision sera prise par le bureau politique du parti, mais avant tout
c’est le Président Houngbédji qui, en fonction de sa motivation et
surtout de ses ambitions futures pour le pays, décide en dernier
ressort de ce qu’il faudra faire, mais les sollicitations sont grandes
je vous le confirme. Je vous certifie qu’on a même des sollicitations
de Béninois ordinaires isolés qui pensent que le président Houngbédji
peut jouer un grand rôle dans la gestion des deux grandes villes,
Cotonou et Porto-Novo. Mais la décision sera prise dans les jours qui
arrivent. Et
s’il arrivait que lors de la prise de décision le président Houngbédji
se présentait, qu’il allait aux élections et qu’il gagnait, est-ce
qu’il va encore comme dans le passé laisser la mairie à son suppléant,
parce que nous avons vu le cas de Porto-Novo. Est-ce que ce sera encore
le même scénario ? Vous
savez, le Président Houngbédji a démissionné de la Mairie de
Porto-Novo. Les gens qui en parlent aujourd’hui, généralement vraiment
à 90% sont de mauvaise foi. ils savent très bien qu’ils manipulent une
question qui était déjà fermée aussitôt qu’elle a été posée. A
Porto-Novo, il y a cinq (5), le Président Houngbédji n’était candidat à
rien, il n’était pas candidat à la mairie. Le Président Houngbédji a
été sollicité par les Porto-Noviens, notamment par le parti pour
conduire la liste en fonction des adversaires cachés qu’on avait en
face. Rappelez-vous que le ministre Gaston Zossou soutenu par la
coalition UBF, soutenu par le Président Kérékou et tous les partis
politiques qui étaient proches de Kérékou, pour la conquête de la ville
de Porto-Novo. Porto-Novo était pour nous un passage obligé pour 2006.
On devait encore préserver la ville de Porto-Novo, ce qui a justifié
que le président Houngbédji ce soit lancé dans la bataille, il n’était
candidat à rien du tout, il s’est présenté pour aider la liste, pour
porter sa liste et jamais pour être maire. Mais après ceux qui disent
qu’il a démissionné veulent bien s’accrocher à un argument pour trouver
un défaut au Président Houngbédji sinon il n’était pas candidat à la
mairie de Porto-Novo, ce sont les Porto-Noviens qui l’ont sollicité
pour conduire la liste, ce qu’il a fait en bon dirigeant. C’est
vrai qu’il serait audacieux de prédire ce qui arrivera après les
élections municipales, mais après votre analyse de la situation
politique quelle sera la configuration des prochaines municipales ? Je
ne saurai vous dire à moins d’être un devin. Ce que je souhaite c’est
que Porto-Novo continue d’être contrôlée par le PRD. C’est mon souhait.
Je souhaite également que Cotonou reste aux mains de forces politiques
opposées à l’équipe au pouvoir. Parce que nous avons vu deux ans de
gestion du pays qui ne rassurent pas grand monde. Les Béninois en deux
ans descendent de leurs illusions, des espoirs qu’ils ont placés dans
l’équipe actuelle. Si vous avez vécu au Bénin pendant ces deux
dernières années il ne vous plaira pas de laisser la gestion d’une
boutique à l’équipe qui est en place aujourd’hui. Si vous avez vu la
manière dont elle a gèré le Bénin en deux ans, dans une précipitation
et dans une impréparation, je pense qu’il ne vous plaira pas de leur
confier la gestion d’une boutique ou d’une cabine téléphonique, donc
par conséquent je ne souhaite pas que Cotonou tombe aux mains du
gouvernement actuel qui n’a pas pu prouver grand-chose au plan national. Je
souhaite que Cotonou soit contrôlée par des forces politiques qui ont
de vraies ambitions pour les Cotonois. Je souhaite que la vitrine de
notre pays soit confiée à ceux qui ont les moyens de leurs ambitions,
qui connaissent Cotonou, qui connaissent un peu les Cotonois, je
souhaite la même chose pour Abomey-Calavi, bref, je souhaite que toutes
ses grandes villes notamment les villes à statut particulier soient
gérées par des gens qui ont une certaine idée de la gouvernance locale
et qui ne mêlent pas la politique à la gestion des problèmes à la base.
C’est pour ça que je pense en tout cas que le PRD doit se lancer dans
la bataille à Cotonou, à Porto-Novo, à Calavi. J’ai
de fermes espoirs, j’ai vraiment la conviction qu’au bout du rouleau,
au bout de ces élections, les Cotonois, les Porto-noviens et les
populations d’Abomey-Calavi auront une équipe
municipale, en tout cas, des maires qui se déploieront complètement à
leur cause, qui essayeront de diriger les villes pas comme le pays à
été dirigé durant ses deux dernières années. Plus
loin à travers votre analyse, on trouve que la gestion du pouvoir
actuel n’est pas une gestion adéquate. Es-ce à dire que tout est
négatif ? Nous avons vu quand même des réalisations depuis
l’installation de ce pouvoir ! Vous avez vu des réalisations, lesquelles ? La
construction des écoles, l’octroi des micro finances, déjà c’es des
actions que nous pouvons mettre à l’actif de ce gouvernement et aussi
nous avons vu des grands chantiers lancés. Même si on nous dit que ces
chantiers existaient bien avant l’arrivée de ce gouvernement au moins
ce gouvernement l’exécute bien. Voilà un peu ce que voit le peuple
aujourd’hui, es-ce à dire que tout cela ne porte pas de fruits ? La
construction des écoles ne date pas d’aujourd’hui, depuis 1960 chaque
gouvernement qui passe essaie de construire des écoles, s’il n’y avait
pas de gouvernement qui ait construit des écoles dans notre pays, on
n’en aurait quasiment pas. C’est pour vous dire que des écoles, on en
construisait déjà, des routes on en construisait déjà autant qu’on le
fait aujourd’hui et plus qu’on le fait aujourd’hui. Je vous rappelle
simplement que les projets OPEP et les projets BID qui déploient sur le
terrain, dans nos villages et dans nos villes beaucoup d’écoles sont
des projets négociés sous les présidents Kérékou, Soglo et beaucoup
d’autres projets. Ca ne veut pas dire que le gouvernement actuel ne
fait rien. Prenez la gouvernance du président Soglo, le président Soglo
a battu tous les records en tout cas de construction de routes. Le
président Kérékou étant à la tête d’un gouvernement qu’on a qualifié
des plus corrompus, les routes se construisaient, les grandes
réalisations de ses dernières années ont été l’œuvre du président
Kérékou. Vous avez dit qu’on qualifiait le gouvernement de Kérékou de corrompu, es-ce à tort qu’on le qualifiait de corrompu ? C’est
sans doute pas à tort. Il y a dans tout gouvernement, de hauts
fonctionnaires corrompus. Autant il en avait, autant, il en a
aujourd’hui. Simplement que les personnalités dites de la société
civile sont de moins en moins neutres. Ils s’intéressent à des sujets
qui n’intéressent pas les Béninois, mais les vrais sujets de
corruption, si vous prenez la gestion des fonds de l’escorte douanière
des véhicules d’occasion, est-ce que vous avez trouvé une organisation
dite de la société civile qui en ait parlé ? Pas une seule. La dernière
fois, Jean Baptise Elias était sur Golfe Télévision, a parlé de tout,
de sujet qui ne le concerne pas, mais sur un sujet aussi brûlant que
celui-là, il n’a pas pipé mot. C’est pour vous dire avant il y avait
des corrompus, aujourd’hui, il y en à encore. Tous les régimes traînent
des corrompus. Le gouvernement du Président Yayi Boni en traîne aussi. Es-ce à dire qu’on n’a plus une société civile dans notre pays ? Evidemment
la société civile, ça fait longtemps qu’une certaine société civile a
franchi le pas de la politique. Toutes les personnalités qu’on
qualifiait de société civile n’étaient que des hommes politiques qui ne
militaient par dans un parti politique, mais qui étaient des acteurs
politiques, qui s’intéressaient aux sujets politiques, mais qui
faisaient croire qu’ils appartenaient à la société civile.
Regardez-les, un à un ils ont franchi le pas, ils ont quitté la société
civile pour entrer dans le gouvernement, soient pour servir le
gouvernement du président Yayi. Alors, il vous reste qui ? Il vous
reste Jean Baptiste Elias, mais qui de plus en plus fait montre d’une
partialité déconcertante. Vous avez vu la dernière fois Monsieur
Ahanhanzo Glélé intervenu sur Golfe télévision avec un tel enthousiasme
à supporter le chef de l’Etat que on n’est fondé aujourd’hui à croire
que la société civile a vécu au Bénin. Certes, il y en a quelques-uns
encore, tel Joseph Djogbénou qui est un des membres de la société
civile qui marque encore son indépendance à l’égard de tous les partis
et courants politiques. Mais tout le reste, vous prenez le professeur
Gbégnonvi, Jean Baptiste Elias, Madame Madougou, M Ahanhanzo-Glélé,
c’est quasiment des membres externes du gouvernement. Même s’ils ne
sont pas au gouvernement, ils se comportent comme des ministres
porte-parole du gouvernement. Selon
vous que faire aujourd’hui pour réveiller une société civile, parce que
sans une société civile je pense que le pouvoir à la voie libre pour
faire tout ce qu’il veut ? Qu’est
ce qu’on peut préconiser, sauf de demander à chacun de jouer son rôle,
vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un d’avoir une couleur politique,
d’avoir une opinion politique, les personnes qu’on créditait
d’appartenir à la société civile, de porter toutes les vertus de la
société civile ont toutes abandonnées le combat civique, le combat
citoyen. Aujourd’hui ils ont embouché la trompette du changement et ont
abandonné leurs toges de membres de la société civile. Il faut
souhaiter que ceux qui défendent encore les mouvements associatifs,
ceux qui militent pour des intérêts non politiques continuent de se
battre pour l’idéal démocratique et continuent d’avoir un combat
citoyen qui ne soit pas un combat politique. On ne peut rien. Même un
encadrement juridique des activités des organisations de la société
civile ne règlerait pas le problème. C’est une question d’éthique et de
conduite personnelle que chacun doit pouvoir respecter. Pour
une première fois dans notre pays, un président en exercice aux
Etats-Unis a été de passage et ceci est à mettre à l’actif de la
diplomatie béninoise. Quelle est votre appréciation par rapport à la
visite du président Georges Bush ? En
tant que Béninois je suis très content et très fier que le président
Georges Bush ait foulé le sol de mon pays. Je suis très content que
dans sa tête, pour le peu de temps qui lui reste à passer à Professeur,
si on avait une diplomatie moribonde Georges Bush ne serait pas arrivé
ici, il faut reconnaître quelque part que le pouvoir en place par sa
diplomatie a fait quelque chose ? Personne
ne nie que c’est à l’actif de la diplomatie de notre pays. C’est-à-dire
de l’invitation que vous transmettez à un chef d’Etat, de la pression
que vous faites sur un ambassadeur pour qu’un chef d’Etat vienne chez
vous, ça si vous voulez on les crédite d’avoir faire suivre le dossier.
