"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

juillet 2007-L'ancien ministre de la sécurité publique et des collectivités locales s'est négativement illustré lors d'une envolée à l'hémicycle. Edgar Alia se fait emballer par la récurrente question de fraude électorale et tombe dans la glissade verbale.

Le député prêté par le parti Echelle à la Fcbe n'est pas allé de main morte pour ressusciter une vieille querelle qui a fini par lasser la classe politique. C'est un élu en transe qui a dénoncé des députés élus ''grâce aux votes des étrangers''. Le constat en soi-même n'est pas condamnable. Mais lorsqu'il vient se greffer sur les dernières législatives, il revêt une autre importance. A quelle situation l'ancien ministre fait-il allusion ? Cette interrogation génère deux autres questions : Quels étrangers ont frauduleusement voté lors du dernier scrutin ? Quels députés ont bénéficié du vote des étrangers ? Avec ces déclarations, Edgar Alia vient implicitement de dénoncer de graves irrégularités lors des législatives de mars 2007 ; une remise en cause de la crédibilité du vote. Certains observateurs y voient un aveu d'impuissance de l'ancien premier flic du pays déboulonné par le pouvoir du changement. En dégoulinant des propos aussi tendancieux, l'ancien patron de la sécurité joue au matamore. Certes, le complexe peut pousser à une abondance de maladresse dans la parole, mais l'ancien ministre a par sa déclaration, semé une grave confusion au palais des gouverneurs. Les tricheurs ont l'habitude de se gaver de fariboles pour distraire.

Le parlementaire projeté par les impondérables de la politique n'avait jamais contesté les législatives qui ont donné naissance à la cinquième législature. Son intervention fait aujourd'hui penser à une colonie de votants étrangers servant de levier à des élus. Le nouveau député se serait inspiré de sa propre expérience. A chacun sa stratégie pour s'offrir le sésame qui donne accès au palais des gouverneurs. Alia vient peut-être de faire ses confessions. Mais le soudain passage du rang de ministre à celui de député peut amener à des élucubrations de principe. Le prosélyte de l'hémicycle s'est offert en spectacle avec son concert de casserole inspiré d'un mélange d'humeur et d'une évidente inexpérience. Il est à craindre que l'apprentissage du débat parlementaire tourne au drame pour le blanc-bec sevré de portefeuille ministériel et contraint de se nicher au palais des gouverneurs.

Les déclarations du très lunatique député sont dangereuses dans un contexte post électoral où la communauté internationale n'a pas encore digéré les discours au vitriol faits lors de la passation de pouvoir à l'Assemblée nationale. Qu'est ce qui peut conduire le vainqueur à tenir le même langage que le vaincu ? Edgar Alia s'y est simplement mal pris. Mouillé dans une monstrueuse gaucherie, il a perdu le sens de la mesure et s'est lancé dans des piques inopportunes. Mais le coassement de la grenouille ne l'a jamais transformé en éléphant.

Sulpice Oscar Gbaguidi,