"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Lutte contre la corruption sous le changement :

Jean Baptiste Elias parle des goulots d’étranglement

22 octobre 2007 -La Presse du jour Le porte-parole du Fonac et président de l’Observateur de lutte contre la corruption, M. Jean-Baptiste Elias était hier l’invité de l’émission « Ma part de vérité » de Golfe TV. Pendant 90 minutes, il a mis à nu les nouveaux dossiers de corruption de l’ère du changement.

Le chef de l’Etat, le président Yayi n’arrive pas exercer totalement son autorité sur ses proches collaborateurs. Du moins, il est défié par les membres de son cabinet civil dans une affaire d’ameublement du nouveau bâtiment de la présidence de la République. C’est du moins ce qu’on peut conclure à travers les déclarations du président de l’Observatoire de lutte contre la corruption, M. Jean-Baptiste Elias reçu sur l’émission « Ma part de vérité ». Dans ses déclarations, l’invité de Jérôme Kassa et de Olga Kokodé Nounagnon a fait savoir que le président de la République a procédé en septembre dernier à l’annulation de l’appel d’offres portant sur l’ameublement du nouveau bâtiment de la Présidence de la République conformément aux textes qui régissent ladite opération.

Ceci après avoir écouté la Direction nationale des marchés publics et la commission nationale de passation des marchés publics ainsi que l’Observatoire de lutte contre la corruption lors d’une réunion conjointe avec les trois entités. En effet, selon les explications de M. Jean-Baptiste Elias, le président Boni Yayi a posé cet acte parce que le dossier est conduit de manière à exclure les soumissionnaires nationaux car dans les critères de soumissions il est exigé à tous les candidats d’avoir un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de F Cfa au moins. Aussi, le président de la République souhaite impliquer l’Olc dans la conduite de cette passation de marché d’ameublement du Palais de la Marina. « C’est dans l’optique de reprendre à zéro le processus d’ameublement que le président a annulé tout ce qui est fait jusque-là », a signifié M. Jean-Baptiste Elias. Mais, selon lui, le Directeur adjoint de cabinet du président de la République n’entend pas obtempérer à la volonté de la haute autorité. Il continue de conduire ce dossier dans un sens contraire aux injonctions du président Boni Yayi. « Nous on préfère rester dans ce cas à l’extérieur et quand ça va les éclabousser, ils vont s’expliquer » a ajouté M. Jean-Baptiste Elias.  

L’Olc est contre la privatisation du port

La privatisation de la société béninoise des manutentions portuaires Sobemap est dans le calendrier du pouvoir du changement. L’observatoire de la lutte contre la corruption au Bénin n’est pas d’avis. Son porte-parole l’a fait savoir hier sans faux- fuyants sur le plateau de Golfe TV. « Si le gouvernement veut privatiser le port, alors bonne chance à lui. Mais ce serait trop tard après de constater les dégâts. Même les institutions internationales et les pays européens qui nous disent de privatiser notre port ont les leurs dans les mains de l’Etat » s’est désolé M Elias Jean Baptiste au nom de l’Olc, du Fonac et en son nom propre. Pour étayer la position de son institution, M. Elias a fait quelques observations « Si le port arrivait à tomber dans la main d’un privé, il peut facilement s’entendre avec les trafiquants d’armes de guerre par notre port. Ainsi on sera envahi un jour sans savoir que notre port a servi de couloir pour nous atteindre facilement » a averti M Elias. Avant de déclarer qu’ils n’ont pas encore eu l’opportunité de le souligner au chef de l’Etat.

La prochaine occasion sera la dernière, a rassuré le porte-parole de l’Olc et du Fonac. Or le président de la république tient beaucoup à la cession du poumon de l’économie qui a été nationalisé sous le président Zinsou. Il a d’ailleurs commencé des opérations de charme et de sensibilisation à l’endroit des dockers à travers un déjeuner et une rencontre au palais de la présidence. Dans le même temps, un groupe d’opérateurs français spécialisé dans les opérations portuaires est soupçonné d’être le potentiel repreneur de ce maillon prépondérant de l’économie béninoise. Ce groupe récemment chassé du Sénégal après avoir géré le port du pays de Wade pendant des décennies a rendu, il y a quelques semaines visite au chef de l’Etat. La position qu’adopte l’Olc face à ce dossier vient contrarier la position du chef de l’Etat.  

