"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

A situation compliquée, mesures exceptionnelles

Menaces de mort sur les députés, destitution de Nago, le Président bientôt client de la Haute Cour de Justice


(Et si les conseillers faucons de Yayi lui permettaient de s’entendre avec la classe politique béninoise ?)  

Pour avoir piloté la désignation des quatre membres de la Cour constitutionnelle au titre des quotas de nominations réservées au Parlement, les Fcbe du Bureau de l’Assemblée feraient l’objet d’une menace de mort. C’est le fruit d’une rencontre à laquelle prenaient part trois vieilles têtes de la classe politique béninoise selon des sources bien précises. Ce fait en lui-même constitue un des soucis majeurs du camp Yayi. Mais de l’autre côté, des gens ont également des raisons de s’inquiéter. Dans quelle démocratie a-t-on sept membres d’une juridiction constitutionnelle tous acquis à la cause d’une même personne. A en croire les deux non-Fcbe du Bureau de l’Assemblée nationale à leur conférence de presse hier, la destitution de Mathurin Nago est plus qu’un impératif pour sauver la démocratie béninoise et pour cause, les conférenciers ont relevé dans leurs jérémiades hier un certain nombre de points qui peut révolter toute âme sensible au jeu démocratique. A quelle réaction peut-on s’attendre quand le président Nago, parlant de la désignation des députés devant siéger à la Haute Cour de Justice, dit que la ‘’Haute autorité’’ estime que cela peut encore attendre et qu’au même moment, on voit avec quelle rapidité fulgurante on a procédé à la nomination des juges de la Cour constitutionnelle. Sur ce point, les conférenciers d’hier se sont indignés de la manière avec laquelle le président Nago a conduit cette désignation. Toutes choses qui constituent selon ces députés une atteinte grave à l’unité nationale. Ceci même si les textes semblent être apparemment favorables à ce qu’ils ont appelé hold-up.

Bras de fer en vue

C’est dans cette ambiance on ne peut délétère et vicieuse qu’est intervenu le débat souhaité par les députés sur les réponses apportées par Mathurin Nago aux questions à lui posées par 38 d’entre eux. Une situation au cours de laquelle le pire a été frôlé : les députés étaient prêts à se donner des coups de poings. Tout ceci montre à quel point les élus du peuple sont décidés à fermer la page Nago. On dira qu’il leur manquera assez de voix pour atteindre les 56 députés nécessaires pour faire aboutir la procédure. Et là, c’est mal connaître la réalité en face. Le président Boni Yayi à son déjeuner hier au palais avec ses 35 députés Fcbe ne pouvait pas s’imaginer qu’il était en réalité en face de 25 députés Fcbe. Car, la réalité est qu’il y a déjà un G10 au sein de la Fcbe. Dix éléments qui pour des raisons à eux communes sont aujourd’hui solidaires pour rester de corps avec Yayi Boni tout en étant de cœur avec la nouvelle opposition au Changement. Ce qui revient à dire que malgré tout, la destitution de Nago est belle et bien imminente. Et à en croire l’Honorable Tidjani Serpos, appuyé par Saka Fikara, il déclenchera la comparution du Dr Boni Yayi à la Haute Cour de Justice à l’occasion où le quorum des 56 députés sera atteint. Raisons invoquées par le député, Boni Yayi aurait dit dans le fief électoral de Fikara que les populations n’auront ni eau potable ni voies si elles ne votaient pas la Fcbe aux prochaines échéances électorales. Discours que Tidjani Serpos qualifie de parjures vu que le chef de l’Etat a promis à son investiture de servir tous les Béninois.

Que retenir de tout ceci ?

Au regard de tout ce qui précède, il est maintenant plus qu’évident que ça va mal entre Boni Yayi, ses hommes et la classe politique béninoise. Une situation qui n’augure pas d’une bonne ambiance entre toutes les institutions d’une part, et pour le déroulement harmonieux des prochaines élections d’autre part. Et ceci dans un Bénin où les mots paix et démocratie doivent avoir tous leur sens en vue de la réalisation de cette émergence tant prônée par le Changement.

Ce que Yayi doit faire

A l’analyse, il est une évidence que la guerre de tranchées entre le chef de l’Etat, son entourage composé d’évangélistes aux principes durs comme fer et les membres du G13, soutenus par toute la classe politique béninoise, sont à la base de ce pourrissement. Aussi, n’est-il pas souhaitable pour le Changement que les parties en face dépassionnent le débat pour une paix des braves. Qu’est-ce que cela coûte aux thuriféraires du régime en place de changer leurs positions de faucon pour aider à faire des adversaires du chef de l’Etat ses amis ? N’a-t-on pas dit que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ? Au lieu de se camper dans sa position de juste et trouver le diable en l’autre, les deux parties devraient, pour l’amour qu’elles disent chacune avoir pour le Bénin, s’ouvrir au dialogue. Tous les chemins menant à Rome, la moindre piste doit être utilisée pour asphyxier les démons de la vengeance et de la rancœur en vue d’éviter à notre cher pays le pire. Un pire qui peut surgir à tout moment soit par la destitution du président Nago, soit par l’installation d’une Cour constitutionnelle monocolore, soit par l’acharnement bancal et idiot dont sont victimes actuellement les ‘’emmerdeurs’’ du régime en place ou encore par l’éventuelle comparution du chef de l’Etat devant la Haute Cour de Justice. Et tout cela, le Bénin peut encore l’éviter à travers la grandeur d’âme de ses fils, acteurs politiques.

Aboubakar TAKOU

 



07/03/2008
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