A moins de deux ans après son élection :
Les raisons de la crise entre Yayi Boni et les députés
25 février 2008
Le chef de l'Etat, après les séries de rencontres avec les députés de la liste Force Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), semble n'avoir pas encore trouvé la solution de sortie de crise. Les dernières sorties médiatiques des siens au parlement, les autres prises de positions de ses adversaires et la peur qui gagne la troupe Fcbe trouvent leurs raisons dans plusieurs erreurs politiques.
Deux jours de conclave des députés Fcbe à Grand-Popo, deux jours de concertation entre eux et le chef de l'Etat au palais de Cotonou, la création en catastrophe d'une coordination nationale Fcbe pour continuer tout au moins à avoir à l'oeil les 35 premiers parlementaires de la mouvance avec à sa tête Janvier Yahouédéhou, l'un des plus courageux qui a osé dire sa vérité au chef de l'Etat, apparition inopinée du président de l'Assemblée nationale et de son deuxième questeur sur certaines chaînes de télévision pour dire leur part de vérité sur l'origine des tentatives actuelles de destitution qui plane sur le premier, les visites incessantes de certains au chef de l'Etat et une conférence de presse des 35 pour réaffirmer le vendredi dernier leur soutien à Yayi Boni. De leur côté, les groupes politiques taxés d'être de l'opposition semblent avoir retrouvé, par la force des choses, leurs marques. Et quelques députés du groupe des 13 sont plus que jamais décidés à arracher leur autonomie pour leur positionnement au sujet du débat sur l'avenir politique de la ville de Parakou, des données réelles du projet de construction de la route Akpro-Missérété-Kpédékpo et surtout la politisation qui est faite de plusieurs grands chantiers ouverts tous azimuts à la veille des élections municipales et communales. Un ensemble de comportements politiques qui justifient l'ampleur de la crise et confirment les perturbations actuelles au sommet de l'Etat mais aussi et surtout à la mouvance présidentielle depuis ces derniers jours. Ainsi, la nuit de miel qui a précédé l'élection de Yayi Boni à 75% ainsi que l'accord de législature qui a suivi n'aura duré que quelques mois. Et n'eût été les marches fictives et les autres sorties médiatiques pour voiler la face, le vin serait déjà tiré. Et c'est le président de l'Assemblée nationale, le professeur Mathurin Nago qui risque bien de faire les frais de la mauvaise option politique du chef de l'Etat qui aura passé juste ces premiers mois à la tête du pays à se faire des adversaires sur tous les fronts au point même de compromettre son mandat. Lui qui a eu la chance de côtoyer le président Soglo qui a opéré de la même façon pour les mêmes résultats.
Le point de la situation
C'est à moins de trois mois que les premières frustrations ont été enregistrées. Outre les grands opérateurs économiques qui l'ont soutenu avant et pendant la campagne présidentielle, il y a les barons de la vieille classe politique et même certains éléments de la diaspora qui ne se sont plus retrouvés dans la gestion qui se fait de leur victoire sur les groupes révisionnistes qui ont tenté jusqu'au dernier moment de faire garder le Général Mathieu Kérékou au pouvoir. Contre toute attente, certains d'entre ces révisionnistes ont vite changé de veste et se sont retrouvés très proches du président et même dans le gouvernement au moment où Yayi Boni a fait l'option d'écarter du gâteau la plupart de ceux qui l'ont aidé à gagner le pouvoir. Comme cela ne suffisait pas, il a enclenché une vaste opération de perturbation de leur sommeil. Séfou Fagbohoun qui se prenait pour un intouchable a été rapidement mis sous les verrous et plusieurs autres opérateurs économiques ont été contraints à tort ou à raison de fermer leurs baraques. Dans ces conditions, c'est plusieurs emplois qui sont perdus. Au marché, les nouvelles théories politiques qui se chantent partout dans le pays, ont pratiquement bloqué les affaires, l'argent s'est fait rare, la mévente s'est accrue et la pauvreté s'est renforcée. Dans la foulée des mauvaises options politiques, les réseaux Gsm ont été suspendus sans un minimum de précaution. Les opérateurs étrangers très sereins, ont fini par avoir la situation en main alors qu'on continue de traquer le groupe national Gsm qui est en règle. On dit même que certains d'entre ces opérateurs Gsm étrangers n'ont rien payé jusque là et opèrent malgré tout en toute quiétude parce que les stratégies pour y parvenir étaient sincèrement bancales. Par ailleurs, le projet de mettre définitivement à la retraite la vieille classe politique a mal tourné et les leaders se sont en retour, renforcés dans leurs prérogatives. C'est la manière dont on a voulu arracher Cotonou aux Soglo, les descentes anarchiques et à la limite anti constitutionnelles des ministres du gouvernement dans les autres localités pour recueillir les doléances des populations pour organiser le projet de société du chef de l'Etat qui s'est pourtant fait élire à la tête du pays sur la base d'un projet qui auront sonné le glas des contestations.
Une levée générale de boucliers
Face à la situation devenue bien préoccupante et le fait que tout le monde veut profiter des prochaines élections pour se repositionner, les langues ont commencé par se délier. Tous ceux qui n'avaient pas le courage de leurs idées, ont décidé d'attaquer de front le chef de l'Etat. C'est le groupe des 13 députés de l'honorable Issa Salifou qui a donné le déclic à travers un mémorandum très dur pour le régime du changement. La voie a été ainsi ouverte à toutes les formes de contestations alors que personne n'osait deux mois plus tôt, regarder le chef de l'Etat en face. Et profitant des erreurs politiques monstres qui sont commises autour de lui, l'opposition s'est renforcée. A cause de son entourage et des gens qui n'ont aucune vision politique, ne savent pas lire l'histoire et méconnaissent les Béninois. A vrai dire, si l'étau s'est trop tôt resserré autour du président Yayi Boni, il faut accuser ses conseillers qui visiblement semblent avoir perdu leurs repères. Et ils perdent tout leur temps à trouver des adversaires partout et à éloigner de Yayi Boni ceux qui peuvent l'aider à mieux gérer son mandat. C'est d'abord, les groupes politiques qui ont aidé le président Yayi Boni avec 40% en plus de ses 35% qui se sont braqués contre le pouvoir. Et lui-même a commencé par la suite à charcuter dans ses 35% au point où, à ce jour, c'est plutôt tout le monde qui est contre lui. Les autres qui semblent encore lui miroiter quelques espoirs, sont simplement en train de le tromper. Et à l'Assemblée nationale, les 35 députés Fcbe qui semblent être revenus à de bons sentiments, ne doivent pas être trop sincères et peuvent à tout moment le surprendre. Il suffit de prendre seulement le cas Célestine Adjanohoun pour se rendre à l'évidence. Car, aux dires du Garde des Sceaux, des arrestations sont en vue et personne ne sait par où ça peut commencer. Surtout que le vent actuel du changement n'a pas de limite. Dans ces conditions où chacun des 35 députés est obligé d'être sur le qui-vive, il faut craindre qu'un vote bascule tout dans le décor.
Les
raisons stratégiques de la crise
Outre
les erreurs évoquées jusque là, la crise politique actuelle trouve aussi ses
raisons dans les prochains positionnements dans les institutions de
Jean-Christophe
Houngbo
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