Je veux simplement vous expliquer que la visite du président Georges
Bush au Bénin sanctionne dix-sept années de démocratie, dix-sept ans de
travail laborieux des Béninois à soigner leur système politique, à
entretenir leur liberté et à défendre les valeurs démocratiques. Nous
devons la visite de Georges Bush à huit millions de Béninois et à
environ trois chefs d’Etat qui se sont succédés à la tête de notre pays
depuis 1990. Donc ce n’est pas tant le mérite d’un Homme. C’est plutôt
le mérite d’un peuple, le mérite de plusieurs chefs d’Etat qui année
après année, mandat après mandat ont travaillé à ce que la démocratie
survive dans notre pays et ait un sens. Je vais vous dire une chose si
le président Bush avait simplement voulu tenir compte de la vie
démocratique de notre pays depuis deux ans, depuis que le Président
Yayi est à la tête de l’Etat, je peux vous assurer qu’il n’aurait même
pas mis pieds au Bénin. Car, c’est sous le président Yayi que nous
avons connu une régression des libertés démocratiques. C’est à l’ère
dite du Changement que les libertés syndicales ont été attaquées. C’est
avec eux que la liberté de presse a connu un recul jamais connu dans
notre pays, que les douaniers sont attaqués, que les règles
d’orthodoxie même les plus élémentaires de management des actions
publiques sont foulées au pied, que les étudiants ont vu régulièrement
les franchises universitaires violées. Bref, c’est pour vous dire que
le président Yayi, si on doit tenir compte simplement de son action à
la tête de notre pays en deux ans, si le président Georges Bush devrait
en tenir compte, je ne suis pas sur qu’il serait arrivé au Bénin. La
diplomatie américaine a tenu compte de l’œuvre des béninois sur
dix-sept ans, ce qui sanctionne dix-sept ans de démocratie et c’est ce
qui fait la fierté de notre pays. Je pense que la présence de Georges
Bush au Bénin doit permettre au gouvernement actuel de soigner sa
pratique démocratique, de voir comment moins attaquer les libertés
fondamentales et comment moins donner l’impression d’être agacé par la
démocratie. L’histoire
nous révèle quand même que concernant la crise sociale qu’il y a
actuellement, même au temps de Kérékou, on voyait l’université assiégée
par les militaires, on voyait aussi les syndicalistes grevés et que le
gouvernement reste parfois campé sur sa décision. Aujourd’hui parlant
de régression de liberté nous voyons les syndicalistes qui sont
présentement en grève, ils ont la liberté de grève et ils sont payés
malgré tout ce que le peuple aujourd’hui est entrain de décrier, parce
que désormais la grève n’est plus une manière de
revendiquer mais une question d’actualité. Dans ce cas la liberté
est-elle arrachée au peuple ? Si
vous vivez au Bénin depuis deux ans, et si vous avez entendu nos
gouvernants traiter les syndicalistes depuis qu’ils sont en grève vous
constaterez qu’il y a un changement fondamental dans la conception même
de la démocratie par le gouvernement. Ils sont agacés par la
démocratie, la liberté des citoyens les dérange, quand vous êtes contre
eux, ils vous disent que vous complotez contre la démocratie, que vous
voulez mettre le pays à genou. Ils ont dit à l’égard des syndicalistes,
ils ont prononcé les propos les plus indignes des gouvernants, ils les
ont traités, je préfère taire les qualificatifs, mais bref, ils les ont
traités de tous les noms ; les syndicalistes n’ont été jamais été aussi
menacés que depuis l’arrivée à la tête de l’Etat de l’actuelle équipe.
Les étudiants ont eu le même traitement. Ils sont bastonnés maintenant,
ce que nous n’avons plus jamais vu, bastonnés jusqu’au sang sur le
campus. Moi j’enseigne à l’Université d’Abomey-Calavi, je sais de quoi
je vous parle, si vous voulez, vous faites un tour sur le campus et les
étudiants vous en parleront. Jusqu’hier j’entendais le président de Avec
ce que vous venez de dire cela signifie t-il que le PRD a du mal à
intervenir sur les chaînes de télévisions et de radios vu que tous ceux
là sont muselés et ne font que passé le message du gouvernement selon
vous ? Vous sentez qu’il y a un blocage ? Ce
n’est pas qu’on sent qu’il y a un blocage. Je confirme qu’il y a un
blocage au Bénin. Le président Houngbédji a été interdit d’antenne à
l’ORTB (La chaîne de télévision nationale) pour des difficultés de
management qui ont été des difficultés fabriquées, le président
Houngbédji n’a pas pu intervenir sur l’ORTB. Il a voulu faire une
émission pour s’expliquer pour faire connaître le point de vue de son
parti sur les grands problèmes de la nation. L’émission n’a pas pu
avoir lieu. Beaucoup de nos intellectuels, les cadres du Parti, les
vices présidents du parti n’ont plus accès à certaines chaînes de
télévisions ou radios de la place, c’est pour dire qu’il y a un
musellement, un musellement certain, regarder ce qui se passe sur
certaines chaînes où il y a un monologue permanent entre partisans du
gouvernement et ministres. Vous avez les mêmes personnes du
gouvernement, les mêmes ministres du gouvernement qui sont dans un
monologue permanent qui parlent tout seul de la même chose, et pourtant
ça n’empêche pas les Béninois de voir ce qui se fait de bien ce qui se
fait de mal dans la conduite des affaires de l’Etat. Si vous devez donner un conseil au président Yayi Boni et à son gouvernement, quel serait-il ? Je
lui dirai, de prendre le temps de connaître le Bénin, il y a deux ans
qui sont passés et qui peuvent être pardonnée parce que du fait de la
méconnaissance que le président Boni Yayi avait du Bénin, de son
système politique avant d’accéder à la charge suprême. Je lui
demanderai, de prendre le temps pour le temps qui leur reste, de
prendre de recul pour connaître le Bénin et d’interroger les Béninois,
de les interroger sur ce qu’ils veulent, de leur demander quelles
étaient leurs motivations en mars 2006, qu’est-ce qu’ils voulaient
profondément, l’émergence ça veut dire quoi ? Je voudrais leur demander
en fait de faire une introspection, de se poser la question de savoir
ce que les Béninois veulent vraiment et en fonction, d’avoir un
diagnostic sur ce qu’ils offrent aux Béninois depuis qu’ils sont là,
demander leur si la propagande faisait partie des besoins des Béninois
en mars 2006 ? Je ne suis pas sûr. Les Béninois avaient des problèmes
précis et c’est au Chef de l’Etat de refaire en trois ans un bon
diagnostic des problèmes des Béninois et en fonction il trouvera la
solution qu’il faut et surtout d’être un homme à l’écoute de ceux qui
le soutiennent comme de ceux qui ne le soutiennent pas. Je lui
demanderai également d’être un homme au-dessus de la mêlée, de ne pas
souvent utiliser le redressement fiscal comme étant un mode de
gouvernement, comme un mode de règlement des conflits politiques. Je
voudrai modestement invité le chef de l’Etat à éviter toute provocation
vis-à-vis des forces politiques, des syndicats, des corps constitués de
la nation. Nous allons un peu à votre découverte en vous demandant quelle est votre devise dans la vie ? Un état d’esprit Combatif ! Toujours combatif ! Et qu’est-ce que vous aimez le plus qu’on vous fasses ou qu’est-ce que vous aimez le plus dans la vie ? La
sincérité et la fiabilité des autres. Je préfère chez un homme ou chez
une femme, la sincérité et la fiabilité. Si vous n’avez pas ça, je
pense que vous n’avez pas votre place dans la société des hommes. Quelle est cette figure à la quelle vous auriez aimé ressembler ? Nelson Mandela ! Et pour quelle raison ? Pour sa combativité et pour ses grandes convictions, surtout pour sa combativité. Vous connaissez Sonangnon.net ? Et si oui quelle est votre appréciation de ce site ?
Quel est votre dernier mot ? Mon dernier mot est de vous remercier de me donner la parole et vous remercier du travail d’information et d’éveil que vous faites au niveau des Béninois. Je voudrais surtout inviter les béninois à plus de vigilance, surtout par rapport aux menaces qui pèsent sur notre démocratie. J’ai entendu la semaine dernière le ministre de la justice dire sur Radio France Internationale, que le chef de l’Etat et le gouvernement actuel était un gouvernement émergeant, ce qui ne voulait rien dire. Plus grave, le garde des sceaux qui n’est pas un enfant ni un plaisantin, affirme que le gouvernement de Boni YAYI voulait instaurer un Etat fort. J’ai eu très peur, et ses propos sont venus renforcés en moi la conviction que j’avais que le gouvernement que nous avons actuellement ne s’accommodait pas de la démocratie, que le gouvernement que nous avons actuellement est un gouvernement qui est dérangé par la démocratie et la liberté des citoyens. Qu’un ministre de la justice dise qu’ils veulent instaurer un Etat fort, ça fait très peur, vraiment très peur et je voudrais inviter les Béninois à la vigilance pour la défense des droits que nous avons acquis dans le sang, dans la douleur, je sais que nous avons fait des sacrifices suprêmes, moi je n’en ai pas fait, mais j’ai des parents qui sont morts pour ça, des gens qui ont été exilés pendant longtemps pour qu’aujourd’hui nous soyons libres. Donc, je voudrais espérer que nous resterons libres, que nous ferons tout pour défendre notre liberté.
Entretien exclusif réalisé pour SONANGNON.NET par : Berlos Segeste SASSE & Brice MEDETON |
Le rappel à l’ordre
de Dieu aux « Yayistes »
Par Frédéric Joël AIVO
« A
Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ».
Qui se prend pour Dieu sera rappelé à l’humanité par sa
mortalité. Même ses seules difficultés, ses nombreux souhaits non exhaussés,
ses préoccupations laissées insatisfaites et sa parole mielleuse mais
impuissante parce que non suivie de solution lui rappelleront qu’il n’est qu’un
homme parmi les hommes.
Cette maxime simplement imposée par le bon sens et la
morale religieuse à laquelle nous avons tous été initié soit à l’Ecole
coranique soit au Catéchisme semble de plus en plus ignorée. Elle est
aujourd’hui foulée au pied par ceux à qui la course aux strapontins, aux prébendes
du pouvoir fait perdre la tête. Non contents de présenter le Chef de l’Etat
comme un Messie que l’Eternel nous a donné en cadeau, non contents de marteler
que Boni YAYI est un don de Dieu venu sauver les Béninois, les mêmes
thuriféraires assimilent le Président YAYI à Dieu. Boni YAYI lui-même a le
triomphe modeste. Devant ses compatriotes invités au Palais, il signifiera à
ceux qui en douteraient encore qu’au Bénin, après Dieu, c’est lui Boni YAYI.
C’est entendu.
« Boni
YAYI est plus que Dieu »
Mais les partisans du Chef de l’Etat ne sont pas rassurés
que la leçon fut bien assimilée par les Béninois. Leur doute est fondé par
« l’indiscipline » des Béninois qui contestent encore et toujours la
supposée vision et les projets virtuels de Boni YAYI. Les critiques de partis
politiques, les revendications de syndicats voire les grognes des citoyens
indépendants sur les radios et télévisions non contrôlées les insupportent.
