BIO TCHANE
Enfin président…
lundi 21 janvier 2008
Arimi CHOUBADE
Enfin président…
Ministre des finances, directeur général Afrique du Fmi, puis enfin président de la Banque ouest africaine de développement (Boad). Ces aficionados peuvent désormais lui donner du « président » sans paraître tendancieux. Un chapeau qui manquait à Abdoulaye Bio Tchané devenu l’icône d’une certaine classe politique en mal de repère. L’autre Ovni venu droit de Lomé s’est résolu à les mettre tous à la retraite depuis son installation place Marina en avril 2006.
Le spectre Bio Tchané remonte à bien longtemps déjà. Pratiquement avec un label pareil à celui qui a conduit Yayi Boni au pouvoir. N’en déplaise aux courtisans émergents qui redoutent que cela n’empêche leur idole de gouverner en boucle. A l’époque déjà une offensive communicationnelle tous azimuts avaient fait de l’argentier de Kérékou un potentiel dauphin. Même les opposants irréductibles très en verve sous la troisième législature (1999-2003) lui trouvaient d’exceptionnelles qualités.
Sans rentrer dans les dédales des relations entre le tout nouveau président de la Boad et son prédécesseur, il y a des signes qui ne trompent pas. Contrairement à ce qui a été annoncé comme une grande victoire de l’homme du changement au sommet de l’Uemoa de janvier 2008 à Ouagadougou. Je pencherai pour de ceux qui louchent du côté de l’amitié supposée entre Blaise Compaoré et Bio Tchané que d’un probable coup de pouce de Yayi Boni. En effet, tout le monde aura remarqué que le directeur général Afrique du Fmi se faisait plus fréquent dans la sous région qu’au Bénin ces derniers mois. Tout le contraire du scénario 1995. Le président Soglo avait pratiquement en laisse son protégé. Aucun Béninois n’avait été surpris lorsque Yayi Boni a été présenté au public comme le nouveau monsieur Boad en remplacement de son compatriote Aboubakar Baba Moussa admis à la retraite.
L’image d’un docteur-président débarquant précipitamment de Ouagadougou, de nuit, sans attendre le sommet de la Cedeao – qui devrait s’ouvrir le lendemain – juste après la nomination de Bio Tchané ne constitue par une manifestation de satisfaction. Même pour un motif aussi sérieux que la remise de drapeau aux Ecureuils en partance pour la Can 2008 au Ghana. Surtout qu’en perspective de ce séjour prolongé dans la capitale burkinabé, la responsabilité du cérémonial en l’honneur de l’équipe nationale de foot a été confiée à la deuxième personnalité de l’Etat béninois en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, finalement dessaisi à la dernière minute. Et de quelle manière ?
Quoiqu’on fasse, le duel supposé ou réel entre le docteur-président et le président de la Boad amorce un nouveau virage. Les démentis et les professions de fois n’y changeront pas grand-chose. Le débat public béninois ne peut faire l’économie de ce challenge dans un contexte de raréfaction des références politiques.
Après les pôles Soglo, Houngbédji, Kérékou, Amoussou et même Yayi Boni pourquoi pas l’émergence de celui de Bio Tchané ?