Yayi Boni cède à la pression de l’opposition 15 juillet 2008
Le chef de l’Etat vient d’autoriser
l’installation communaux des 24 conseils municipaux. Selon certaines sources
souvent crédibles, l’opération qui démarre ce jour mardi 15 juillet 2008, dans
tout le pays, devrait terminer au plus tard le jeudi prochain.
Le président de la République qui vient d’instruire ses services
compétents en vue du démarrage, dès ce jour, des opérations d’installation des
24 derniers conseils communaux sur toute l’étendue du territoire national, a
cédé face à la pression des forces de l’opposition, est-on tenté d’affirmer.
Selon des sources parlementaires très crédibles, le chef de l’Etat a finalement
changé d’avis à cause du blocage actuel au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo.
Pour le cas, c’est une multitude de dossiers qui sont sans suite depuis des
lustres, la première session ordinaire de l’année s’étant achevée sans que rien
n’ait été véritablement fait. Et la session extraordinaire qui devrait démarrer
hier lundi n’a pu se tenir pour défaut de quorum. Tous les députés de l’opposition
et quelques-uns de la liste Force Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) n’ont
pas cru devoir l’honorer de leur présence pour permettre l’ouverture de la
séance hier. Dans la foulée, c’est une série de dossiers qui sont oubliés dans
les tiroirs. On parle de trois demandes d’autorisation de ratification
relatives à l’érosion côtière qui fait rage à Cotonou. Mais déjà, on a du mal à
donner une suite favorable au dossier relatif au Millenium Challenge Account
(Mca) pour lequel le pays est en voie de perdre banalement plusieurs milliards.
Pour éviter d’en arriver là, il faut doter le pays et cela avant la fin du mois
de septembre 2008, d’un nouveau code de procédure pénale, d’un code pénal et
d’un code administratif, commercial et social. Les deux premiers textes font
chacun environ 750 articles alors que le dernier avoisine 1500 articles. Un
travail colossal qui requiert assez de temps et de disponibilité. Autant de
conditions auxquelles la crise politique actuelle ne permet pas de satisfaire
et on est sur le point de faire perdre des dizaines de milliards au pays. Alors
que ces mêmes députés attendent de pied ferme l’introduction de la loi des
finances 2009 pour réagir. Sans oublier les autres nombreux dossiers qui
attendent à la Direction
des services législatifs de l’Assemblée Nationale sans que personne ne soit
gêné. C’est, dit-on, au regard de toutes ces difficultés qui risquent de mettre
le pouvoir du changement en mauvaise posture et l’obliger à recourir à la
mauvaise option des mesures exceptionnelles que le chef de l’Etat aurait décidé
de fermer momentanément les yeux sur sa volonté d’attendre la Cour Suprême. Selon
les mêmes sources, ce sont certains cadres éclairés du Palais de la Marina qui lui auraient
montré les conséquences des blocages actuels pour lui faire changer d’avis.
Quelques
conseils communaux écartés de la mesure
Selon d’autres sources proches de la préfecture de l’Ouémé
et du Plateau, la mesure prise par le chef de l’Etat ne concerne pas tous les
24 conseils communaux. Pour le cas de l’Ouémé et du Plateau, ce sont trois des
cinq conseils communaux qui sont concernés. Il s’agit des communes de Dangbo,
des Aguégués et d’Ifangny où on estime, dit-on, qu’il y moins de problèmes. Les
localités de Kétou et d’Avrankou comme bien d’autres dans les autres
départements du pays, ne sont pas prises en compte par la décision du chef de
l’Etat. Selon les mêmes sources, ces trois conseils communaux avaient déjà été
installés et le bureau d’âge mis en place avant que la situation ne dégénère
pour faire partir l’équipe préfectorale. Selon le programme, les conseillers
élus dans les Aguégués et à Ifangny seront installés ce matin à partir de 09
heures et ceux de la commune de Dangbo sont prévus pour le jeudi prochain.
Une
fuite en avant
La non prise en compte de tous les 24 conseils
communaux ne règle pas tout le problème. Le mal persiste et les protagonistes
seront même renforcés dans leur position et se trouveront d’autres moyens pour
se faire entendre. Le chef de l’Etat aurait pu garder sa position au lieu
d’autoriser l’installation de quelques conseils communaux sur les 24. Cette
politique de diviser pour régner a très peu de chance de prospérer à cause de
la solidité actuelle du bloc constitué par les forces politiques de
l’opposition. Outre le fait qu’elles se soutiennent, il y a la manière dont la
mesure du chef de l’Etat a été prise. Les uns et les autres pourraient trouver
quelques faiblesses dans cette volte face du président de la République pour monter
plutôt les enchères. Dans ces conditions, le président Yayi Boni, qui pourrait
se retrouver le dos au mur, a bien intérêt à prendre en compte tous les
conseils municipaux car, il semble qu’il a déjà beaucoup perdu dans cette
bataille pour ne pas continuer à foncer la tête baissée. De fait, cette manière
de voir les choses n’est rien d’autre qu’une fuite en avant qui n’arrange rien.
Jean-Christophe Houngbo