Cette « indiscipline » et cette « indocilité » des Béninois
leur donnent la preuve que Boni Yayi n’est pas encore pour nombre de Béninois,
Dieu dont nul ne conteste ni l’existence, ni la suprématie.
Alors un ancien député, mon ami et frère Robert CAKPO se
propose de le rappeler. Il croyait fait plaisir à son nouveau Chef, mais la plaisanterie
a des limites surtout lorsqu’elle peut s’assimiler au blasphème. « Boni Yayi est plus que Dieu. Il
est mieux que Dieu. Quand vous adressez vos prières à Dieu, il vous faut
attendre un peu pour en avoir les résultats. Or Boni YAYI, dès qu’il le promet,
c’est aussitôt fait ».
Voilà en substance ce qu’a déclaré Robert CAKPO, ancien député. Ces propos
firent peur à tous les Béninois. Tous les Musulmans, tous les Chrétiens comme
tous les Vodounons prirent peur. Les athées qui ne croient même pas en Dieu ont
été également assaillis par la peur. La peur et la panique des conséquences
naturelles que ferait encourir un tel blasphème à un pays dont l’élu est
proclamé « mieux que Dieu et plus
efficace que Dieu ». Car, ces propos sont une provocation gratuite de
Que
diantre avons-nous fait pour que nos dirigeants ne veuillent cultiver que la
provocation. Provocation des magistrats, provocation des
journalistes, provocation des douaniers, provocation des centrales syndicales,
provocation des étudiants, provocation de ses propres députés, provocation des
partis politiques avais-je écrit dans mon tout dernier scanner. A la
provocation des hommes, la majorité présidentielle ajoute la provocation de
Mais la place de Dieu n’est pas discutable dans notre vie
individuelle ou collective. Mais au Bénin du Président-Messie-Dieu, la place de
l’Eternel est devenue discutable. La place de Dieu est mise en concurrence par quelques
désespérés que manipulent sans état d’âme et avec cruauté, le Gouvernement. Ces
désespérés de la vie politique béninoise sont perdus et errent à la recherche
de tuteur. Ces désespérés, recrutés au PRD, à
Quand
ces reconvertis ont fini le cycle, ils sont livrés sur le marché de la propagande
et sont prêts à remplacer Jésus ou Mahomet sinon même Dieu par Boni YAYI. Au
pire, la provocation des humains peut rester impunie et sans conséquence. Dans
le meilleur des cas elle peut avoir une suite dans trois (3) ans derrière les
isoloirs dans les urnes. Mais la provocation de Dieu ne saurait rester impunie.
Dieu est magnanime et peut tolérer les errements de ses fils. Mais en bon
chrétien, je crois sincèrement que la magnanimité du « très haut » a
des limites. C’est pourquoi, la crédibilité et la fiabilité de la parole de
Boni YAYI, supposé plus diligent que Dieu, sont mises à rude épreuve.
L’apologie creuse et les éloges vides prononcées par des gens qui n’y croient
pas eux-mêmes se dégonflent d’elles mêmes. Tous
les apostats qui comparent et préfèrent Boni YAYI à Dieu sont vaincus au nom de
Dieu.
« Yagbe »
ou l’offense à Dieu
Tout a commencé il y a environ trois (3) semaines à YAGBE
à Akpakpa à Cotonou. YAGBE est un véritable réservoir de voix PRD. Un nid
d’électeurs PRD. En pré-campagne, pardon, en visite dans un des quartiers
populaires d’Akpakpa, plus précisément à YAGBE, le Chef de l’Etat s’arrête « par
hasard », je veux le croire, devant une école primaire abandonnée.
« Touché » comme à chaque fois par la misère de « son »
peuple, il ordonne au génie militaire de détruire le bâtiment laissé en ruine par
les régimes « incapables » afin d’y construire rapidement deux modules
de trois classes. Les populations applaudissent naïvement de bonne foi et les
chantres de l’émergence embouchent la trompette des miracles du
Président-Messie, « Dieu du changement ».
Dans la foulée, le Gouvernement déroule la technique du
mirage. Dans les médias comme sur le terrain à YAGBE. D’abord, les militaires
s’engagent. Ensuite, Armand Zinzindohoué, Ministre des travaux publics répète
le refrain déjà connu des Béninois : « Le
Président YAYI aime son peuple. Il est proche de son peuple. C’est le Président
du peuple. Il a un projet pour vous. Dès demain, des équipes techniques
viendront évaluer vos besoins ». Et comme d’habitude, aussitôt dit,
aussitôt oublié. Cap sur une autre commune avec les mêmes promesses mais
décidément toujours sans suite. C’est donc à YAGBE que Robert CAKPO a poussé
loin la provocation. C’est à YAGBE qu’il a décidé d’attirer sur Boni YAYI, la
colère de la nature. La colère de la nature qui s’abat sur notre Chef se
traduit par l’Etat de ruine de YAGBE. C’est peut être un rappel de Dieu qui met
la parole de Boni YAYI à l’épreuve. Mais malheureusement, la colère de la nature
met également le pays et son peuple en souffrance.
Depuis
que Boni YAYI est proclamée Dieu, depuis que ses courtisans l’ont décrété plus
efficace que Dieu, la réalité est celle-ci : Au
22 février 2008, l’école de YAGBE est
toujours dans son état de ruine. Malgré la parole du Président de la
République, malgré aussi les garanties données par le Génie militaire, malgré enfin
les assurances du tonitruant Ministre des Travaux Publics, YAGBE reste une
banale promesse de pré-campagne. Les populations qui ont applaudi
regrettent de s’être inutilement fait mal aux mains. L’élu qui a mis Boni YAYI
au-dessus de Dieu est introuvable. Le
mercredi 20 février 2008, Habib KOUKOUBOU, un des jeunes talents du Paysage
Audiovisuel Béninois a expliqué au Journal Télévisé de 13 heures sur CANAL 3
qu’il y a comme une revanche de Dieu sur Robert CAPKO et les commanditaires de
sa provocation. YAGBE étant toujours dans son état de ruine et les
promesses de Boni YAYI à YAGBE s’étant envolées comme une fumée.
La banalisation constante de la parole de l’Etat
Si mon frère Robert CAKPO avait été plus attentif à la
parole mais aussi aux faits et gestes de son nouveau patron, il aurait tourné
trois (3) fois sa langue dans la bouche avant de proclamer la suprématie de
Boni Yayi sur Dieu. A mon frère et ami
et à tous les apostats sans foi ni loi qui enfument les Béninois de leur encens
nauséabond et toxique, je voudrais rappeler que si la parole de l’Etat avait
encore un sens et du crédit au Bénin, ça fait longtemps que Global Com aurait
dû être opérationnel. Le Gouvernement a dit aux Béninois que l’opérateur de
téléphonie GLO, qui devrait nous sauver de la crise des GSM, serait opérationnel
avant Novembre 2007. On est en février 2008 et toujours pas GLO. Le Chef de
l’Etat a dit aux populations de
Les
promesses non tenues sont devenues ordinaires au Bénin. Les engagements pris
mais vite ignorés ont été déjà expérimentés autant par les acteurs politiques
que par les populations. Au nom de quoi donc élever Boni YAYI au-dessus de
Dieu ? A quoi peut donc servir une provocation aussi gratuite ?
Le silence suspect des évangélistes du
« changement »
Ce qui m’a le plus interpellé, c’est que cette offense à
Dieu a été faite sans qu’aucune voix ne se soit élevée. Ni par le Chef de
l’Etat lui-même qui pourtant professe sa foi en Dieu, ni par ses Ministres
pasteurs. Cette offense à Dieu a été faite dans le silence le plus total. Pas une
seule réaction des nombreux « born again » et des évangélistes à la
mode, tapis dans les rangs du Palais, du Gouvernement et de « leur »
société civile.
Et pourtant, ces « born again », ces
évangélistes du « changement » sont si prompts à sortir communiqué
sur communiqué. Ils sont si prompts à organiser conférence de presse sur
conférence de presse, bref à monter au créneau à chaque fois que le moindre
citoyen élève la moindre critique contre Boni YAYI. L’offense qui est faite à
Dieu par un des reconvertis au « Yayisme » n’a hélas fait bouger
aucun d’entre eux. Ils m’excuseront, je pense qu’un évangéliste qui se voit
obliger de former un mouvement politique pour défendre, au nom de sa foi et
d’une supposée « éthique », un Président de la République, mais qui
n’est pas capable au nom de la même foi en Dieu de s’indigner contre la
comparaison de Boni YAYI à Dieu, n’est qu’un trafiquant de « foi ».
Face au silence de tous ces « born
again », de tous ces hommes de « foi » qui prient avant toute
réunion officielle, on peut être tenté de leur nier leur foi. On peut même les
soupçonner de commercialiser leur supposée foi ou d’exploiter cette filière
religieuse afin de s’assurer une promotion professionnelle et politique que
leurs qualités intrinsèques ne suffiraient pas à garantir. Ce qui est sûr,
Dieu, si haut, si éternel est étranger à leur activisme faussement religieux.
Et pourtant, un
ancien élu, nouvellement caurisant fraîchement initié au Yayisme suivant la
notice et le mode d’emploi conçus depuis
A
quoi sert donc d’avoir une foi aussi fiévreuse, si ce n’est pas pour célébrer
Dieu ?
Béninois,
reprenez en cœur avec moi, « Seigneur pardonne-leur leurs péchés car ils
ne savent pas ce qu’ils font ».
C’est
ma conviction profonde.
Vive la démocratie,
et donc que vive le …
« complot »
Par Frédéric Joël AIVO
Je pense que se réfugier derrière l'action supposée des autres pour expliquer ses propres insuffisances et surtout les conséquences d'une politique approximative et peu méthodique est assimilable à la politique de l'Autruche. On ne peut longtemps se cacher derrière son petit doigt, les gens finiront par vous voir. On ne peut non plus conduire un peuple à coup d'effets d'annonce, d'incantations et de promesses. Michel Rocard ne disait-il pas que « qui sème la démagogie récolte la colère du peuple » ? Analysant les nombreuses crises maladroitement ouvertes par le Chef de l'Etat lui-même, je pense sincèrement, contrairement à ce que pensent beaucoup, que notre pays est rentré dans une phase de normalisation politique et sociale. Les choses fonctionnaient trop anormalement depuis avril 2006.
Je soutiens que le supposé complot politique monté contre le Gouvernement par la classe politique et les syndicalistes est la conséquence de la banalisation de la parole de l'Etat. C'est le fruit de promesses faites mais non respectées. Promesses aux enseignants, promesses faites aux partis de sa majorité, mais toutes non tenues. C'est également la conséquence d'une série de provocations. Provocation des magistrats, provocation des douaniers, provocation récente des journalistes. Non content d'avoir muselé une certaine presse et contribué « efficacement » à son déclassement au plan international, voilà le Chef de l'Etat qui profère ouvertement des menaces contre les journalistes. Quelle drôle de conception de la démocratie !
