Des risques de troubles politiques en vue
17 mars 2008
Le paysage politique a semblé s’éclaircir avec la
sortie médiatique de la vieille garde politique qui allait se constituer en
opposition. Ce dont la démocratie a besoin comme du fortifiant ou de la
vitamine pour son épanouissement et son renforcement. Mais aussitôt la
déclaration faite, que des voix de ceux qui profitent ou qui aspirent profiter
du pouvoir en place se sont élevées contre l’élan d’opposition.
La
démocratie béninoise serait-elle en danger ? Difficile à l’heure actuelle
de répondre par l’affirmative. Mais pour le moment, il est indéniable qu’elle
court des risques énormes de remise en cause si l’on n’y prend garde. La remise
en cause du processus démocratique, chèrement acquis à la conférence des forces
vives de la nation de février 1990, et jalousement entretenu depuis dix huit
ans, semble ne plus être loin. Elle pourrait se manifester par des violences
verbales aux conséquences incalculables sur le tissu social et de ce fait, la
paix, si chère aux Béninois recevrait un sérieux coup. Ce n’est pas une
prophétie. C’est l’expression d’une appréhension. Depuis au moins dix huit ans
au Bénin, tout se fait par voie de consensus. En l’absence de ce principe, le
risque est très grand que la paix sociale reçoive un coup dur. Cela n’arrive
pas seulement qu’aux autres. Si les pays frères et amis du Bénin se trouvant
sur le continent noir tels que la
Côte d’Ivoire et le Rwanda ont connu des guerres civiles, ce
n’est pas pour des choses extraordinaires. C’est tout simplement la forte
propension de l’Exécutif à ne pas faire de concessions, à ne pas se mettre au
dessus de la mêlée, à ne pas accepter la différence, qui en sont les causes. Et
le Bénin dans les conditions actuelles où les plus grands ténors de la vie
politique nationale s’affrontent, notamment entre les membres de l’Exécutif et
les politiques, il y a des raisons de s’inquiéter et de s’interroger. L’opinion
publique nationale, depuis le 06 avril 2006, a décrié l’absence d’une opposition au
Bénin du fait que tout le monde soit de la mouvance présidentielle. Cela se
comprenait aussi. Car en dehors de Me Adrien Houngbédji qui était
constitutionnellement appelé à prendre part au deuxième tour du scrutin pour la
présidentielle de mars 2006, tous les autres s’étaient constitués en une
alliance pour porter au pouvoir le Dr Yayi Boni. Mais après deux ans d’exercice
du pouvoir, sur un mandat de 5ans, il est loisible de faire des critiques pour
faire avancer le pays. Dans leur déclaration du mercredi 12 mars 2008,
Nicéphore Dieudonné Soglo, ancien président de la République Bruno
Amoussou, Adrien Houngbédji et Antoine Idji Kolawolé, anciens ministres et
ancien président de l’Assemblée nationale, ont selon eux, exposé la situation
sociopolitique nationale. Il est évident qu’on ne peut pas battre en brèche, au
motif que l’argumentaire de leur déclaration est totalement biaisé et qu’il n’y
a pas une part de vérité dans ce qu’ils ont dit. Ce qui est aussi évident,
c’est qu’on peut relever des insuffisances dans cette déclaration commune aux
formations politiques de la
Renaissance du Bénin (RB) de Rosine Soglo, du Parti social
démocrate (PSD) de Bruno Amoussou, du Parti du renouveau démocratique (PRD) de
Me Adrien Houngbédji et du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès
(MADEP) de Antoine Kolawolé Idji. Et le pouvoir, comme un père de famille
devrait comprendre et y tirer si nécessaire des enseignements pour continuer
sans tambour ni trompette l’accomplissement de la mission constitutionnelle et
républicaine qui lui est confiée par la Nation. Car la vérité est que le pays
n’appartient pas aux seuls membres de l’Exécutif qui semblent, en tout temps,
faire comprendre qu’ils détiennent la science infuse. Le pouvoir devrait
comprendre en guise de lamentations, les jérémiades de ceux qui ne profitent
pas du pouvoir. Mais l’exécutif et en l’occurrence le président de la République, en tant que
garant de la paix sociale, de la cohésion et de l’unité nationale devrait
interdire à ses proches et lointains collaborateurs et autres affamés en quête
d’aumône de répondre ou d’apporter de cinglantes répliques à toutes les
préoccupations de la vieille garde politique qui a longtemps peiné et qui
semble être à présent déterminée pour se constituer en une opposition
constructive. Cette vieille garde réclame la signature du décret d’application
de la loi portant statut de l’opposition. N’est-ce pas une bonne chose pour la
démocratie ? Le pouvoir du changement, soucieux du renforcement du système
démocratique béninois, devrait aller dans ce sens. Mais à force de vouloir
donner tort ou jeter du discrédit ont encore à force de vouloir traiter les
ténors de la vieille garde politique, qui en encore et pendant longtemps leur mot
à dire, d’ennemis du changement, c’est préparer lentement, maladroitement,
consciemment ou inconsciemment, mais méthodiquement le lit à des troubles
sociopolitiques qui compromettraient dangereusement le processus démocratique
encours au Bénin. Mais le génie béninois est très mature et saura toujours
comme par le passé et avec des moyens et des méthodes les plus pacifiques
sortir le pays de crise.
Jean-Claude
Kouagou