"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

GSM :

GLOBACOM signe la convention … sans débourser ni signer le cahier de charge !

In la Nation-Simple et rapide, la cérémonie de signature de convention de licence entre l’Etat béninois et l’opérateur nigérian GLOBACOM Limited, a eu lieu, hier lundi 20 août, mais n’a pas été suivie de remise de chèque ! La délégation de GLOBACOM Limited était conduite par le PDG adjoint Adewale Sangowawa, cependant que le gouvernement béninois était représenté par trois ministres : Désiré Adadja de la Communication et des Technologies de l’Information et de la Communication, Soulé Mana Lawani des Finances et Gustave Anani Cassa de la Justice. Les membres de l’Autorité transitoire de régulation des postes et télécommunications étaient aussi de la partie.

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

Le ministre Désiré Adadja a d’abord rappelé les conditions fixées par le Conseil des ministres et indiqué que si la signature de la convention n’a pas eu lieu au cours de la semaine du 13 au 19 août comme prévu initialement, c’est parce que des formalités, des documents n’étaient pas finalisés et que tout cela n’a été fait que dans la journée d’hier. Il mentionnera aussi que pour faire face à la crise qui secoue le secteur, le gouvernement a décidé de renforcer les capacités de l’opérateur historique LIBERCOM, d’ouvrir le dialogue avec les deux réseaux suspendus et d’ouvrir le secteur à d’autres opérateurs. Ce après quoi, quelques minutes seront consacrées à la signature des documents par les deux parties, à l’exception remarquable du ministre d’Etat Pascal Irenée Koupaki pour le compte du gouvernement, qui bien qu’annoncé, n’était pas présent aux côtés de ses collègues, lesquels n’ont pas évoqué les raisons de son absence. Problème ? En tout cas, une fois les documents échangés, l’on s’attendait logiquement à voir le nouvel opérateur remettre le chèque qui symbolise le paiement de la première tranche de 15 milliards de FCFA, consacrant son entrée sur le marché béninois du GSM. Mais à la surprise générale, on annoncera que le chèque n’est pas encore disponible.

Préserver les intérêts de l’Etat…

Dès son entrée dans la salle où l’attendait déjà les ministres, le PDG adjoint de GLOBACOM, à peine assis, a transmis au ministre Désiré Adadja, par le truchement de la secrétaire générale et chargée des affaires juridiques du groupe, un document tenant sur un feuillet. Apparemment, il n’y comprenait pas grand’chose. La mine déconfite qu’il arborait renseignait suffisamment sur son état d’âme à l’instant. Ce document, il le passera au ministre des Finances. Par la suite, on pouvait aisément observer que la gaieté n’était pas sur les visages des nôtres. Ce n’est qu’à la fin de la cérémonie qu’on saura enfin le contenu de ce document. En effet, au moment d’annoncer la fin de la cérémonie, René Bèwa a cru devoir annoncer qu’il n’y aura pas de remise de chèque. Ce n’est qu’alors que le ministre Désiré Adadja avancera que, puisque le sujet a été abordé, il allait donner des explications. Il révèlera ainsi que le document émanait de la Banque centrale du Nigeria qui signalait qu’elle ne pouvait pas débloquer une somme aussi astronomique sans un minimum de garantie. D’où elle attendait les premiers documents signés pour libérer les fonds ? Cela se justifie selon le ministre parce qu’ « on ne débloque pas autant d’argent comme ça ».


A partir de cet instant, on est en droit de se poser des questions. En effet, il s’agit dans l’espèce en présence, d’une affaire entre un groupe privé et un Etat. Et, en principe, le fait pour notre Etat d’avoir consacré un Conseil extraordinaire des ministres à la question, devrait être une garantie sérieuse pour la Banque centrale nigériane dont la réserve supposée se comprendrait s’il avait été question d’une affaire entre privés. De plus, le relevé du Conseil extraordinaire des ministres du 10 août dernier dit bien que le groupe GLOBACOM paiera « quinze (15) milliards à la signature de la convention de licence qui interviendra au plus tard dans la semaine du 13 au 19 août 2007 ». C’est dire qu’en principe, GLOBACOM aurait dû présenter ce relevé du Conseil des ministres à la banque nigériane pour lui faire comprendre que l’opération (et on suppose que c’est une belle opération qu’elle réalise) pourrait foirer si elle n’était pas à jour au moment de la signature.
Cette situation semble donc floue au point qu’on se demande si nous ne risquons pas une mauvaise surprise. En tout cas, l’absence de signature du ministre d’Etat apparaît comme une garantie puisqu’en principe, sans cette signature qui compléterait celles des autres ministres, la convention ne peut acquérir force juridique. On ose alors espérer que l’Etat saura prendre, pendant qu’il est encore temps, toutes les dispositions pour s’éviter une situation délicate. N’est-ce pas ce à quoi le ministre des Finances Soulé Mana Lawami, quand à la fin de leurs échanges en privé à la fin de la cérémonie, invitait son collègue Désiré Adadja quand il lui demandait de « faire vite » ?



21/08/2007
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