Je n'ose plus ajouter la provocation des partis politiques. D'aucuns diront que c'est de bonne guerre. N'empêche qu'il est établi que le régime actuel développe un mépris constant à l'égard des partis et de leurs chefs. Il est établi que le même Gouvernement travaille au moins à l'abêtissement des partis politiques, sinon à leur éclatement. Le régime FCBE veut affaiblir les grands partis politiques au profit de regroupements d'intérêt et circonstanciels. Un regroupement d'individus qui s'auto-proclament leaders d'un fief dont ils n'ont pas le contrôle, de courtisans subitement devenus des politiques et de micro-partis incapables de sortir par eux-mêmes le moindre Conseiller municipal encore moins un Député. Aujourd'hui, partis politiques de la majorité présidentielle, notamment le G13, mais encore des Députés FCBE, Centrales syndicales dénoncent tous la ruse du Gouvernement et la banalisation d'un Etat dont on veut pourtant renforcer l'autorité.
Au total, la situation politique tendue, la rébellion contre le Chef de l'Etat organisée et conduite par ses propres partisans, la baisse de sa popularité dans les grandes villes, la remise en cause de ses politiques jugées précipitées, peu mûries, peu efficaces, le « changement » qui n'emballe plus grand monde et « l'émergence du Bénin » qui est réduite au seul slogan, bref le doute qui a gagné les Béninois, sont la faute du seul Gouvernement. Y voir des « comploteurs » ou associer à cette série de maladresses et d'échecs des adversaires politiques, est cynique et machiavélique. Je dirai presque que c'est un acte de désespoir. Mais au fond, c'est une attitude des régimes suspects qui inventent des complots pour mieux ennuyer le peuple et attaquer des opposants.
Comment peut-on d'ailleurs associer à deux ans d'échec, deux ans de politique infructueuse, des acteurs politiques qui ont plutôt au contraire laissé faire ? Comment accuser « d'activisme comploteur », ceux qui par leur silence ont honnêtement cru laisser des coudées franches au Président YAYI ? Sur ce laisser-aller, les Béninois reprochent à la classe politique et particulièrement au PRD d'avoir trop laissé le Gouvernement piloter à vue le navire Bénin. Mais le Gouvernement soupçonne les partis politiques de complots et s'étonne de la réaction de ses propres partisans qui s'aperçoivent de la ruse et qui sont fatigués par des promesses systématiquement non tenues.
A mon avis, et je le crois vraiment, le complot que dénonce le Gouvernement est en effet le retour progressif du pluralisme démocratique. Les contestations qui donnent l'insomnie à
C'est pourquoi, je soutiens qu'avec le réveil des forces syndicales, de la presse, des partis politiques et même des citoyens, le Bénin retrouve progressivement les équilibres d'une vie politique classique. Une vie politique ordinaire faite de débats, de contradictions y compris de contestation des orientations d'un Chef d'Etat lorsque celles-ci relèvent systématiquement de la ruse, d'une logique de force et de passages en force.
Le Président Kérékou l'a vécu et géré sans crier au complot. Le Président Soglo aussi. Les deux ont expérimenté les pires difficultés de la fonction. Et avec les syndicats et avec les partis politiques. Ils les ont géré avec le sang froid d'un homme d'Etat, dans le dialogue, la concertation, sans menacer, sans user et abuser de l'arme du redressement fiscal ou celui des limogeages. Ils l'ont fait sans promettre la pauvreté et l'isolement aux régions et communes dont les fils sont en cause. Les Présidents Kérékou et Soglo ont donc géré ces crises inhérentes à toute vie politique démocratique surtout sans ouvrir la chasse aux sorcières et surtout sans décréter des fatwa contre X ou Y. Les Présidents Kérékou et Soglo les ont géré surtout sans alerter et sans recourir au haut commandement militaire. J'ai le sentiment que nous commençons à nous amuser avec les symboles de la République, et surtout à banaliser l'hymne nationale entonnée à tord et à travers.
Mon intime conviction est que, comme un père de famille, un Président de la République, Chef de l'Etat, Chef du Gouvernement, Chef suprême des Armées, père de la Nation, est là pour le meilleur, mais aussi et surtout pour le pire. Habitué au monolithisme laudateur de ses courtisans, le Gouvernement était installé depuis le 06 avril 2006 dans un confort privatif de la liberté de pensée et d'expression des Béninois. C'est ce qui justifie qu'il soit aujourd'hui irrité par le regain démocratique. Le retour du pluralisme politique et le développement de l'esprit critique des Béninois donne l'insomnie au Gouvernement qui ne semble plus avoir la maîtrise de la parole publique. Et donc irrité et agacé par la libération de la parole publique, coincé entre les feux nourris des centrales syndicales, des partis de sa majorité, confronté à une baisse continue de popularité, le Gouvernement perd ses nerfs, crie au complot politique et s'en prend aux journalistes. Quand la presse encense le Chef de l'Etat et loue les actions de son gouvernement, les journalistes sont « bien inspirés » et « bien formés ». Mais quand la même presse critique le manque de vision du Chef de l'Etat, l'approximation de son action et les menaces qu'il fait peser sur la démocratie, les mêmes journalistes sont « mal formés » et sont « manipulés » par des opposants qui n'aiment pas leur pays. Quelle drôle de conception de la démocratie !
L'unanimisme qui a succédé à l'élection du Président YAYI, je veux dire le calme plat politique antérieur, l'apologie du Président-Dieu, l'intolérance à l'égard de tout contradicteur, les louanges d'actions et de bilans imaginaires, les flatteries de plaisantins à la recherche de postes politiques ou encore les marches de soutien organisées par des vendeurs de papier rame et de produits d'entretien pour l'administration, étaient le résultat d'un bal masqué qui ne reflétait pas l'état d'esprit réel des Béninois à l'égard du Président YAYI.
Si les Béninois sont aujourd'hui devenus incrédules, dubitatifs et sceptiques sur les chances de succès du changement et de l'émergence proclamée du Bénin, c'est n'est pas la faute à ceux qui n'ont pas été élus. La baisse de popularité du Président YAYI, et la contestation généralisée qui s'ensuit, est d'abord et avant tout la contestation d'une méthode et d'un mode de gouvernement. La méthode contestée s'appelle la ruse et le mode de gouvernement auquel résistent les Béninois s'appelle la force et l'intimidation.
Les masques tombent et l'unanimisme abêtissant se meurt,
Vive la démocratie et donc que vive le ………............... « complot » !
C'est ma conviction profonde.
DISCOURS SUR L’ETAT DE LA NATION
Les « non-dits », « peu-dits » et « trop-dits » de Boni YAYI sur son bilan 2007
Comme la tradition l'impose, le mois de décembre ouvre le bal des bilans et des points. Chacun fait le point de sa vie personnelle, familiale et professionnelle. Bref nous faisons tous à l'arrivée, le bilan de notre accomplissement social. Mais le bilan peut aller au-delà du cercle restreint de la famille.
CHOMAGE DES JEUNES, SERVICE MILITAIRE
LES DOSSIERS SOCIAUX ECONOMIQUES MAJEURS
CONSOLIDATION DE
LE DEBAT REGIONALISTE : VRAI OU FAUX DEBAT ?
DISTRIBUTION FACILE D'ARGENT OU « TRAVAILLEMENT » PRESIDENTIEL ?
Après les artistes, ce fut les personnes handicapées qui sont repartis de la présidence avec des millions aussi. Ceux qui ont besoin d'une vraie volonté politique et d'une vraie politique, soutenue par une réelle réglementation de protection sociale et d'insertion socioprofessionnelle, n'ont eu pour toute réponse que la même proclamation de foi et une illusoire enveloppe de quelques dizaines de millions à se partager. C'est sans compter les plusieurs autres groupes qui ont été arrosés de millions par
C'est ma conviction profonde
Frédéric Joël AIVO
18 mois de Boni YAYI au Pouvoir.
L'interview exclusive de FJA qui passe au scanner les grands dossiers du mandat YAYI.
Cette interview a été donné au Magazine béninois "Nouvelle Donne expertise" dans la rubrique regards croisés où le jeune politologue, désormais une des consciences critiques du "Yayisme" a confronté ses vues à celles du Professeur Roger Gbégnonvi, aujourd'hui Ministre de l'Aphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales, sur l'action du Chef d'Etat béninois depuis son accession à la magistrature suprême. Lisez plutôt.
Docteur en science politique, diplômé de droit public
Enseignant de science politique à la Faculté de Droit
et de Science Politique et à
l'Ecole Nationale d'Administration
et de Magistrature (ENAM)
Pour apprécier objectivement le mandat du Président YAYI, à peine à mi parcours, il faut retourner aux promesses que portait Boni Yayi alors candidat dit du changement. Quelles étaient les préoccupations des Béninois au soir du régime Kérékou ? Et quels étaient les espoirs, j'allais presque dire, les illusions que le candidat Yayi alimentait du fait de son double statut de Président d'institution bancaire régionale et d'homme apolitique ?
Les défis n'étaient pas politiques. Ils étaient essentiellement managériaux et liés à la gestion des biens publics. Il y avait des problèmes économiques et sociaux qui attendaient du successeur du Président Kérékou, de vraies réponses et des options claires. Sans occulter l'actif du Bilan Kérékou, dont le Gouvernement actuel s'attribue subtilement le mérite, il faut reconnaître que le passif laissé par 10 ans de gouvernance Kérékou est particulièrement lourd. Un collègue universitaire officiant en Côte d'ivoire a pu alors écrire, à bon droit d'ailleurs, que le successeur de Mathieu Kérékou devrait surtout s'investir d'un devoir d'impopularité. Car les réformes structurelles à entreprendre, aussi bien au plan économique que social sont d'une telle profondeur qu'elles ne pouvaient qu'être impopulaires. Ce sont des réformes qui certes bousculent aujourd'hui nos habitudes, nos aises, et même notre mode de vie et nos petits intérêts immédiats. Mais elles ont l'avantage de sécuriser l'avenir et surtout laisser à la postérité un pays que nous serons fiers de leur léguer.
Mais contre toute attente, le début de mandat du Président Yayi est en demi-teinte. Demi-teinte parce qu'il faut donner à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui lui revient. Objectivement, il faut reconnaître que sous l'impulsion de Pascal Irénée Koukpaki, alors Ministre des Finances, un effort d'assainissement des finances publiques et des comptes de l'Etat a été amorcé. Il a permis d'arrêter l'hémorragie qui avait commencé par ronger l'économie nationale et le tissu social.
Mais au fond, pourquoi muter Pascal Koukpaki dont la communauté financière internationale et le corps diplomatique reconnaissent les mérites et saluent l'action au Ministère des Finances ? C'est un des mystères de la méthode Yayi. Sans faire des procès d'intention, il faut espérer que Soulé Mana Lawani, l'actuel Ministre des Finances, soit à la hauteur en résistant comme Koukpaki, aux opérations peu orthodoxes et aux nombreuses dépenses électoralistes qui ne sont ni de qualité ni opportunes et qui sont ordonnées depuis où vous savez.
