Après le scrutin du dimanche et les grandes tendances:
Les nouveaux rapports de forces politiques
In le matinal25 avril 2008
Les élections municipales, communales et pour la
désignation des conseils de quartiers et de villages du dimanche dernier ont
révélé la valeur des forces politiques actuelles. Outre quelques partis
traditionnels qui ont maintenu dans une certaine mesure leurs fiefs, la percée
des groupes politiques de la mouvance change les rapports de force.
Avec les
grandes tendances annoncées ça et là, les candidats de la liste Forces cauris
pour un Bénin émergent (Fcbe) ont fait de bonnes percées dans le Plateau et
surtout dans les fiefs originels du Mouvement africain pour la démocratie et le
progrès (Madep). La situation a été pareille dans plusieurs régions du
septentrion et dans les collines. Les autres formations politiques
traditionnelles ont dans une certaine mesure, sauver leurs zones habituelles
d’influence. C’est le cas du Parti du renouveau démocratique (Prd) dans la
ville de Porto-Novo et dans certaines régions environnantes, la Renaissance du
Bénin (Rb) dans Cotonou, Abomey, Bohicon et autres, celui du Parti social
démocrate (Psd) dans les régions du département du Couffo. Le Rassemblement
pour les démocrates libéraux (Rdl Vivotin) de Séverin Adjovi a refait surface
quand le leader s’est stratégiquement replié dans son Ouidah natal. Les
éléments Force clé ont également marqué leur présence dans leurs fiefs dans les
régions de Tori dans le département de l’Atlantique et dans Zogbodomey et
environs dans le département du Zou. C’est également le cas de leurs collègues
du G13 à Malanville, Karimama, Tanguiéta, Natitingou. C’est seulement Parakou
qui leur aura échappé contrairement à ce qu’on aurait pensé. On a senti une
présence très remarquée de l’Union pour le travail et la démocratie (Utd) dans
la vallée de l’Ouémé avec le député Justin Agbodjété qui a su se maintenir
depuis bientôt plus de deux législatures. Dans les autres cas, c’est le camp
présidentiel qui a montré ses capacités sur le terrain. A côté, c’est le Madep
qui est vraiment en baisse de forme. Mais il y a aussi le Prd qui n’a su sauver
certaines communes comme par le passé dans son fief du département de l’Ouémé.
C’est le cas des communes d’Adjohoun et de Bonou. Si la situation à Adjohoun
est obligée d’être décantée par le jeu des alliances, la commune de Bonou est
prise d’assaut par le G13 avec les éléments du député Sacca Ficara. Dans le cas
actuel, c’est probablement l’ancien président des Dragons Fc Aliou Raïmi ou son
collègue de la même liste G13, l’ancien directeur général du groupe de presse
« Le Républicain », Isidore Zinsou, qui sont actuellement en train de
discuter le poste de maire. Et personne ne peut dire avec précision
l’issue de l’alliance que le parti de Me Adrien Houngbédji a fait dans la
commune de Sakété avec le mouvement Fed de Karimou Rafiatou dont le protégé
maire sortant Rayliou Arinloyé serait sur la logique de rempiler quoi qu’il en
coûte. Et on est en droit de se demander ce que fera Me Adrien Houngbédji qui
est tenu de respecter son engagement avec le Fed tout en protégeant ses liens
dans le G4. Parce qu’il a besoin de tout ce monde dans son programme de 2011.
Des
raisons diverses
A voir de près, ces différents résultats du dimanche dernier ne sont pas dus à
des faits inconnus. C’est d’abord le concept du fils du terroir qui a prévalu.
