Malaise à la mouvance présidentielle :
Yayi Boni et les Fcbe face à de grands défis
2 juillet 2008
La
mouvance présidentielle traverse, depuis quelques semaines, une
sérieuse crise politique. La situation, loin d’être une simple
conjoncture, oblige le chef de l’Etat et son entourage à s’organiser
autrement face à l’acharnement des acteurs politiques de l’opposition
pour renverser la tendance du vote de 2006.
Les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) avec en tête chef de l’Etat ont désormais besoin de changer de stratégie avec les nouveaux développements de l’actualité politique nationale. Et la déclaration conjointe du G4, du G13 et de Force Clé du jeudi 26 juin dernier ainsi que la situation de paralysie au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo depuis des lustres devraient être le repère pour les uns et les autres en vue de les obliger à revoir, de fond en comble, les prochaines conduites à tenir dans le pays et surtout vis-à-vis du mécontentement actuel des autres acteurs de l’ancienne classe politique. C’est d’abord les trompeurs des Fcbe et du Palais de la Marina qui doivent savoir raison garder pour ne pas vite faire chavirer la barque qui tangue déjà violemment au vu et au su de tous. Sans compter la solution urgente aux autres grands mensonges servis au quotidien au président Yayi Boni qui aura eu tort de trop croire, les yeux fermés, à certains de ses collaborateurs. Et on peut désormais demander aux barons des Fcbe et leurs autres représentants sur le terrain de commencer par jouer franc jeu avec le président Yayi Boni, s’ils tiennent à pérenniser les acquis et leurs intérêts, parce qu’on n’est plus si loin du désastre. C’est déjà au niveau de la présidence des République que les ténors de la Fcbe auront besoin de commencer par faire le premier grand nettoyage. Un important sacrifice qui ne doit rien négliger car c’est nécessairement après la mise à l’écart d’un certain nombre de personnes que le gouvernement du changement pourra retrouver ses lettres de noblesse pour redémarrer sous de bons offices. Le deuxième grand nettoyage doit prendre en compte ces dizaines de courtisans, ministres et grands conseillers de la République qui ne sont d’aucun intérêt pour le président Yayi Boni dans son projet de reconquête du pouvoir en 2011. Le repère devant être les résultats des dernières élections municipales, communales et de la désignation des conseils de quartiers et de villages pour lesquelles nombre de ses collaborateurs n’ont servi à rien sur le terrain au point où les forces de l’opposition ont réussi à prendre en main deux des trois communes à statut particulier et même certains de leurs supposés grands fiefs qu’ils auraient pu donner facilement au chef de l’Etat pour corroborer leur efficacité sur le terrain. Et il va falloir assez de courage, de bon sens, et d’engagement politique pour soulever les montagnes.
Qui obstruent le chemin, quoi qu’il en coûte.
Un moyen pour discipliner ses thuriféraires de l’Assemblée nationale Une autre stratégie majeure pour remettre les choses sur les rails constituera à travers les moyens de discipliner certains députés Fcbe qui, voulant trouver réponses à tout, se fourvoient dans des discours et attaques qui ne réussissent qu’à alimenter la crise en cours. A ce titre, c’est d’abord les méthodes de communication qui frisent l’injure et la provocation qu’il faudra bannir. Mais, au delà de ces considérations, il y a aussi les moyens à mettre en œuvre pour éviter que les députés Fcbe continuent de se particulariser à tout moment dans l’hémicycle et dans les autres sorties officielles où ils ont tendance à faire croire que le pays leur appartient à eux seuls. Les premières personnes à prendre en compte dans ce volet reste à coup sûr les membres du cabinet du président de l’Assemblée nationale et les députés Fcbe bon teint du bureau du parlement qui se croient tout permis, multipliant les intrigues et handicapant les relations et la bonne collaboration entre Mathurin Nago et les autres acteurs politiques de l’institution parlementaire. On se rappelle des querelles relatives à une mission parlementaire non effectuée et au sujet de laquelle un député aurait perçu les frais sans aller au front. Une situation plusieurs fois enregistrée à l’Assemblée Nationale par le passé sans qu’on en parle pour s’éviter des ennuis. Le dernier grand problème auquel il faut trouver de solution est la situation du président de l’Assemblée Nationale dont l’image a sérieusement pris un coup, ces derniers mois. Simplement parce que sa communication est défectueuse, ses bonnes actions sont maladroitement relayées et qu’il semble enclin au se lancer aveuglement, imprudemment dans des procès de ses collègues oubliant qu’au parlement, les intérêts sont divergents, que tous les dossiers ont une origine et un traitement politique et que chacun cherche les moyens de crucifier l’autre en vue de sauver sa propre tête. Dans le cas actuel où tout semble bien pourri au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo, la seule option qui s’offre au président Mathurin Nago pour se tirer d’affaire et s’éviter une destitution dont les conséquences seront trop lourdes pour lui même, pour la démocratie et pour le pays. Surtout que son comportement n’arrange d’ailleurs pas le pouvoir du changement. Ainsi, c’est en renouant rapidement le dialogue avec ses adversaires et surtout en sacrifiant le chef de l’Etat sur qui il ne peut plus compter au regard des contraintes politiques inhérentes à la gestion controversée que ce dernier fait du pays qu’il va sauver son honneur. Il aurait vraiment déposé sa démission comme le pensent bien d’observateurs de la situation politique nationale qui croient fermement que rien ne pourra plus être fait pour maintenir Mathurin Nago au perchoir sans anicroche. Car, c’est seulement par la démission qu’il pourra sauver les meubles, rebondir et finir une fois pour toutes avec cette situation qu’il a très mal gérée au perchoir. Parce qu’il s’est vu trop redevable vis-à-vis du président Yayi Boni au point de perdre sa personnalité pour finir par être objet de tous les commentaires. Des engagements qui requièrent beaucoup d’humilité et si non, ils auraient fini depuis longtemps avec cette crise qui dure depuis bientôt quatre mois.