En dehors du début d'assainissement des Finances publiques, il faut mettre à l'actif du Président Yayi son désir de vouloir gouverner au plus près des Béninois. C'est une rupture avec la gouvernance à distance qui était de mise sous le Président Kérékou qui se coupait volontairement de la réalité du pays qu'il prétendait gouverner depuis les bureaux du Palais de
Mais là aussi, C'est une question de mesure. Entre la gouvernance à distance et la gouvernance de contact, il faut trouver le juste milieu qui évite le ridicule de l'autorité de l'Etat. Car, en voulant être un homme de terrain, le Chef de l'Etat doit éviter de folkloriser, de spectaculariser ou de théâtraliser la fonction présidentielle.
La folklorisation et la théâtralisation viennent d'où et de quoi ?
La folklorisation et la théâtralisation viennent de l'habitude que prend facilement le Président Yayi d'offrir aux Béninois, à chacune de ses sorties, une mise en scène, je dirai même une pièce de théâtre. Ça commence à se voir et à sonner faux, de sorte qu'à chacune de ses descentes sur le terrain, les Béninois se demandent quelle pièce de théâtre le Chef de l'Etat va leur servir aujourd'hui ? Un coup avec les Dockers, un autre avec les Zémidjans, un coup dans un champ de Coton pour les cameras de télévision et non pour les nécessités de l'opération, un autre dans l'eau dans les quartiers inondées mais sans avoir aucune solution à proposer aux sinistrés.
Généralement les sorties présidentielles sont essentiellement destinées aux caméras de télévision. Elles n'offrent aucune solution. Ces sorties sont devenues intempestives et ne nous font avancer sur aucun vrai chantier du pays. Ni économique, ni social, ni politique. Le seul bénéficiaire supposé, c'est le Chef de l'Etat qui cherche à soigner son image alors qu'il a été élu pour soigner les Béninois de la pauvreté et soigner l'image du Bénin. Or, après près de deux ans d'action à la tête de notre pays, tel n'est pas le cas. En dehors des laudateurs du régime et des thuriféraires du Président de la République, personne ne pense objectivement que depuis l'accession de Boni Yayi à la tête de l'Etat, le Bénin a véritablement progressé. Nous avons certes fait des pas. Nous avons évité la dégringolade économique et financière amorcée dans les deux dernières années du régime Kérékou. C'est vrai, je le reconnais. Mais la croissance à deux chiffres qui était alors une des promesses phares du Candidat Yayi est loin de nous.
Le Chef de l'Etat a lui-même confessé ses insuffisances et avalé du même coup, la majorité de ses promesses de campagne qui étaient alors purement électoralistes. Elles sont aujourd'hui jugées irréalistes. A défaut de programme réaliste qui doit servir de boussole à l'action publique, le chef de l'Etat se transforme en un sapeur pompier qui cherche des feux et incendies à éteindre. C'est ce qui justifie que ses ministres et lui soient systématiquement dans l'actualité et dans les faits qui retiennent l'attention de l'opinion nationale. Et comme ça, nous nous engluons chaque jour un peu plus dans une spectacularisation de la politique.
Et donc, en dehors de stagner, le gouvernement donne l'impression de renoncer à l'essentiel au profit de l'accessoire. Nous sommes à l'ère du divertissement, de la récréation et du spectacle politique offert et assuré par le Chef de l'Etat lui-même et ses ministres. On va jouer au foot pour plaire. On organise un spectacle géant à la gloire du Chef de l'Etat etc. etc. Vraiment, il est temps que le Président Yayi siffle la fin de cette recréation. Il est temps qu'il se retrousse les manches et se mette à bâtir ce pays par des réformes courageuses, même si elles doivent être impopulaires. Car le populisme n'est pas gage de développement. Il vise à plaire, à se loger dans les intérêts immédiats et à caresser les passions des foules. Vraiment, le populisme n'est pas le propre des bâtisseurs, mais des administrateurs de sous développement. Or, le Bénin attendait un bâtisseur courageux. Et en 18 mois, le Président Yayi ne donne pas l'impression d'en être un.
En dehors de stagner et de divertir, le Gouvernement de notre pays cultive depuis avril 2006 une gouvernance assez étrange. Une gouvernance « tête en bas pieds en l'air ». Plus clairement, contre toute évidence et même contre les règles managériales élémentaires, on est à l'ère de l'action avant la réflexion. Depuis bientôt deux ans, les gouvernements successifs du Président Yayi décident d'abord, échouent ensuite, reculent et engagent maintenant la réflexion pour savoir comment finalement corriger le tir. Ce n'est le cas nulle part ailleurs. Surtout pas dans un pays qui se proclame émergent sans y travailler. Plusieurs dossiers illustrent l'échec de la méthode Yayi. Je n'en veux pour preuve, que l'impréparation et la précipitation de la mesure de la gratuité de l'enseignement primaire, celui du service militaire que le gouvernement a voulu faire passer à l'Assemblée nationale envers et contre tout, même en violation de notre Constitution.
Je peux citer le cafouillage actuel au plus haut niveau de l'Etat dans la privatisation de
Et donc, finalement, la transparence tant vantée dans un concert de louanges et dans un unanimisme suspect, n'était ni vraie, ni réelle. Le dossier était infecté et truffé d'irrégularités. Une fois encore, les régimistes et autres griots du pouvoir se sont ridiculisés. Quelle contribution de qualité, quelle vigilance peut-on attendre des partisans du Chef de l'Etat qui à chaque fois l'applaudissent même quand il se trompe ? Cette absence d'esprit critique et de vigilance des partisans du Président Yayi est préoccupante et même inquiétante. Dans l'affaire SODECO, certains on parlé de délit d'initiés ; d'autres d'affairisme dans l'entourage du Chef de l'Etat, d'autres encore de corruption au cœur du pouvoir. Bref, sans trop discourir, c'est un cafouillage bien organisé qui est, en fait, le signe d'un défaut de maturité et de préparation des décisions du Gouvernement de notre pays.
J'évoquerai également l'imprudence du Gouvernement dans le dossier GSM. Voilà une crise inutilement ouverte par le pouvoir sans aucune précaution d'usage et avec une brutalité sans égale. Le Gouvernement n'a jamais eu lui-même le courage d'évaluer ni de communiquer les dégâts de ce bras de fer dont il est sorti très affaibli. Puisque, essoufflé par une crise qu'il a lui-même ouverte, coincé entre le marteau – des Béninois de plus en plus fatigués – et l'enclume – de la communauté internationale éberluée par une telle brutalité, le Bénin a bien été obligé de quémander des solutions auprès des opérateurs GSM et des pays étrangers concernés.
Heureusement, cette crise est derrière nous, mais l'ardoise des dommages est lourde. Le préjudice est financier, matériel et social. Il est aussi en terme d'image, car du fait de cette imprudence, nous sommes aujourd'hui perçus dans certains milieux d'investisseurs, comme un pays peu fiable en affaire et qui n'a pas de parole. Au fond, par ses déclarations et ses actes, le Président de la République a sérieusement écorché la capacité de l'Etat béninois à sécuriser juridiquement les investissements étrangers au Bénin. Déjà les investisseurs nationaux ont le sentiment d'être dans une insécurité juridique. Alors qu'ils devraient être encouragés au nom de la préférence nationale et du patriotisme économique, on a l'impression qu'il y a une cabale contre eux, je ne sais pour quelle raison, si ce n'est politique et électoraliste. Au total, au lieu d'une consolidation des appuis macro et micro nécessaires à la relance de l'économie, nous assistons à une lente mais continue déconstruction de l'économie nationale.
Si vous voulez, je vous parlerai également de la lente et continue déconstruction de notre édifice démocratique. Je suis bien placé pour en parler. Personne, en dehors du Gouvernement et de ses chantres, n'a le sentiment que les libertés publiques sont mieux consolidées sous
Dans un silence de plus en plus coupable sinon complice, notre côte démocratique se dégrade au plan international. Nous avons déjà considérablement reculé sur le plan de la liberté de presse. A mon avis, le Gouvernement est le principal responsable de la dégringolade de la presse béninoise du 1er au 9ème rang africain et du 21ème au 53ème rang mondial, parce que c'est le Gouvernement du Président Yayi qui tente par des contrats et de l'argent d'acheter le silence des médias de les museler et de les mettre à sa solde. Tout ça n'est pas démocratique. Ce n'est pas digne de notre pays. Nous avons déjà dépassé cette étape. Même avec le Président Kérékou que nous critiquons souvent assez facilement, le droit à la différence et l'accès de tous les courants aux médias étaient respectés. Mais depuis quelques mois, c'est le contraire qui s'observe. Le gouvernement préfère les louanges clientélistes même injustifiées à la critique constructive. Il préfère l'unanimisme à la richesse de la différence et du pluralisme. Il préfère la célébration d'un chef par le pays y compris par les petits enfants.
Je ne veux pas parler du culte de la personnalité digne des années Eyadéma au Togo ou celles du règne de Mobutu au Zaïre. L'instrumentalisation naissante des petits écoliers béninois à des fins politiques est une réalité dans notre pays. J'en ai vu et les béninois le voient en allumant leur poste de télévision. Les petits écoliers sont désormais exposés même les jours et heures de classe, sous le soleil comme sous la pluie, sur le passage du Chef de l'Etat pour le magnifier et le louer. Ce que je dis est vérifiable et donc incontestable. Les tenues Kaki de certains de ces écoliers sont frappées à l'effigie du Président Yayi. Des sacs d'écoliers toujours frappés à l'effigie du Président Yayi sont distribués sous forme de don par les partisans du Président Yayi dans nos villes et dans nos campagnes. Les mêmes enfants innocents qui n'ont aucune conscience politique sont associés désormais aux slogans politiques du style « Yayi dix ans ». Tous ça est inquiétant et fait partie des menaces que fait peser le régime sur notre édifice démocratique. Nous nous taisons à l'intérieur du pays, mais les gens nous regardent à l'extérieur.
Mais je crois que nous avons déjà payé le prix de notre liberté pour nous laisser intimider par un nouveau régime prédateur de nos droits et libertés. Si ce n'est nous-mêmes, je crois que nos parents ont déjà payé le prix fort pour qu'on soit libre et digne. Je ne sais pas où étaient les tenants du pouvoir actuel quand, dans notre pays, certains ont été tués, assassinés, exilés, torturés et spoliés, pour qu'on ait le droit et la liberté de pensée et d'exprimer autre chose que le PRPB ? Ce qui était valable contre le PRPB est encore valable contre n'importe quel pouvoir, quelle que soit la mission, même divine, qu'il s'auto-assigne.
Que les partisans du Président Yayi aiment la critique ou non, qu'ils soient peu favorables au débat démocratique ou pas, je continuerai ma veille citoyenne, malgré les intimidations et le verrouillage des médias dont certains autres contradicteurs du Gouvernement sont de plus en plus victimes. J'oserai la critique constructive pour l'amour de mon pays.
C'est ma conviction profonde
Entretien avec le Docteur Frédéric Joël AIVO
« Je propose un régime néo-présidentiel pour le Bénin »
Présentez-vous à nos lecteurs.
