"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

An II du gouvernement de Yayi Boni :

  

 Le Bénin entre enthousiasme et désenchantement

In Matinal 7 avril 2008
L’arrivée du banquier le Docteur Yayi Boni au pouvoir avait déclenché un immense espoir. Celui dont le principal terme de compagne est basé sur le changement et la lutte contre la corruption exécute tout bien que mal son programme de société. Seulement, deux ans plus tard, c’est à la fois déception et enthousiasme.

Tout n’est pas beau. Tout n’est pas mauvais non plus. Le bilan de deux ans d’exercice du pouvoir par le Docteur Yayi Boni est diversement apprécié par le peuple. Cela va de soi. Sur la base des opinions exprimées et des éléments probants dans le quotidien du citoyen béninois, l’argent ne circule pas, dit-on au passage. Un sentiment qui résulte du fait que la grande partie des Béninois qui croyait que le banquier va débarquer à la Marina avec des billets de banque à distribuer comme de petits bouts de pain, a du mal à se donner les moyens pour gérer son quotidien. Pourtant, les caisses de l’Etat sont plus que jamais renflouées et de nombreux chantiers qui sont ouverts et à priori générateurs d’emploi donc de revenus, ne cessent de faire croire à une partie de la population que quelque chose change. Ayant perdu confiance face l’ancien régime, le peuple veut bien croire en un homme qui tout au long de la campagne s’est déclaré candidat des pauvres. Celui-là qui multiplie la réalisation de grands travaux, l’ouverture des pistes dans les campagnes, la construction d’infrastructures routières, la construction d’écoles, des structures de santé et la mise en place d’une organisation dans l’administration semble de moins en moins tourné vers l’amélioration des conditions de vie des populations. La mise en place donc d’un système de micro-crédits aux plus pauvres n’a pas enlevé de la tête des bénéficiaires, qu’elles ne sont plus pauvres. Ces populations le demeurent toujours. Malgré de nombreuses mesures destinées à améliorer le quotidien du citoyen, on attend toujours que le changement s’opère. Perdant peu à peu confiance dans son programme de société, bien de béninois s’interrogent : « Est-il possible que le banquier réalise le rêve de tout un peuple » ? Après deux ans d’exercice de pouvoir, ils ne comprennent pas comment l’injustice et la corruption peuvent être éliminées tant que les rescapés du régime défunt connu pour sa mal gouvernance, continuent de siéger aux côtés de l’apôtre du changement. Car tout porte à croire que Yayi Boni reste prisonnier d’un groupe de collaborateurs sourds et aveugles, qui étaient déjà puissants sous le pouvoir réel en dehors du chef de l’Etat. Au fil des deux ans, l’appareil d’Etat n’a pu convaincre le peuple quant à ce qu’il en est de sa lutte contre la corruption. Il ferme les yeux quand un chantre du changement détourne ou est impliqué dans une affaire de mal gouvernance. Il sanctionne plutôt quand on est pas de son bord. Il ferme aussi les yeux et devient inactif quand une commission d’enquête est nécessaire pour vérifier la gestion d’une structure qu’un protégé du chef de l’Etat dirige. Dans un tel climat, les corps éveillés dotés d’un peu de bagage intellectuel, ont perdu confiance dans la campagne contre la corruption. Pour ceux qui ont eu à se montrer aux premières heures d’exercice de pouvoir aux côtés de Yayi Boni, ils n’osent plus en parler et quand ils le font rarement ils sont obligés d’emprunter le même discours que celui utilisé au sommet de l’Etat. Ils sont conscients qu’ils façonnent la vérité parce qu’ils sont hypocrites car on espère qu’à tout moment, une nomination peut leur sourire. Personne, ni un lecteur, ni un auditeur ne peut comprendre ce qui se dissimule dans leur propos. C’est un échec. Lorsqu’au cours de la sortie du 12 mars dernier au Palais des sports de Cotonou, les formations politiques Rb, Psd, Madep et le Prd ont lancé des diatribes contre le pouvoir et ses chanteurs et danseurs, elles