"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Alerte à l'ethniticisme verbal

Ne tombons pas dans les travers

 

Attention aux mots

Attention aux paroles

" Depuis que le Dahomey devenu Bénin existe, c’est la première fois qu’un fils de chez nous est nommé Général "

" Après bientôt 50 ans d’indépendance, c’est la première fois qu’une femme de chez nous est nommée ministre "

Depuis que le Bénin fait partie du monde, c’est la première fois qu’un de nos fils est nommé Dg de... "

Et puis, et puis, depuis, depuis. Mais sommes-nous dans une république ? Cet ethniticisme verbal, mental et comportemental risque, si l’on n’y prend garde de faire exploser le microcosme social. Où se trouve la Nation dans tout cela ? Autre verbiage dont se délecte également la classe politique naissante, est l’accentuation de la notion " d’ère culturel ". Et comble des combles ! Ces différentes déviances et dérives dangereuses nous amènent aujourd’hui à la notion de " patriote". On retrouve cette tentative de clivage pour l’instant au niveau du monde syndical, du monde des travailleurs de la fonction publique. Mais que Diantre arrive t-il ainsi de façon pernicieuse à mon pays ? Nous ne sommes pour l’heure, pris sur l’échiquier mondial qu’un embryon d’Etat, une république quémandeuse. Mais faut-il aussi que nous devenions une république bêtifiée ?

Partout dans le monde, la tendance est à la construction de nations fortes par leur poids géographique, démographique, économique. Nous ici, nous voulons ramer à contre courant, nous voulons bâtir des ethno villages, nous distillons des mots dont nous mesurons à peine la portée psychologique, sociologique et sociale. A trop prononcer le nom du diable, on finit par le trouver à sa porte. Ainsi donc, il commencerait à y avoir dans notre pays des patriotes qui se regrouperaient contre des apatrides ! Agiter de tels mots, est très dangereux pour la patrie et il urge d’attirer dès à présent l’attention de tous et de tout un chacun sur l’issue ou les issues auxquelles mènent de tels concepts. Il ne reste plus à ces quelques atrophiés du cerveau qu’à commencer par agiter le mot "race". Ainsi, il y aurait la race fon, bariba, dendi, mahi, adja, yoruba, etc...Puis après une classification par la religion. Ainsi, on aura celle des gens mangeurs de cochon, celle de ceux mangeurs de chien, de crabe de terre, de phacochère, et que sais-je encore ? Puis nous aurons les "gletanous" et les " mindjomè " etc, etc...

Qu’avons-nous donc fait au bon Dieu qui soit dit en passant, nous aime tant, dit-on et qui pourtant abêtit une frange de plus en plus grandissante de notre population et donc de nombre de nos compatriotes !

Ne fragilisons pas notre jeune nation en construction, que les épreuves des autres nous servent de leçon afin que nous ne tombions pas dans les mêmes travers.

Le poids des mots peut faire s’effondrer l’édifice national. Prenons y garde et oeuvrons plutôt tous ensemble par nos paroles, par nos comportements et à travers nos mots à construire une identité nationale, forte, fraternelle et productrice.

Gabriel Sakponou
(Administrateur des assurances, directeur de sociétés)



07/03/2008
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