Frédéric Joël AIVO, je suis politologue et constitutionnaliste. J’enseigne la science politique à la Faculté de Droit et de Science Politique (FADESP) et les Relations Internationales à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) de l’Université d’Abomey-Calavi.
Pourquoi avez-vous décidé de lancer ce livre ?
C’est un livre qui est paru depuis le mois de mars dernier. Il vient sur le marché après le premier que j’ai publié chez le même éditeur et qui porte sur le juge constitutionnel béninois. Ce dernier a fait l’objet d’une conférence de présentation dans plusieurs universités françaises. Il n’était donc pas juste de ne pas faire connaître mon livre à mes collègues béninois, aux décideurs politiques de mon pays, à mes proches, bref au public béninois. La cérémonie de lancement du jeudi 23 août vise donc à faire connaître mes propositions et surtout à ouvrir le débat sur les chantiers politiques et institutionnels qu’appelle près de deux décennies d’expérience démocratique.
Pourquoi un livre sur le Président de la République et pas sur le régime politique dans son ensemble ?
Vous savez, dans notre environnement socioculturel, le Président de la République est la pièce maîtresse du système politique. Il est l’élément central, le pivot et le cœur de toute l’organisation sociale de nos pays. En France, Michel Debré, un des pères fondateurs de la 5ème République française, disait que la fonction présidentielle, telle qu’elle a été taillée, est la clé de voûte du régime. La formule vaut pour les Chefs d’Etat africains. Le Professeur Gilbert Tixier, disait à raison, que le Président africain est « le catalyseur » et le « créateur de la nation ». Puisqu’elle conditionne et configure l’ensemble de la structuration politique et sociale, il est important que la fonction soit revisitée afin de comprendre ses spécificités et ses logiques. C’est ce que j’ai essayé de faire. Et je dois vous avouer, qu’ayant été dans ma vie l’assistant d’un Conseiller de Chef de l’Etat, j’ai observé de près et même de l’intérieur, le fonctionnement de l’institution présidentielle. En tant qu’objet d’étude et de recherche, la charge suprême m’a toujours fasciné. C’est ce qui justifie que je puisse passer autant d’années à scruter la fonction présidentielle dans sa genèse et dans ses évolutions contemporaines.
Parlez-nous du contenu de ce 2ème livre.
Ce livre-ci observe la fonction présidentielle à travers deux périodes. Le premier couvre les années 1960-1990 et part des indépendances à la fin de la bipolarisation. Le deuxième temps court de 1990 à nos jours. Il correspond à la phase s’étendant des expériences démocratiques aux récentes restaurations autoritaires. Ma démarche intègre et prend en compte la vie politique et l’expérience institutionnelle de plusieurs pays. L’expérience politique des années post-coloniales renvoie à la période glorieuse de la fonction présidentielle. C’est celle de l’émergence des « Pères de la nation », des « Eclaireurs de pointe », des « Grands camarade de lutte », des « Timoniers », des « Guides bien aimés » ou encore des « Présidents fondateurs ». C’est aussi la période des partis uniques et des pouvoirs clos et fermés. Après 1990, la fonction présidentielle a fait l’objet de multiples tentatives de rationalisation. Mais les réformes politiques tendant à discipliner le Chef d’Etat africain ont quasiment échoué dans nombre de pays francophones. Le mandat présidentiel, voulu limité, est redevenu illimité. Le pouvoir politique conçu pour être partagé est toujours confisqué aux mains d’un seul. Les contre-pouvoirs érigés en 1990 sont domptés par l’Exécutif. Bref la résurgence présidentialiste et la remontée de l’autoritarisme nous obligent à faire des constats, tirer de conclusions, non péremptoires sans doute, sur la spécificité de la charge présidentielle dans nos pays et enfin à ouvrir des pistes pour l’avenir.
Quels sont donc les constats que vous avez faits et les propositions que vous formulez ?
Plus de quarante (40) de vie politique et de pratique institutionnelle en Afrique noire francophone montre clairement que le pouvoir suprême ne se partage pas. L’Afrique est hostile à toute division horizontale du pouvoir politique. C’est ce qui explique l’impossibilité pour l’Afrique d’expérimenter le parlementarisme vrai, authentique et original. C'est-à-dire à la britannique. C’est ce qui explique aussi l’échec systématique de tous les parlementarismes dévoyés importés et timidement pratiqués après les indépendances et même après les processus de transition politique des années 1990. Prenez par exemple les cas douloureux du Togo sous le Président Gnassingbé père, celui du Niger sous le Président Baré Maïnassara, celui du Congo sous le Président Lissouba et j’en passe. Voyez aussi dans quel état de dévoiement et de perversion sont aujourd’hui les régimes camerounais et gabonais. C’est ça le refus du pouvoir partagé. Il faut donc en tenir compte pour proposer autre chose. Le régime néo-présidentiel me semble le mieux convenir aux pays, comme le Bénin, ayant à la fois un impératif de développement et une soif de liberté.
Justement, en quoi consiste le régime néo-présidentiel que vous proposez ?
D’abord structurellement, le format politique que je propose est à mi chemin du régime présidentiel et de celui semi-présidentiel. Ensuite, le modèle néo-présidentiel organise une division verticale du pouvoir et assure une distribution contrôlée du commandement. Il suppose un Président de la République élu au suffrage universel mais avec désormais un 1er Ministre. Mais la nouveauté ici est que le 1er Ministre est un partenaire du Chef de l’Etat et non un acteur concurrentiel. Il est nommé par le Président de la République dont il applique les orientations et la politique. C’est une conception qu’avait défendue le Général de Gaule en France en 1964. Ahmadou Ahidjo lui a emboîté le pas. Je crois que cette idée d’organisation du pouvoir politique mérite d’être revisitée, modernisée et actualisée. Dans mon format, le 1er Ministre a un statut constitutionnel et des pouvoirs déterminés à l’avance par le constituant. Il est le Chef du gouvernement. A ce titre, il est le bras armé et le bras d’exécution du programme présidentiel. Avant d’être le bouclier politique dont a besoin le Chef de l’Etat, le 1er Ministre conduit, sous sa bienveillance, les grandes réformes et tous les chantiers de la prospérité. Il faut signaler que le nouveau 1er Ministre est à l’opposé de celui que le Président Kérékou avait expérimenté en 1996. C’est un format qui a ses avantages mais aussi ses limites. Je les exposerai en détails le jeudi 23 août au Centre Culturel Chinois.
Qui sont ceux qui ont collaboré à cet ouvrage ?
Collaborer non. J’ai eu le privilège et l’honneur d’avoir la signature de deux grands Professeurs. Il s’agit du Professeur Holo qui n’est plus à présenter et du Professeur Pascal Chaigneau. Il n’est pas connu du public béninois, mais c’est une des grosses pointures du monde universitaire français. Il est Professeur de Science politique à l’université René Descartes Paris V et Administrateur Général du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS). Sur le Premier ouvrage, j’avais déjà eu l’avant propos du Professeur Jean du Bois de Gaudusson qui est, professeur de Droit public et ancien Président de l’Université Montesquieu Bordeaux IV.
Quelles sont vos ambitions futures ?
En tant que jeune universitaire, j’entends prendre une part très active dans tous les débats de société particulièrement ceux qui relèvent de mon domaine de compétence. J’entends contribuer à faire avancer un certain nombre de questions politiques et institutionnelles de mon pays.
Si vous devez conclure cet entretien
Je commencerai par vous remercier de la tribune que vous m’offrez pour parler de mes idées et les faire partager à mes compatriotes. Je voudrais souligner à l’endroit des décideurs politiques béninois et particulièrement ceux qui animent les institutions de notre pays, qu’un Chef ne sait pas tout. Et parce qu’il ne sait pas tout, il doit se faire éclairer par ceux qui dans leur domaine, ont une expertise avérée. C’est en cela qu’il me semble fondamental que les pouvoirs publics, les partis politiques et tous les animateurs de notre démocratie profitent des mines dont regorgent nos universités. Ils sont nombreux, ceux que l’expérience politique, la pratique des institutions et le savoir universitaire ont consacré dans ce rôle. Je veux citer avec beaucoup de respect les Professeurs Maurice Glèlè-Ahanhanzo, Théodore Holo, Dorothé Sossa, Noël Gbaguidi, Fulbert Géro Amoussouga, Moïse Bossou, Phillipe Noudjènoumè et bien d’autres encore. Nous devons apprendre à solliciter l’aide à la décision qui éclaire le dirigeant politique moderne.
Jeudi 9 Aout 2007
PORTO-NOVO
Le chantage de l'isolement ?
Le week-end dernier, un séminaire s'est réuni sur le sort politique de
Comme si une menace planait sur la ville, ses filles, ses fils et ses habitants, des Porto-noviens se sont dépêchés de plancher sur son sort. Ces Porto-noviens à part entière par ailleurs et aussi authentiques que les autres, ont levé un coin de voile sur une des questions majeures qui hanterait Porto-Novo et ses fils : La ville aux trois noms sera-t-elle avec ou sans le « changement » ? Porto-novo sera-t-elle dans ou en dehors de « l'émergence » ? Bref, Porto-novo sera-elle opposante ou moumancière ?
A première vue, la question parait complètement stupide. S'est t-on jamais posé la question de la couleur et de l'opinion politiques de Natitingou ? Ou encore celles d'Abomey ou de Lokossa ? D'ailleurs, Abomey est-elle de l'opposition ou de la majorité présidentielle ? Lokossa soutient-elle le Président Boni Yayi ou s'oppose t-elle à son Gouvernement ? Depuis quand se pose t-on la question de l'adhésion ou non des populations, considérées comme telles, aux actions d'un Chef d'Etat ? Depuis quand s'inquiète t-on de la position politique d'une ville, en tant que personnalité juridique et entité territoriale, par rapport au Chef de l'Etat ?
Mais comme le débat sur Porto-Novo a été ouvert par des Porto-noviens responsables et très respectables, on ne peut qu'y prêter attention. Parmi ceux qui ont interpellé la conscience de Porto-Novo le week-end dernier, je ne compte que des amis et des proches, même des maîtres au sens propre du terme. Au nombre des amis, je nommerai Agapit Napoléon, Conseiller à
Avant d'explorer l'inquiétude de mes anciens compagnons, soucieux de l'émergence de Porto-Novo, je tenterai de poser autrement la question de « l'émergence » de notre Capitale. Qui menace les Porto-noviens et à cause de quoi ? De quoi les Aïnonvis doivent-ils avoir peur ? De qui doivent-ils se méfier ? Qui en veut à Porto-Novo ?
Au fond, l'inquiétude exprimée par Agapit Napoléon, le Ministre Gnonlonfoun et tous les autres trahit la pensée qu'il y aurait un mal pour la ville à exprimer son état d'âme et ses choix tel qu'elle le fait actuellement. Les organisateurs du séminaire sur l'arrimage de Porto-Novo au train de l'émergence donne l'impression de vouloir éviter à la ville une foudre qui s'abattrait sur elle au cas où elle s'obstinerait à exprimer une opinion jugée hostile au Chef de l'Etat. Les séminaristes ont-il été informés d'une mise à l'écart en préparation ou d'un isolement possible de la ville du fait de ses opinions politiques et surtout de sa réserve légendaire à l'égard de tous les pouvoirs ?