A ceci s’est ajouté la force de l’argent dans les élections en République du
Bénin. Il faut reconnaître que ce sont des élections locales et au-delà des
partis politiques, les populations ont, après tout, voté pour leurs frères et
leurs parents. C’est après avoir pris conscience de la situation et en
s’éloignant de Cotonou que Séverin Adjovi a enfin relevé le défi dans son
Ouidah à la suite de plusieurs élections qui ne lui ont pas marché. Il y a eu
aussi le cas d’un certain Pierre Adjaka avec qui la liste Mac Michité a pu
arracher son seul siège dans l’arrondissement de Gbéko dans la vallée de
l’Ouémé. Les populations de Karimama ont bien voté pour les éléments du député
Bako Arifari comme c’est le cas pour son ancien collègue Modeste Kérékou dans
Natitingou. Et puis, l’argent aura également été beaucoup déterminant dans
les résultats de ces élections locales. Plusieurs candidats interrogés, ont
expliqué avoir englouti des millions dans ce scrutin avant d’avoir gain de
cause. Et leurs adversaires qui n’ont pas eu assez de moyens ou qui ont préféré
se faire des économies se sont retrouvés devant le fait accompli. C’est de
cette manière qu’il convient de voir l’échec du Madep, orphelin de l’absence du
richissime homme d’affaires Séfou Fagbohoun dans ses fiefs habituels. Son
premier vice-président, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Antoine
Kolawolé Idji n’est pas dans la logique de l’achat des consciences pour gagner
les élections. Il l’a fait savoir à maintes occasions et presque tous ses fiefs
sont tombés dans les mains de ses adversaires qui, en dehors des moyens, ont
utilisé le nom du président Yayi Boni pour damer les pions au Madep même dans
certains bureaux de vote d’Adja-Ouèrè, commune natale de Séfou Fagbohoun. Mais,
il y a la façon dont les groupes Fcbe ont été constitués qui a également joué.
La Fcbe a été le creuset des groupes politiques des militants frustrés des partis
traditionnels. Ils se sont mis ensemble pour être suffisamment forts et pour
mieux combattre le Prd, le Madep, la Rb , le Psd et mêmes certains ténors du G
13 dans certaines régions. Le résultat a été net dans Sèmè-Kpodji où le Prd et
la Fcbe sont, au regard des derniers chiffres, aux coudes-à-coudes et les
négociations doivent être très serrées avec les deux groupes des indépendants
avant la désignation du prochain maire de la commune. Idem dans la commune
d’Avrankou où les chiffres actuels ne confortent pas trop le Prd qui avait en
2007 triomphé de ses adversaires avec un bon score qui a fait élire le député
Augustin Ahouanvoébla contre tous.
Un
avenir plutôt flou pour la Fcbe et le président Yayi Boni
Si les résultats actuels donnent une certaine avancée aux groupes Cauris dans
certaines régions du pays, il faut craindre des surprises à l’avenir. C’est le
malaise qui prévaut actuellement à l’Assemblée nationale au point où les
députés Fcbe originels comme leurs autres collègues qui ont prêté le serment de
législature ne semblent plus être trop liés par leur engagement au profit du
chef de l’Etat qui doit aider à entrevoir ce qui pourrait se passer les
semaines à venir. Surtout que le président Yayi Boni ne tient pas souvent ses
engagements et les courtisans qui ont leurs intérêts à sauvegarder, ne manquent
pas aussi d’arguments pour se détruire entre eux. Dans le cas actuels où
beaucoup de moyens ont été déjà mis à leur profit et le bilan est très lourd
avec des résultats à la limite minables, le président Yayi Boni qui n’a pas
besoin de ses nouveaux élus de si tôt, pourrait momentanément leur tourner dos
pour réorganiser d’autres groupes en prévision des enjeux de 2011. Et le
prochain réaménagement de l’équipe gouvernementale ne sera pas aussi sans conséquence
sur les rapports entre le chef de l’Etat et les membres de la Fcbe qui auraient
bien voulu jouer de grands rôles après ce scrutin du dimanche. Mais, le
président Yayi Boni lui, peut voir autrement. D’ailleurs, les problèmes en
instance à l’Assemblée nationale, les clivages actuels entre lui et certains
députés et le souci de faire la paix avec les dinosaures de la classe politique
nationale obligent, par ces temps qui courent, une autre stratégie au sommet de
l’Etat. Et pour finir avec toutes ces difficultés en vue d’un retour immédiat à
la paix, le Dr Yayi Boni pourrait facilement chercher à sacrifier en attendant
ses nouveaux compagnons. Une situation qui pourrait être mal vu et servir de
base à de grands désaccords.
Jean-Christophe
Houngbo
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