La part de responsabilité de Yayi Boni
La situation actuelle, critique, appelle également des sacrifices de la part du chef de l’Etat. Il devra forcement apprendre et pour une fois à se séparer de certains grands collaborateurs afin de reprendre la situation en main. La mesure concerne les intouchables du Palais de la République, du gouvernement et de certains groupes religieux qui ont passé tout leur temps à lui créer des adversités pour rien. Le président Yayi Boni devrait, de toute façon, commencer le ménage par certains éléments de son cabinet. Surtout que la plupart d’entre eux n’ont aucune culture politique sérieuse et ne peuvent aussi rien lui assurer en terme d’électorat confortable pour 2011. Après ceux-là, ensuite le tour de certains ministres qui se sont compromis dans leur prise de position politique et lui ont crée d’énormes problèmes. L’autre grand dossier que le chef de l’Etat aura l’obligation d’aborder est celui des micros finances et de l’octroi des 30 000 Fcfa dont nombre de ses partisans et gestionnaires ignorent encore les conséquences. En fouillant courageusement dans cette affaire avec des réformes ou la suspension pure et simple de ce programme avec des sanctions sévères à l’encontre de ses partisans qui se seraient rendus coupables de mauvaise gestion, le président Yayi Boni gagnerait en popularité et en crédibilité surtout et pourra relancer positivement sa campagne pour une bonne gouvernance. Dans la même foulée, il pourra donner une nouvelle image à la fameuse affaire de l’escorte des véhicules d’occasion qui fait déjà l’objet de moult polémiques à l’Assemblée Nationale comme dans les états-majors politiques. Alors même que le chef de l’Etat pouvait tenter de se séparer de Mathurin Nago pour se trouver un autre répondant au parlement. Un ensemble de dispositions qu’il aura du mal à prendre pour repartir.
Panser les plaies au sein des membres de la Fcbe
Dans cette logique, c’est surtout le souci de résoudre les énormes problèmes qui minent les Fcbe qui doit préoccuper les ténors de la mouvance présidentielle. Car, on apprend que ce n’est plus la lune de miel et la dernière sortie médiatique du directeur du Port Autonome de Cotonou, M. Jérôme Dandjinou, et surtout la réplique qui a suivi auront mis à nu les tiraillements, les coups bas, les querelles de personnes et de leadership dans cette mouvance présidentielle hétéroclite. Alors qu’au parlement, on ne peut plus compter sur tous les 35 députés des Fcbe pour organiser une bonne stratégie. Les nouvelles données politiques, les frustrations et les autres grands débats d’intérêt national ne sont pas de nature à penser que l’harmonie qui a permis la mise en place du bureau il y a un peu plus d’un an, sont toujours d’actualité. D’abord, la majorité semble avoir changé de camp et le comble, c’est qu’il suffit d’opter pour la stratégie d’un vote secret pour finir avec l’hégémonie de la Fcbe à l’Assemblée Nationale. Dans ces conditions, c’est une politique pour se faire de nouveaux amis au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo qui pourrait aider le président Yayi Boni à sauver les meubles. Car, il ne peut plus vraiment compter seulement sur les anciens qui doivent, par ces temps qui courent, en train de rechercher les moyens pour rebondir en 2011 avec ou sans le pouvoir du changement.
Jean-Christophe HoungboA découvrir aussi
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