Dans tous les cas, le séminaire de Porto-Novo a le mérite d'ouvrir un débat dont les pouvoirs publics devraient s'approprier. Mais le nouveau thème du débat ne sera pas, comme mon ami Agapit Napoléon l'a fait, celui de s'avoir « si la ville de Porto-Novo peut ou doit éternellement s'opposer aux gouvernements ? » L'objet du nouveau débat ne consistera pas à tenter de forcer la main aux Porto-noviens. Il ne consistera pas non plus à les obliger à divorcer avec un Mari qu'ils semblent bien connaître pour un nouvel amant – un autre encore – qu'ils ne connaissent pas bien, pour ne pas dire : pas du tout !
Je propose que le nouvel objet de réflexion sur Porto-Novo soit sa réhabilitation. Il s'agira cette fois-ci des conditions raisonnables, des modalités pratiques et surtout de l'agenda ou du chronogramme de sa réhabilitation. Parce qu'en fait, l'opinion politique porto-novienne jugée « désagréable » pour et par les gouvernements prend sa source dans les frustrassions de cette ville. Porto-Novo est désormais
Pour mes compatriotes qui ne le savent pas, notre capitale est une citée faite de frustrations. Et de frustrations en frustrations, Porto-Novo a finalement décidé de se confier politiquement à ceux qui, même avec peu de pouvoir, ont porté sur les fonts baptismaux, les quelques infrastructures qui lui donnent des allures, dérisoires peut être, mais allures quand même, de ville à statut particulier.
C'est pour tous ces faits qu'il faut essayer de comprendre le comportement politique de cette ville. A mon avis, ce n'est ni de l'opposition, ni une quelconque rébellion contre un gouvernement, mais seulement une certaine façon d'exprimer son état d'âme et de marquer sa prudence à l'égard de tout volonté politique seulement déclamée mais pas encore suivie d'actes. Seulement, ne peuvent explorer cet état d'âme et comprendre cette prudence que ceux qui savent écouter le bruit du silence ou les vrais interrogateurs de conscience.
Quand on aura fini de faire le tour de ces questions, on comprendra, qu'il serait vain et sans aucune issue de vouloir choisir à la place des Aïnonvis, les nouveaux leaders de Porto-Novo. Cela se fait peut être ailleurs, dans d'autres villes de notre pays. Mais Porto-Novo n'obéit pas à cette logique. Les princes de Porto-Novo sortent des entrailles des électeurs de la ville et du Département. Ils ne sont ni choisis dans les palais officiels ni parachutés comme des commanditaires d'une œuvre dont les Porto-noviens eux-mêmes n'ont pas préalablement déterminé les termes de référence.
Nous devons nous mettre rapidement au travail. Et je suggère modestement que nous nous mettions à respecter les engagements que nous avons pris à l'égard de toutes les cités de notre pays. Reconstruisons, sans exclusive ni exclusion, les villes de notre pays qui doivent lui servir de vitrine. Et comme Porto-Novo est actuellement au cœur du débat politique, comme elle tient, depuis 1960, le record des promesses de reconstruction et de réhabilitation non tenues, il serait bien, que dans un esprit républicain, les pouvoirs publics s'attèlent à cela sans chercher à forcer la main aux habitants de la ville ou à violer leur conscience politique.
Il ne faut surtout pas aller au chantage qui consisterait à intimer aux Porto-noviens, de façon subliminale, l'ordre de divorcer avec leur actuel mari, sans chercher à comprendre les raison de leur mariage et surtout celles de la longévité de leur union malgré la « traversée du désert ». Grosso modo, il faut éviter d'inviter les Aïnonvis à « céder », au risque d'être isolé ou d'être mis à l'écart des grands travaux de développement.
Avec des résultats, Porto-Novo suivra. N'inversons donc pas l'ordre des choses.
C'est ma conviction profonde.
Frédéric Joël AIVO
Ce jeudi 26 Juillet 2007
Les nouveaux talibans
Nous avons élu un Chef d'Etat, mais certains de ses collaborateurs désirent un Mollah. Et depuis, à la place du prince s'érige jour après jours un mollah. Et comme un mollah ne s'entoure que de talibans, ceux-ci semblent également vouloir prendre leur place autour du Chef. Comme des talibans, des conseillers du Chef, ont d'abord tourné le dos à leurs charges républicaines. Contre les efforts du Chef d'incarner la fonction et surtout de polir son discours, ces aviseurs ont fini d'établir dans l'opinion et dans la conscience de leurs compatriotes, la réputation sulfureuse « de conseillers pirates ». Oui de « conseillers pirates » habitués aux mensonges et à la manipulation d'informations calomnieuses et tendancieuses. Ils sont prêts à tout y compris à mettre le feu pour sauver la maison. Quelle drôle de conception que de vouloir sauver une maison en y mettant le feu. En observant certains conseillers du prince, il n'est donc pas exagéré de parler de Kamikazes. Comme de vrais Kamikazes, ces aviseurs du Chef portent à la hanche des ceintures chargées d'explosif et, dans leurs poches, des grenades.
Mais à la différence des vendeurs de la mort, qui pour les autres sèment potentiellement la terreur et pour eux-mêmes génèrent la mort, les conseillers du prince dont nous parlons soumettent la liberté et la démocratie à rude épreuve. Déjà, contre l'évidence, ils soutiennent ce qui n'est pas. Mais le nouveau trait marquant des nouveaux talibans est la tentation totalitaire qui nie aux autres, le droit à la différence et surtout le droit de penser autre chose que ce qui est marqué du sceau officiel du « changement ».
Ceux qui s'écartent de la ligne des idéologues du Prince sont officiellement voués aux gémonies du régime. Ils subissent la foudre du tonnerre. Ce tonnerre est nommé Citadelle. Comme une citadelle imprenable, ce tonnerre qui braille et qui s'ébranle contre les « méchants indisciplinés », est logé dans le Palais le plus officiel de
En réalité est-il possible de loger au Palais, c'est-à-dire dans les entrailles de
Si la réponse est oui, alors nous consentons avoir changé de régime. Si la réponse est oui, nous aurions laissé des totalitaires, au nom de leur foi et de leur conception du service des autres, caresser pour mieux étouffer notre démocratie. Si la réponse est enfin oui, nous aurions ouvert, au sein de la démocratie, une plaie qui peut infecter l'ensemble de l'organe et compromettre sa survie. La diatribe à laquelle le « bébé changeur » s'est livré le lundi dernier est en effet une des nombreuses gouttes qui pourraient faire déborder un jour le vase.
Chaque jour que Dieu fait, le « bébé changeur » prend l'habitude des pratiques de la police politique et d'apprenti sorcier. Chaque jour qui s'égrène des cinq ans du bail du prince, le « bébé changeur » développe, avec une aisance nauséabonde, des méthodes dignes de celles de la gestapo et plus près de nous, du tristement célèbre « petit palais ». Chaque jour qui passe, ses crocs sont encore plus aiguisés, mieux limés contre tout contradicteur. Les hommes politiques, particulièrement les plus « indomptables », sont calomniés et vilipendés. Ils sont présentés comme des aigris ayant quémandé des postes. Les syndicats ne sont pas ménagés. Ils y sont passés. Quant aux simples citoyens qui grognent sur les émissions interactives, ils n'ont pas été non plus épargnés. Quand ils soutiennent le gouvernement, ils sont patriotes et bien inspirés, mais quand ils sont réservés et peu emballés par les actions du Chef, ils sont manipulés et payés par de véreux politiciens en mal de popularité. La Citadelle, qui n'est guère imprenable, ne saurait être « la voix de la révolution », comme elle ne saurait non plus être un poids lourd lancé à vive allure contre l'édifice démocratique construit au prix du sacrifice et du sang des Béninois.
Que diantre avons-nous fait pour mériter d'assister à un théâtre auquel notre peuple a renoncé ! Que diantre avons-nous fait pour voir ressurgir, dans le silence le plus officiel, des pratiques d'une époque révolue et des méthodes d'un totalitarisme obscur !
Cette facilité des « conseillers pirates » du Prince à se retourner immédiatement et systématiquement contre ceux qui pensent le contraire de leurs opinions ou qui ne partagent pas leur lecture des faits est contraire à l'idée même du pluralisme politique qui a toujours soutenu l'exception démocratique béninoise. Cette attitude est d'autant inquiétante qu'elle est sans mesure, irréfléchie et bête. Et en tant que telle, elle abâtardit ses concepteurs et les ramène à l'intolérance et à la violence politiques dont les Talibans firent férocement et inintelligemment preuve en Afghanistan.
C'est pourquoi l'attitude des « conseillers pirates », logés et tapis dans les institutions républicaines, nous rappelle la violence des gourous du PRPB ou l'ingénierie cynique des soviétiques ou encore, la sauvagerie politique des Khmers rouges. Mais, dans tous les cas, idéologues illuminés du PRPB, cyniques Soviétiques ou encore sauvages Khmers rouges souffraient de la même pathologie : le refus obstiné de la liberté de pensée et de parole. Ils partageaient aussi l'intolérance politique, inintelligence des situations et la violence contre leurs adversaires. Bref, la négation de l'autre.
En somme, au-delà d'avoir déjà confirmé d'être des « conseillers pirates », ceux qu'identifient désormais les Béninois, mériteraient d'être assimilés à des Talibans. Mais de lâches talibans cachés derrière des ordinateurs et un papier torchon pour lyncher ceux qu'ils sont incapables de combattre loyalement et légalement. Quand on a pu manipuler, par le passé, toujours caché derrière un ordinateur, des photographies de cadavre, comment n'est-il pas possible de déconstruire un édifice ou de briser une vitrine par l'ignorance, l'intolérance, en un mot, par une sauvagerie politique naissante !
Monsieur le Président de la République, pour la démocratie, vite, arrêtez-les.
C'est ma conviction profonde.
Frédéric Joël AIVO
BONI YAYI OU LA VENGEANCE DU PEUPLE
BONI YAYI OU LA VENGEANCE DU PEUPLE
En cette période quasi euphorique pour beaucoup, je sais précisément ce qu'il ne faut pas dire. Le politiquement correcte m'aurait conduit à dire que peuple s'est exprimé et qu'il faut respecter son choix souverain. Mais en citoyen libre, je ne m'empêcherai pas de faire mes observations et de partager avec vous les quelques enseignements tirés du dernier scrutin présidentiel.
