Difficultés commerciales entre le Bénin et le Nigeria:
Embargo sur les véhicules d'occasion venus de Cotonou
14 mars 2008-in le matinal
Des centaines de véhicules d'occasion en provenance de Cotonou sont interdits d'entrer au Nigeria. La situation qui date d'au moins trois semaines serait la réplique des autorités d'Abuja de mettre un terme à l'usage de ces véhicules dans leur pays.
Plusieurs centaines de véhicules d'occasion bloqués aux frontières de Kraké plage, d'Igolo et des circuits frauduleux de Pobè et le flux de vente de ces voitures communément appelées 'venues de France' drastiquement en baisse sur tous les parcs à Sèkandji et autres. C'est depuis un peu plus de trois semaines que le Nigeria a pris cette décision et le nombre des agents de douane a été revu à la hausse au niveau de toutes les installations frontalières pour la cause. Ces agents très intransigeants, sont actifs de jour comme de nuit, a-t-on appris hier à Igolo et ne cèdent pas à la corruption contrairement aux autres fois. C'est pratiquement la même situation qui a prévalu au niveau de ces installations frontalières quand le Nigeria, sous le Général Olusengu Obasenjo a interdit l'entrée dans son pays des produits importés en provenance du Bénin comme le riz, la volaille et le textile etc. Mais à l'époque, les agents de douane nigérians déversés sur les lieux ont été moins durs et avaient fermé les yeux sur les translations de leurs compatriotes qui opéraient par la brousse. Malgré cette douceur dans la gestion de l'opération, plusieurs commerçants béninois qui se sont enrichis pendant des années sont tombés et ont dû changer d'activité. Du côté de Sèkandji, la situation est pareille et les importateurs qui sont bloqués depuis des jours, ne savent pas à quel saint se vouer. C'est la désolation générale et la panique se sont emparées de ces importateurs nationaux comme étrangers. Au regard des millions engloutis dans cette affaire ces dernières années pour se remplir les poches, un importateur rencontré sur le parc Mivo hier, explique avoir fait venir dans le pays de nouvelles formes de véhicules lorsque l'embargo lui a été annoncé. « C'est plusieurs millions de perte pour moi » a-t-il déclaré pour finir par montrer que la crise économique actuelle au Bénin ne permet pas aux citoyens de changer leurs véhicules, même branlants. Alors que la vente a lourdement diminué, le nombre de voitures dans les parcs a augmenté avec ce que cela entraîne comme moyens déjà engloutis dans les taxes et qui vont se poursuivre.
Le
banditisme s’est accru à Kraké plage
L’accumulation des véhicules au niveau de la frontière de Kraké plage depuis
des semaines, semble avoir donné un coup de pouce à la délinquance. Selon un
revendeur nigérian qui était hier à la place de Kraké pour contrôler ses
véhicules, les malfrats ont déjà dépiécé certains. En l’espace de trois semaines
donc, plusieurs véhicules ont perdu leurs rétroviseurs, d’autres les phares et
bien d’autres petites pièces. C’est à la tombée de la nuit que les malfrats
descendent sur le parc pour opérer en toute quiétude. Selon certains éléments
de la police béninoise, il semble que c’est pour décourager les importateurs de
ces véhicules vers le Nigeria que personne ne songe à la sécurité de ces
voitures parquées à la frontière de Kraké plage.
Les
raisons de l’embargo
Les véhicules d’occasion sont interdits d’entrée au Nigeria depuis des années.
Mais, les importateurs ont fait jusque là, la sourde oreille. Et, pour
contourner les éléments des forces de l’ordre, les véhicules en provenance de
Cotonou sont d’abord parqués dans la brousse au niveau des frontières par les
convoyeurs qui attendent le top avant de continuer leur route. Parfois, pour
leur faciliter la tâche, les importateurs reviennent sur les lieux avec de
fausses plaques minéralogiques d’origine nigériane pour les placer aux
véhicules avant le départ. Ces voitures venues de France sont ensuite
acheminées vers les garages pour être remises à neuf avant la vente. Selon les
mêmes sources, le trafic a créé de monstres difficultés aux concessionnaires de
véhicules installés dans les grandes villes nigérianes qui doivent désormais
attendre les commandes gouvernementales pour vendre. Situation qui a entraîné
des plaintes jusque là insolubles. Et l’Etat fédéral dépassé par les
événements, a dû profiter des clauses internationales de la lutte anti
pollution pour interdire le trafic de ces véhicules d’occasion. Des consignes
fermes ont été données au niveau de toutes les frontières pour la cause. Mais
la corruption qui a toujours gangrené le système douanier dans la sous-région
ouest africaine, n’a pas permis de régler le problème. Mais les
concessionnaires de véhicules neufs très préoccupés par l’ampleur des méventes
et les chiffres d’affaires qui ne cessent de baisser, ont dû taper du point sur
la table pour obliger Abuja à changer de politique.
Jean-Christophe
Houngbo
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