ont utilisé des termes comme acharnement et poursuite sélective. Les responsables de ces partis n’ont pas tort de voir les choses de cette façon. Puisqu’en ripostant, les gens d’en face ont prétendu qu’il existe parmi ceux qui ont pillé ce pays, ou ont empêché tel de continuer à diriger. Voilà à quel niveau nous en sommes arrivés après deux ans de gestion de Yayi Boni. C’est un autre facteur qui témoigne de la déception. Un autre facteur inquiétant est la relation entre le chef de l’Etat et ses alliés d’entre les deux tours des élections de mars 2006. Ces alliés ont l’expression que le pouvoir est populiste et la position du chef de l’Etat avec eux est au plus bas de sa forme. Or le régime en place a besoin d’eux pour le soutenir face à l’influence que pourraient avoir à tout moment et au fil du temps des partis qui ne lui ont pas accordé leur adhésion. Quant aux sentiments de colère des amis de Yayi Boni, ils augmentent en proportion des envolées verbales des chanteurs du changement et les manœuvres sous marines de destructions entreprises depuis un moment par le patron lui-même. C’est pourquoi, ils ont l’impression que les efforts visant à consolider la démocratie et la paix et ce depuis 1990, sont malmenés et menacés. 18 ans de démocratie et le Bénin semble reculer. La population analphabète ne sait pratiquement rien. Les journaux dans leur grande partie, les chaînes de télévision et les stations radios, accordent très peu de temps aux esprits critiques et à l’opposée consacrent un plus large chrono à tout ce que le pouvoir fait de bien. Certes ces médias ont leur part de responsabilité. Mais il est un fait que cette situation est celle que le pouvoir a voulu avoir. Et c’est une question de moyens dont ne disposent malheureusement pas les porteurs de discours critiques. Le régime du chef de l’Etat Yayi Boni est ainsi accusé de musellement de presse. Les conséquences de cette politique sont sévères. La liberté d’opinion et de presse est à rude épreuve ces dernières deux années. Le pays a reculé dans le classement mondial. Il y a de quoi parler de déception. Le chef de l’Etat n’a pas cessé d’accroître son populisme. Aujourd’hui, il domine, provoque tous les médias. Grâce au monopole dont il jouit sur la distribution des postes clés ou non, il sait régler à volonté le compte des formations politiques, continue à jouer un rôle dans la vie politique. Elles ont encore pion sur rue. Le pouvoir veut que toute la population soit avec elle mais il ne veut pas passer forcément par les leaders politiques qui chacun ont un fief. Le pouvoir veut donc que le citoyen où il se trouve soit optimiste. Mais on ne peut pas l’être en étant fauché. Il veut qu’on applaudisse collectivement ses actions, alors que le cœur n’y est pas. Comment peut-il dormir tranquille en mettant de l’ordre dans sa tête alors que le citoyen se plaint tous les jours de longues factures d’eau et d’électricité impayées. En tout cas, les béninois sont très peu à trouver le chemin du bonheur et du bien être. Ils attendent toujours que le « président des pauvres » traduise en actions concrètes les aspirations du peuple, nées après son arrivée au pouvoir. Personne ne met en doute son engagement pour la Nation, son souci des pauvres, sa détermination à transformer le Bénin ruiné en Nation émergente. Mais Yayi Boni n’a pas encore réussi à transformer le quotidien de chaque béninois. Pas pour n’avoir pas essayé mais faute de programme précis, cohérent et des actions réfléchies et suffisamment étudiées. Deux ans après son arrivée au pouvoir, il aurait eu moins de béninois vivant dans la misère si …, il y aurait eu moins de chômeurs si…, il y aurait eu plusieurs localités dont le visage changerait si…. Il n’est pas impossible de réaliser le rêve qu’il a nourri à son arrivée au pouvoir. Mais, à la date d’aujourd’hui, il y a une grande différence qui sépare ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire..



07/04/2008
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