"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Probable nomination d’un nouveau directeur général à la police :

LE MATINAL  - - 6 février

Les policiers mettent en garde le gouvernement  

Pour l’instant, aucune décision officielle n’est pas encore tombée pour annoncer la nomination de Roger Awêkê, cadre admis à la retraite, comme nouveau directeur général de la police nationale. Pourtant ça commence par tempêter dans les unités et autres structures de la police. Les flics mettent en garde le chef de l’Etat, Yayi Boni, dont l’entourage évoque de plus en plus le nom du retraité pour remplacer Antoine Azonhoumè, écroué à la prison civile de Ouidah.

Après la douane, est-ce le tour de la police nationale d’être dirigée par un cadre admis à la retraite ? On n’en est pas encore là. Mais les rumeurs les plus folles persuadent les flics qu’ils risquent d’en venir à la situation qui a prévalu dans l’administration douanière il y a de cela quelques semaines. La nomination de James Sagbo qui n’était plus en fonction au poste de directeur général de la douane et droits indirects a suscité beaucoup de polémiques, généré un climat de tension sociale, érodé les relations entre douaniers, alimenté les débats et les journaux. Tout porte à croire que le gouvernement à travers le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Félix Hessou veut rééditer la même situation. Les informations de plus en plus dignes de foi indiquent que le pouvoir veut placer un flic admis à la retraite à la tête de la police nationale. Roger Awêkê serait l’homme le plus coté actuellement du côté du Palais de la Marina. Admis à la retraite depuis 5 ans, il a été rappelé au cabinet de l’ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Tawéma. Il y est resté depuis lors en qualité de directeur adjoint de cabinet. Son prochain poste, comme l’annoncent certaines sources proches de la Marina, sera le fauteuil du directeur général de la police nationale. Il serait soutenu par certains conseillers du chef de l’Etat et par quelques faucons du régime. C’est un coup de force qui est en préparation, avertit-on déjà dans les unités et les commissariats de police. Un coup de force en ce sens que l’article 35 des statuts qui régissent la profession du policier interdit qu’un cadre à la retraite soit promu à cette haute fonction. Depuis que Antoine Azohounmè a été relevé de ce poste pour être mis à la disposition de la justice au sujet du dossier de drogue de Ouidah, c’est le contrôleur général de la police Roger Boya qui assure l’intérim. Et, comme on doit commencer à se rendre compte, ses jours sont désormais comptés. Même si ce dernier n’a pas la cote comme son prédécesseur, les flics le préfèrent aujourd’hui à Roger Awêkê. La probabilité que ce dernier soit promu est prise au sérieux par les fonctionnaires de la police. Alors que la liste des hauts gradés en attente d’être nommés à cette ultime fonction est loin d’être épuisée, si on devrait organiser une gestion rotative sur une vingtaine d’années, les conseillers du chef de l’Etat voient qu’il faut rappeler un retraité pour diriger l’institution. Il n’ y a pas mieux qu’une insulte que de procéder de cette manière. Si cela est passé difficilement chez les disciples de St Mathieu, ce coup risque de se solder par un échec. Il n’y a pas de raison valable pour faire avaler à l’opinion publique et aux flics cette couleuvre. A moins qu’on présente Roger Awêkê comme l’homme de la situation. Or, il n’ y a pas crise à la police nationale. On ne peut non plus avancer que le Bénin a atteint le paroxysme de l’insécurité. Qu’on le laisse où il est, et les risques d’une tension entre le pouvoir et les flics disparaîtront immédiatement. Sans qu’il ne soit encore nommé, on grince déjà les dents. Sans tambour ni trompette, les policiers s’organisent pour réagir de la manière la plus retentissante s’il advenait que les rumeurs deviennent réalité. On pense saisir les juridictions compétentes pour casser une éventuelle décision qui va promouvoir Roger Awêkê. Toutes les sensibilités au niveau de la police sont prêtes à soutenir toute initiative tendant faire échec à ce qui se trame au Palais. En dehors des voix de recours, il est prévu d’autres modes d’action. Et à propos de ces flics, n’ont-ils pas été utilisés par le pouvoir contre les douaniers pour installer manu militari James Sagbo ? Peut-être que c’est le scénario inverse qui va se produire au cas où le gouvernement va donner raison aux esprits qui sont persuadés d’un tel coup de force. Alors ce sera désormais la règle sous le régime de changement. Pour être directeur général d’un corps paramilitaire, il faut être proche du ministre ou du chef de l’Etat après avoir fait valoir ses droits à la retraite.



06/02/2008
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