Nomination d’un douanier expatrié au port

« Le blanc nommé à la brigade douane port de Cotonou est moins gradé que certains de ceux qu’il doit commander. Or la douane est un corps paramilitaire. C’est compliqué » a avoué le porte parole de l’Olc. Il s’est interrogé ensuite sur la mission et les réelles motivations de son choix par le ministre des finances Soulé Mama Lawani. « Le Blanc n’est pas recruté par le Bénin avec obligation de résultats. Il est plutôt un assistant technique à la douane du Bénin » a précisé M Elias avant de faire partager ses inquiétudes au sujet de cette nomination qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la presse et suscite des réactions tous azimuts et contestation dans le rang des douaniers. Est il nommé pour un temps afin d’apporter son savoir faire à ce poste ou bien c’est à cause du comportement des douaniers béninois eux- mêmes qui favorisent le flux des devises de l’Etat vers leurs propres poches ? Il conclut que ce serait dommage si le ministre des finances n’arrive pas à détecter un seul homme intègre parmi les douaniers béninois pour occuper ce poste.  

De nouvelles révélations sur Adjanohoun et da Matha San’tanna

« Pour avoir évoqué l’affaire de passation de marché gré à gré entre les ex directrice et directeur de la Sbee avec la société Palmarès, l’Etat a gagné 378 465 870 c CFA que paye actuellement la société mise en cause » a lâché M. Elias. Il poursuit l’explication en laissant entendre que s’il avait colporté des mensonges pour déshonorer les ex directrice et directeur de la Sbee Mm Célestine Adjanohoun et M Luc da Matha San’tanna respectivement députés à l’Assemblée nationale, il n’y aurait pas eu ce versement au Trésor public. Il a précisé que la société Palmarès a payé pour le moment une somme de 189 422 945 f au Trésor et a écrit au ministre des finances de bien vouloir lui permettre de payer le reste en deux tranches. M. Elias va loin en informant l’opinion publique d’un nouveau dossier de mauvaise gestion, de copinage et de passation gré à gré d’un marché de plus 145 millions à la Sbee sous la directrice Adjanohoun avec une société fictive qui s’est régularisée vis-à-vis des textes en vigueur en matière de commerce au Bénin à partir 2006. Alors que cette société a commencé par vendre depuis 2005 à la Sbee. « La société est enregistrée sous le numéro Insae en Avril 2006. La carte d’importateur du promoteur de la société signée par la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin date d’octobre 2006 », a précisé Jean Baptiste Elias. Il a informé les téléspectateurs que les dossiers des députés Adjanohoun et da Matha San’tanna sont confiés à l’inspecteur général d’Etat Jacques Koussé. « Les yeux des Béninois sont actuellement rivés sur l’Ige, qui fait le contrôle sur preuve et sur place comme nous. C’est sur qu’il aboutira à la même conclusion que nous. Dès lors la procédure sera enclenchée pour que les sanctions tombent » a précisé M. Elias. Avant de conclure ce dossier il a souligné que la marche verte du président Yayi ne serait pas compris par les Béninois, s’il voit les dossiers de mauvaise gestion des deux députés et ne fait rien. 

Dossier Sonapra

Dans un langage franc et direct, M. Jean-Baptiste Elias a relevé les irrégularités qui ont entouré le processus de cession de l’outil industriel de la Sonapra. Pour lui, on est pas loin du scénario de la Sonacop où l’argent de la Sonacop a acheté la Sonacop. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a appelé les Béninois a refusé le portage et réclamer les 7% qui lui reviennent de droit dans la nouvelle société à créer et qui s’occupera désormais de la filière coton au Bénin. La grande conclusion à laquelle on pourrait aboutir à la lumière de ces déclarations du président de l’Olc est que la lutte contre la corruption a encore du chemin au Bénin.

Tobie Ahlonsou



23/10/2007
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