Face-à-face Boni Yayi-Conférence des présidents :
La rencontre a accouché d'une souris (Le soldat Mathurin Nago sacrifié)
Ecrit par Affissou ANONRIN
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La rencontre tant attendue entre le Chef de
l'Etat et la conférence des présidents de l'Assemblée Nationale a accouché hier
d'une souris. A l'étape actuelle des choses, aucune avancée significative n'a
été enregistrée. Le Chef de l'Etat, le Dr Boni Yayi a préféré baigner dans le
dilatoire plutôt que d'accéder à la requête de ceux qui ont souhaité le
rencontrer. Visiblement, la thèse selon laquelle le Chef de l'Etat a choisi de
précipiter le président de l'Assemblée Nationale se confirme.
Le Chef de l'Etat, le Dr Boni Yayi est véritablement décidé à ne pas sauver le
soldat Mathurin Nago aujourd'hui sur la braise à l'Assemblée Nationale. La
rencontre d'hier entre la conférence des présidents de l'Assemblée Nationale et
le Chef de l'Etat dont on attendait beaucoup de choses a finalement accouché
d'une souris. Pas d'avancées significatives dans les débats. Et pourtant, les
revendications des députés qui tiennent la majorité présidentielle par le bon
bout à l'Assemblée nationale sont on ne peut plus claires clairement signifié.
Entre l'installation dans l'immédiat des 24 conseils communaux bloquée par le
gouvernement pour une sortie de crise à l'Assemblée Nationale et la poursuite
délibérée de la violation des lois de la République, le Chef de l'Etat a fait son choix :
poursuivre le dilatoire. Selon des sources proches du Palais de la Marina, les échanges au
cours de la rencontre d'hier entre le Chef de l'Etat et la conférence des
présidents de l'Assemblée Nationales ont malheureusement achoppé sur le
point relatif à l'installation sans délai des 24 conseils communaux. Après
avoir écouté les uns et les autres, le Chef de l'Etat qui ne mesure pas encore
la portée du risque qu'il fait courir à sa population n'a affiché aucune
volonté d'accéder à la requête de ses interlocuteurs. Plutôt que de prendre une
décision là et maintenant, le Chef de l'Etat s'est borné à demander à son
ministre de la décentralisation de lui faire un point sur le dossier à partir
de ce qui est connu déjà et de ce qu'ont déclaré les membres de la conférence
des présidents de l'Assemblée Nationale. Les échanges ne sont pas allés plus
loin que ça avant que les deux parties ne se séparent. Cela prouve que la
logique selon laquelle il faut attendre que la Cour Suprême vide les
recours qui lui sont adressés est encore d'actualité. Si non, qu'est-ce qui
pourrait empêcher le président de la République, garant de l'ordre public, des textes
et de la Constitution
d'ordonner dans les instants qui suivent l'installation des 24 conseils
communaux en souffrance conformément à la loi. De toute évidence, la situation
ne profite pas au Président de l'Assemblée Nationale, encore moins au Chef de
l'Etat, le Dr Boni Yayi qui aura ainsi choisi de sacrifier le soldat Mathurin
Nago sur l'autel de ses intérêts. Les conséquences suivront. Déjà, les
prochaines sessions ordinaires de l'Assemblée Nationale demandées par le
gouvernement vont revêtir des couleurs lugubres. Les députés, déçus dans leur
grande majorité par la manière dont le Parlement est dirigé vont se débarrasser
de leur capitaine qui gère mal le brassard. A l'analyse, c'est un sacrifice
utile pour la renaissance du Parlement béninois qui a déjà pris trop d'eaux.
L'impasse pour le gouvernement sera aussi inévitable. Car, la menace de ne plus
mettre à la disposition du pouvoir Exécutif des lois qu'il violera allègrement
après est persistante. Quel sera alors l'avenir des lois portant ratification
d'accords de prêts et de crédits ? C'est la grande question qu'il
convient de se poser. Les nombreux projets de développement pour lesquels le
gouvernement sollicite des ratifications nécessitent une grande implication des
communautés à la base. Comment pourra-t-on gérer convenablement ces projets à
gros financement si les communautés à la base vivent dans une insécurité administrative
marquée par la non installation des personnes sur lesquelles elles ont porté
volontairement leur choix et que le gouvernement refuse de reconnaître ?
C'est l'autre grande interrogation.
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