"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Approvisionnement en eau potable en milieu urbain :

La SONEB dans … les eaux troubles !

03/01/08 - L’accès à l’eau potable fait partie de l’une des priorités de croissance et de réduction de la pauvreté. Mais au Bénin, boire de l’eau potable n’est pas à la portée de tous aussi bien dans les grandes villes qu’en milieu péri-urbain. Le manque d’eau potable, source de vie, peut-il aider à l’émergence du pays ?
Par Sabin LOUMEDJINON
Plus aucun jour ne passe sans que, sur une chaîne de télévision ou sur les ondes d’une station radio, un communiqué de la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) n’annonce une panne ou une éventuelle coupure de la fourniture d’eau, et s’excuse pour les désagréments que cela pourrait causer aux consommateurs.
Le fait aujourd’hui est récurent : coupure intempestive, fourniture d’eau trouble, si ce n’est pas le matériel de branchement qui n’existe pas. Les populations, lassées de ne pas pouvoir s’approvisionner convenablement en liquide précieux auquel elles ont droit crient leur ras-le-bol et disent ne pas savoir à quel saint se vouer. Face aux critiques de tous genres et à la déception que les consommateurs ne cessent d’exprimer ouvertement à travers des grognes sur certaines radios, le directeur central de l’exploitation de la Soneb Imrana Damien, parlant de la qualité de l’eau servie aux populations, rassure : « L’eau de la SONEB est très bonne. C’est ce qui fait que tous les bateaux en déplacement dans la sous-région s’arrêtent pour s’approvisionner à partir de Cotonou ». Il précise que s’ils le font, c’est après s’être informés sur les composantes de cette eau et sur le traitement mis en oeuvre pour lui assurer une bonne qualité.
Pour le directeur, les quelques fois que l’eau fournie aux populations est trouble, cela est dû généralement aux casses enregistrées sur les tuyaux. Il évoque les difficultés qu’il y a à entretenir le réseau. Puisque la Soneb dispose de plus de 1000 km de tuyaux sous terre.
« Ces casses des conduites sont dues au vieillissement des installations ou surviennent parfois du fait des charges des gros porteurs qui pèsent sur elles », ajoute le directeur de l’exploitation. Il précise que la pression de l’eau, surtout la nuit, peut aussi entraîner les casses des tuyaux.
Parfois, c’est lors de la réparation des pannes que des matières en suspension pénètrent dans l’eau. Mais « la Soneb fait toujours diligence et essaye, dans la mesure du possible, de les évacuer à travers des appareils appelés vidanges qui sont mis sur la conduite », nous dit-on
Toutefois, reconnaît-il, « il arrive que certaines matières en suspension échappent à la Soneb. Ce sont ces matières en suspension que ceux qui sont les plus proches de la casse trouvent lorsqu’ils ouvrent leur robinet. C’est cela qui fait dire à certains que l’eau est sale par moments ».

Eau trouble mais potable

Mais pour Imrana Damien, cela ne veut nullement dire que l’eau, même trouble, présente des micro-organismes dangereux pour l’homme. C’est seulement ce qui est appelé caractère organoleptique de l’eau qui est touché, c’est-à-dire la coloration. Mais lorsqu’on prend cette eau et qu’on l’analyse, on ne trouve le moindre germe pathogène. Il donne comme preuve, une situation de casse récente à Cotonou, à la suite de laquelle la direction de l’hygiène de l’assainissement de base s’est rendue sur les lieux pour faire de l’échantillonnage sur le réseau. Après analyse contradictoire, cette direction a trouvé que l’eau ne contient pas de germe pathogène. C’est ce qui fait dire au directeur que l’eau de la Soneb, même colorée, est mieux que l’eau de puits.
Ça, c’est la partie visible de l’iceberg. Ce qui est caché aux populations et qui continue d’agacer tout le monde sur le terrain, c’est la pénurie de compteurs. Les zones péri-urbaines sont en général les plus touchées. Nombreux sont donc ceux qui ne cessent de grogner sur les ondes pour exprimer leur ras-le-bol et toute la misère qui leur est faite, alors qu’ils ne sont que demandeurs du liquide précieux qu’est l’eau potable. « Les demandes peuvent dormir des mois, voire des années dans les tiroirs de l’administration alors que c’est une société qui est à la recherche de sous », se plaignent certains. Ils croient que tout cela est fait à dessein pour que ceux qui sont dans le besoin pressant mettent, à nouveau, la main à la poche, pour ne pas dire qu’ils utilisent la vieille méthode de dessous de table. Et pourtant la corruption est décriée aujourd’hui. A ce propos, le directeur central de l’exploitation de la SONEB ne rejette pas totalement l’allégation. « L’absence de matériel donne lieu à toute sorte de spéculation. C’est sûr que ceux qui sont pressés sont tentés de corrompre », reconnaît-il. Toutefois, précise-t-il, la pénurie a pris fin. « La SONEB dispose désormais de plus de 40.000 compteurs dans son magasin. La société attend la livraison par les fournisseurs, des autres matériels entrant en ligne de compte pour le branchement afin que tout le monde soit satisfait ».
En effet, pour servir un abonné en eau potable, il faut, en plus du compteur, une dizaine d’équipements (robinet Pc, collets de prise en charge, demi-raccord, les coudes en laiton, les robinets d’arrêt…). Et ce sont ces équipements qui manquent cruellement. Non pas parce que les dispositions ne sont pas prises. « Il faut un appel d’offres. Mais les dossiers préparés ont mis plus de 15 mois pour aboutir. Aujourd’hui, la SONEB est en procédure d’urgence avec les fournisseurs pour qu’ils lui mettent les fournitures à disposition », expliquent les responsables de cette société. Ils précisent que le reste est à fabriquer. Pour eux, ce sont les lourdeurs des procédures administratives, chez nous, qui nous pénalisent. Heureusement, les commandes sont lancées finalement pour 15.000 matériels de branchement. Un chiffre qui est largement au-dessus des besoins. Car les statistiques montrent que les demandes en branchement n’excèdent pas 10.000 par an.
Nous espérons que les accords signés, ces derniers temps, entre la SONEB et les partenaires au développement dans le cadre du « Pot commun de l’alimentation en eau potable en milieu urbain et péri-urbain au Bénin », permettront à cette société de jouer pleinement et efficacement le rôle qui lui est assigné dans le développement socio-économique du pays. Il va falloir faire vite et bien afin que notre pays ne connaisse le drame qui frappe les autres pays en matière d’approvisionnement en eau potable.

 



04/01/2008
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