"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Médiation pour la paix entre Yayi Boni et l’opposition

  Tévoédjrè a-t-il déjà définitivement échoué ? 29 mai 2008

La médiation entreprise par le Médiateur à la présidence de la République pour le retour à la paix entre le chef de l’Etat et les responsables des partis politiques de l’opposition bat toujours de l’aile. Et avec la situation qui semble se compliquer désormais, est en droit de se demander ce qu’on peut encore attendre de sérieux des démarches du professeur Albert Tévoédjrè.

Quel avenir pour les démarches en cours au niveau de l’Organe Présidentiel de Médiation (Opm) pour le retour à la paix entre les responsables des partis traditionnels et le président Yayi Boni ? Difficile de répondre sans se tromper. Cependant, bien d’observateurs de la vie politique nationale s’accordent néanmoins à montrer l’ambiguïté de la situation actuelle. L’échec des premières sorties du professeur Albert Tévoédjrè ainsi que le tête à tête qu’il a eu avec l’ancien président Emile Derlin Zinsou qui n’a également rien donné de bon sont autant de moyens qui justifient le fait que le Renard de Djèrègbé est en difficulté. Et pour cause. On a appris que tous les responsables politiques rencontrés ont montré au Renard de Djèrègbé l’obligation de la reconsidération de tous les anciens accords entre eux et le président Yayi Boni avant tout débat. Ce que le Professeur Albert Tévoédjrè tend à ignorer et semble avoir même fait l’option d’enfoncer une porte déjà ouverte. D’abord, le pays a fait, à partir de 2006, l’expérience d’un gouvernement d’union nationale. C’est le moment de le rappeler. D’une manière ou d’une autre, tous les groupes politiques en dehors du Parti du renouveau démocratique (Prd) ont fait leur preuve aux côtés du président Yayi Boni qui a choisi de les relever de leurs fonctions. C’est lui qui a décidé de ne pas respecter les engagements qu’il a pris avec les uns et les autres. Il suffit simplement pour lui aujourd’hui de reprendre les dossiers et de trouver, par ailleurs, un mécanisme pour prendre en compte le Prd pour se tirer d’affaire. Les autres actions isolées, les communications et même la mission confiée au Médiateur Albert Tévoédjrè apparaissent, à tous les points de vue, comme du dilatoire qui n’avance pas le débat. Car, il n’existe plus autre moyens pour le retour à l’ordre. Surtout que les proches du chef de l’Etat se sont lancés depuis quelque temps dans des injures et des attaques des responsables de l’opposition avec qui le président Yayi Boni veut faire la paix. Mieux, le président Yayi Boni et certains chantres du changement veulent en finir une fois pour toute avec la vieille classe politique en vue de créer de toute pièce une autre, faite de jeunes leaders. Une situation qui pénalise en premier le Renard de Djèrègbé. Sans tenir compte du fait qu’actuellement, personne, dans les partis traditionnels ne croit plus aux promesses du président Yayi Boni et les intrigues, coups bas et les autres complots visant à décapiter certains hommes politiques et opérateurs économiques du pays, ont renforcé les mécontentements qui ne sont pas de tendance à faciliter, par ces temps qui courent, les choses.

La crise au Parlement

Au nombre des problèmes qui annihilent la médiation entreprise par Tévoédjrè, il y a la crise au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo qui paraît très favorable aux groupes politiques de l’opposition. Pour avoir simplement réussi à se doter d’une certaine majorité à l’Assemblée nationale moins d’un an après les succès qui ont permis au chef de l’Etat de gagner tout le bureau, les formations de l’opposition qui estiment, à tort ou à raison, que le président Yayi Boni veut contrôler, tout seul, toutes les institutions de la République, sur le point de renverser la tendance. Autant de situations qui rendent difficiles toutes les formes de médiation. Car, on dit dans l’opinion que le groupe politique de l’opposition qui mord, dans les conditions actuelles à l’hameçon, pourrait se retrouver, à terme, devant le fait accompli. Ainsi, les acteurs ont dû se donner les mains pour être plus forts. En témoignent les comportements de part et d’autre. Il y a quelques jours, les éléments du G 4 ont emprunté un même véhicule pour se rendre à l’invitation de l’ambassadeur de France à Cotonou comme pour mettre fin aux polémiques au sujet de leur entente. De leur côté, les députés du G 13 multiplient les communications pour marquer leur opposition à tout acte visant à compromettre leur avenir politique. Même si rien n’est immuable en politique, la situation actuelle est telle qu’on dit que le pouvoir du changement est bloqué. Surtout qu’il n’y a plus d’élection en vue et que tout le monde attend 2011 dans les mêmes conditions. Toutes tendances confondues, les députés ont aujourd’hui besoin de façonner eux-mêmes leur image politique pour espérer une réélection. Ceux de la mouvance ne peuvent plus valablement compter sur le président Yayi Boni. L’homme qui a le dos au mur pour avoir mal conduit son destin politique, n’a pas les moyens pour s’occuper des siens, gérer l’opposition et préparer au même moment 2011. Et pour l’avoir compris, le président de l’Assemblée nationale a pris son destin en main et a enclenché une négociation avec ses collègues qui veulent le destituer. Le Médiateur Albert Tévoédjrè a besoin de le savoir pour se désillusionner et surtout pour dire la vérité au chef de l’Etat et éviter de lui perdre du temps. Car, il semble qu’en dehors des autres barons de la vie politique nationale, le président Zinsou ne doit pas être aussi trop content de la façon dont le changement est géré. D’ailleurs, malgré ses entrées faciles à la Marina depuis un certain temps mais aussi et surtout son poids politique dans le pays, le président Zinsou n’a pas réussi à convaincre le chef de l’Etat pour obtenir des places pour ses hommes sur les listes Fcbe. Mieux, il a été obligé de sauver le député Edgar Alia dont les militants ont été aussi écartés de cette fameuse liste du président Yayi Boni. Et par la force des choses, les députés du parti de Zinsou avaient déjà fait l’option de faire partie du G 13 pour combattre les chantres du changement. La dernière fois encore, ils ont tous voté contre le rapport d’activité de Mathurin Nago. En plus de ces raisons, on ne doit pas perdre de vue le mystère autour des vérités que Zinsou et Tévoédjrè se sont dits lors de la visite de l’Opm. Si succès il y avait eu lors des concertations, Tévoédjrè devrait être le premier à vulgariser les résultats pour se rendre célèbre. En optant pour un black out sur tout, c’est certainement parce que le Renard de Djèrègbé n’a pas simplement eu ce qu’il voulait de Zinsou et manque de courage pour avouer l’échec de sa deuxième tentative d’aider le président Yayi Boni à reprendre langue avec ses amis d’hier. Et le silence se poursuit autour des tenants et aboutissants de la visite pour un Tévoédjrè qui ne cache pas ses succès. Par ailleurs, le président Zinsou dont les députés sont membres du G 13, ne doit pas étranger, du début jusqu’à la fin, à leur mémorandum et même de la déclaration du 12 mars dernier. Autant de situations qui font croire qu’une fois encore, la montagne a accouché d’une souris.

Jean-Christophe Houngbo




29/05/2008
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