DES RAISONS D'ESPERER
Comment ne pas avouer que les résultats des dernières élections présidentielles sont riches d'enseignements imprévisiblement prévisibles. Finalement, nous avons évité le pire pour notre pays. Le processus est allé à son terme contre le souhait de tous les prédateurs tapis dans les arcanes du pouvoir d'alors. Le pire est derrière nous, car nous avons un nouveau Chef d'Etat. « Le Président est mort, vive le Président ». Je l'avoue, ce n'était pas celui que j'aurais voulu pour mon pays. Tant le défi à relever après Mathieu Kérékou est immense. Et contre l'avis de beaucoup, sans nier l'urgence des réformes économiques et sociales, je soutiens que l'essentiel et le plus urgent est de rationaliser l'exercice du pouvoir politique et surtout de discipliner l'univers des partis, leur formation, leur financement, leur gestion, et leur rapport avec l'Etat. Mais comme on dit, « vox populi, vox dei ».
Pour le soutien d'Adrien Houngbédji que je suis, s'il y a un motif de satisfaction dans l'issue de ces présidentielles, c'est que le Président Boni YAYI ne gouvernera jamais autant mal que son prédécesseur. Ce qui me semble acquis, est que le pouvoir ne sera plus aussi absent des grandes préoccupations des béninois, des enjeux de notre société et des angoisses de notre peuple. Le pouvoir YAYI, me semble t-il, ne donnera pas l'impression, comme ce fut le cas de ces 10 dernières années, d'être impuissant, inefficace, abstrait, compromis et exclusivement tourné vers la satisfaction des seuls intérêts des apprentis politiciens appelés au service de nos compatriotes.
L'AMALGAME FATAL
Le moins qu'on puisse constater est que la sentence a été fatale pour la classe politique, notamment pour les plus grands des partis qui animent depuis 1991, la nouvelle scène du renouveau démocratique. Ni Adrien Houngbédji, ni Bruno Amoussou ne s'est vu installer au Palais de la Marina le 6 avril 2006. Et pourtant comme beaucoup le pensaient, à bon droit d'ailleurs, Adrien Houngbédji ne s'était jamais autant retrouvé aux portes du pouvoir suprême. Jamais l'homme n'avait rassemblé autour de ses idées et des valeurs qu'il incarne, autant de partis, de personnalités, d'associations issus de tous les courants politiques, de toutes les aires géoculturelles et ethniques de notre pays. Mais le peuple souverain en a décidé autrement, confirmant que nous sommes bien en démocratie et que dans ce modèle lui et lui seul a le dernier mot.
Les lecteurs de cette tribune, me pardonneront d'écrire que j'ai été très déçu par le sort réservé par nos concitoyens à Maître Adrien Houngbédji. Car Maître Houngbédji est cet homme dont la très grande majorité des béninois convient de l'attachement à la paix et à la démocratie, de son respect du bien commun et surtout de son intégrité quant à la gestion des affaires publiques. Mais en bon démocrate, je ne peux contester la sincérité du verdict des urnes parce qu'il est défavorable à mon candidat, pas plus qu'il me ne viendrait à l'esprit d'affirmer que le peuple à tort.
Notre peuple à raison et a mille et un motifs de prendre sa revanche sur un leadership amateur, corrompu, prédateur et très inefficace. La sanction du pouvoir Kérékou me paraissait indispensable car dans notre pays, le pouvoir politique ne fut jamais autant dangereusement compromis avec la pègre dans le grand banditisme, le blanchiment d'argent, les prises illégales d'intérêts et les transactions ouvertement frauduleuses. Le pouvoir politique sous le Président Kérékou n'a jamais été aussi absent des grands sujets de société et des réelles préoccupations des béninois. Empêtré dans ses propres contradictions, dans la négociation et le marchandage de ses propres prébendes tels des 4X4 pour les députés, la nomination d'un médiateur de la République ou encore, l'exclusion d'un candidat, la majorité présidentielle se détourna alors de l'essentiel : Réformer, réformer et toujours réformer.
Mais j'ai le profond sentiment en ce qui concerne Adrien Houngbédji, qu'il a été fait comptable d'un bilan dont il n'était pas directement responsable. Je le crois profondément. L'élection de Boni YAYI – dont les qualités et les compétences ont compté pour beaucoup – est pour moi la revanche du peuple béninois contre l'élite gouvernante de ces dix dernières années. Il serait peu raisonnable et totalement malhonnête d'y inclure les 5 années de présidence Soglo, car des efforts y ont été faits et des réformes engagées. Les résultats du pouvoir Soglo sont probants. Seuls les deux derniers mandats me semblent en cause. Et à ce propos, comme me le faisait très justement remarquer un ami, Ingénieur en financement et planification des projets, l'histoire politique de notre pays enseigne que l'après Kérékou a toujours ouvert une présidence de défi. Après lui en 1990, Nicéphore Soglo devrait conduit des travaux d'hercule tant le désastre étant profond et l'effondrement abyssal. Aujourd'hui, le cahier des charges du Président Boni YAYI et les espoirs placés en lui par ses électeurs sont à la mesure de l'état de délabrement dans lequel dix ans de déni de gouvernance nous ont plongé.
LA PHOBIE DES GRANDS PARTIS ET LES MARCHANDS DE RÊVES
Comment aurait-il pu en être d'ailleurs autrement ? Sans éluder les responsabilités d'Adrien Houngbédji lui-même, avant et pendant les élections, je crois qu'il y a des causes et facteurs sur lesquels le favori qu'il était n'aurait pu avoir aucune prise. Les 10 ans de Kérékou ont laissé le pays dans un état de délabrement économique, politique, moral mais aussi psychologique. C'est un fait et les gens – essentiellement les marginalisés dont Mathieu Kérékou se faisait le porte parole – en avaient marre. Malheureusement, comme tous les apprentis politiciens, les affairistes et autres aventuriers qui ont saigné le pays sous Mathieu Kérékou, Adrien Houngbédji a été tenu comptable de cette situation dont il n'était pas directement responsable.
Malheureusement, dans la brèche du mécontentement légitime de nos compatriotes et dans leur aspiration au bien être, se sont engouffrés tous les illusionnistes et les vendeurs de rêves. Ce mal être des « marginalisés » et la révolte du peuple contre l'establishment établi par Mathieu Kérékou ont hélas remis en scène tous les partis morts, les partis du tube digestif, les mouvements sectoriels, les aigris et les personnalités qui n'ont décidément pas digéré la retraite imposée par les électeurs au fil des années. Et pour parvenir à leurs fins, ils ont très tôt proclamé l'incapacité de la classe politique. Ils ont opposé la classe politique à la technocratie. Les méchants politiciens aux vertueux technocrates. Mais ma conviction profonde est que la vie politique de notre pays n'est pas un univers manichéen. C'est à dire d'un coté, les bons technocrates, démocrates, patriotes, vertueux et de l'autre les méchants politiciens, véreux, prédateurs et inconscients. Toute analyse qui tendrait à nous le faire croire serait complètement immodérée et dénuée de toute objectivité.
Le paradoxe est que les pourfendeurs de la classe politique sont tous des hommes politiques, d'anciens ministres, d'anciens parlementaires évincés ou encore en poste. De ce fait, ils portent plus que quiconque, la responsabilité du désastre de la gestion du Président Kérékou. Le paradoxe encore et enfin est qu'ils n'ont pas pour autant renoncé à faire de la politique. Pourquoi avoir alors autant brocardé l'activité politique lorsqu'on sait qu'on ne gouverne pas un pays sans faire de la politique ? Pourquoi avoir fait ce portrait des hommes politiques quand on sait qu'on reviendra devant la scène ou dans le gouvernement grâce à un appareil politique ? La vérité est que cette apologie de la technocratie messianique cache la phobie des petits partis pour les grands. Le PRD et le PSD aujourd'hui – mais avant eux en 1996 la RB – ont fait les frais de cet invariant de notre vie politique. La vérité est que depuis 1960 jusqu'à nos jours aucun parti, ni petit ni grand, n'a réussi à gagner les élections par ses propres soins. C'est pourtant la règle dans tous les pays du monde y compris dans les pays de notre sous région. Avons-nous pour autant raison de continuer à développer la phobie des grands partis ? Sommes-nous fondés à vouloir construire notre système politique sur l'éclatement, la clanisation, ethnicisation et la régionalisation des partis ?
L'ILLUSION ET LES RISQUES D'UN LEADERSHIP APOLITIQUE
La composition de la nouvelle équipe gouvernementale, dont je ne doute pas des qualités et de la bonne volonté porte, à mes yeux, tous les fondamentaux de la gouvernance du Président Kérékou. C'est à dire un Pouvoir essentiellement périphérique, sans parti majoritaire, donc sans majorité claire, cohérente et stable au Parlement, un pouvoir morcelé en autant de soutiens, un pouvoir divisé et tellement éclaté qu'il finit pas perdre son souffle et son efficacité. Cette fois-ci, nous ferons aussi l'expérience d'un gouvernement qui se veut apolitique avec plus d'une dizaine de membres, sur 22, indépendants des partis politiques. Nicéphore Soglo l'avait expérimenté en 1991, mais ces indépendants apolitiques ont fini par se rendre à l'évidence, en devenant quelques mois plus tard, des chefs de partis ou au mieux des animateurs de la vie politique. Pendant combien de temps nous illusionnerons-nous qu'on pourrait diriger un pays sans faire de la politique ? Pendant combien de temps refuserons-nous encore aux partis politiques de jouer leur rôle ? Je crains qu'au plan politique, tous les éléments d'un immobilisme, d'une cacophonie, bref d'un Kérékou bis soient réunis.
LES DEFIS DU PRESIDENT BONI YAYI
Pour moi, l'élection du Président Boni YAYI est la vengeance de ce peuple contre son élite, c'est la vengeance des « marginalisés » et des « laissés pour compte » contre celui qui s'est approprié pendant plusieurs décennies, de leurs conditions sociales et de leur mal être. Je souhaite beaucoup de courage au nouveau Chef de l'Etat, confortablement élu et titulaire d'une lettre de mission très exigeante. La réussite de sa mission se mesurera sur le terrain de la lutte contre la pauvreté, l'enrichissement sans cause et la réduction des illégalités sociales. Mais son indépendance vis-à-vis de ses « généreux bienfaiteurs » en est la condition sinon le préalable.
C'est au Président Boni YAYI qu'il revient, par son bilan, de justifier que ces soutiens n'ont pas cyniquement utilisé le désarroi du peuple et subtiliser à Mathieu Kérékou la demande sociale des marginalisés qui fut jadis son fond de commerce politique. C'est toujours au Président YAYI et à lui seul de porter le démenti à tous ceux qui ont dénoncé une manipulation politique des vieux marchands de rêves et des habitués de slogans incantatoires sans incidence sur la vie des béninois. Il reviendra enfin au Président de la République, décidément lui, de donner tort à ceux de nos compatriotes qui ont prévenu, de bonne ou de mauvaise foi, contre l'illusion de la technocratie messianique.
C'est donc à ces conditions que le nouveau prince ralliera à sa cause tous ceux qui ont parié que le piège de la pègre s'est refermé sur lui au deuxième tour et que les griffes de la mafia ne tarderont pas à atteindre la périphérie et, peut être plus tard, le cœur de son pouvoir.
Fidèlement.
Frédéric Joël AIVO
Conseil en Gouvernance et
Management des Politiques publiques
Chargé d'Enseignement de Droit public
et de Science Politique. Université Lyon 3