Autorité émergente
De l’autorité de l’Etat à l’autorité du prince
jeudi 10 juillet 2008
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 10
juillet 2008
L’affaire du Dg/Port viré sans ménagement est
visiblement restée en travers la gorge de beaucoup de Béninois. De nombreux
émergents donnent de la voix pour plaider la restauration de l’autorité de
l’Etat. Au grand dam de quelques porteurs de croix très affectés par la
déchéance d’un des leurs. On s’étonne que le nom de Dandjinou draine autant de
pleureurs après son limogeage en juillet alors que deux mois plus tôt en avril,
il n’a pu réunir suffisamment de suffrages pour s’offrir un seul poste de
conseiller municipal sur les 49 élus à Cotonou. Paradoxe ailleurs qu’au Bénin.
Passent pour la thèse de l’insubordination et
celle des manquements graves à l’autorité. En supposant que l’initiative de
limogeage émane réellement de Zinzindohoué. Que malgré la délégation de pouvoir
dont jouit son ministère de la part du chef de l’Etat, on lui ait laissé la
main livre pour faire ce qu’il a fait. Il n’y avait pas meilleur ministre que
lui qui tique à chaque phrase sur « la haute autorité » pour donner
l’exemple de la subordination. Sans contester au ministre son appréciation
personnelle sur les propos de ce collaborateur impertinent sur Golfe Tv.
Ce qui ne passe, en revanche, pas du tout, c’est
l’amalgame autour de la superstructure « Etat » et les individus qui
détiennent des strapontins en son sein. Le changement a certainement réalisé
moult prouesses dont celui des mélanges de genres mais il peine visiblement à
faire partager sa conception patrimoniale de l’Etat à l’ensemble des Béninois.
La charte du gouvernement fait d’ailleurs bien de préciser « autorité de
l’Etat ». Nulle part on y évoque les princes aux manettes à commencer par
le premier d’entre eux. Un rattrapage auquel s’est livré avec entrain et zèle
Amand Zinzindohoué sur un cobaye de choix, le Dg/Port.
La nuance vaut son pesant d’or dans un Etat de
droit. C’est l’article 19 de
Le cas-type de la patrimonialisation de l’Etat à
l’ère du changement demeure le refus d’installer 24 conseils municipaux. En
violation fragrante des lois et règlements, six préfets dénient impunément à
l’Etat d’exercer son autorité. L’article 19 de la constitution leur fait
pourtant obligation de désobéir à un ordre manifestement illégal surtout qu’ils
n’ont pas besoin d’un ordre express d’un ministre pour procéder aux dites
installations. Parce que Fcbe ne le veut. Le parti du chef de l’Etat ne le veut
pas. Tout responsable administratif qui contrevenait à cette volonté du
docteur-président s’exposerait à des sanctions pour « non respect de l’autorité
de l’Etat ». Parce qu’en fait l’Etat lui-même est soumis à un
individu-autorité et à son regroupement politique. Quelqu’un disait tout près
de nous : « l’Etat c’est moi ».
Garde-à-vous, tout le monde !
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