"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Cession de l’outil industriel de la Sonapra/Création d’une nouvelle société d’égrenage


Le gouvernement Yayi fait de l’amalgame

In La Nouvelle Tribune - Rendues publiques après les nombreux articles de presse pleins d’éloges et de compliments à l’endroit du chef de l’Etat et du repreneur provisoire d’une partie de l’outil industriel de la Société nationale pour la promotion agricole (SONAPRA), les explications données par le conseil des ministres du samedi 06 octobre 2007 sur les résultats des travaux d’ouverture, de dépouillement, d’analyse et d’évaluation des offres relatives à la cession partielle de l’outil industriel de la Sonapra révèle  tellement de contradictions et de vices apparents dans la procédure qu’on exagérerait pas de conclure à une opération menée sur front d’amalgame.

 

Ludovic D. GUEDENON

 

L’intervention subite de la présidence de la république dans le processus de cession partielle de l’outil industriel de la Société nationale pour la promotion agricole (SONAPRA) paraît suspecte et les contradictions que l’on note dans le communiqué du conseil extraordinaire des ministres du samedi 06 octobre semble en être une illustration. Nulle part dans le communiqué du 27 août 2007 signé par le directeur de cabinet du ministre d’Etat, chargé de l’économie, de la prospective, du développement et de l’évaluation de l’action publique, Antonin S. Dossou appelant les « sociétés ou groupement de sociétés intéressés » à soumissionner à l’appel d’offre relatif à la cession partielle de l’outil industriel de la Sonapra, il n’était prévu la mise en place d’un comité interministériel qui sera chagé d’évaluer les offres reçues sur la base du dossier d’appel d’offre approuvé par la commission technique de dénationalisation visé par la direction nationale des marchés publics. Au-delà de ce premier élément d’appréciation beaucoup lié à la forme, les indices qui permettent d’établir l’amalgame dans la gestion de ce premier dossier de privation sous le régime du changement se retrouve dans le passage de l’opération de cession partielle de l’outil industriel de la Sonapra à la création d’une nouvelle société mixte d’égrenage de coton. Pourquoi l’Etat béninois ne garderait-il pas dans son patrimoine les usines de la Sonapra constituant son apport dans le capital de cette nouvelle société et que l’opérateur privé y entre avec un apport financier ou en nature de sa propriété d’autant que l’homme d’affaire Patrice Talon est déjà propriétaire d’usine d’égrenage implantée au Bénin ? Par quelle alchimie l’opérateur Talon et la société par laquelle il a gagné les offres ont réussi à faire des offres financières évaluées exactement à 45% de la valeur de l’ensemble de l’outil industriel qui n’était pas censé être connu des concurrents ? Cela est d’autant plus suspecte que les communiqués d’appel d’offre à réellement à annoncé que le secteur privé contrôlera 45% des actions de la nouvelle société dont le capital équivaut à la valeur totale de l’outil industriel que le communiqué n’a pas déclinée.

 

Le ministre d’Etat Koupaki mélangé.

 

Alors qu’il a été instruit selon le communiqué du conseil extraordinaire des ministres du samedi dernier pour « engagé avec l’adjudicataire provisoire, les  formalités requises pour la création de la nouvelle société d’égrenage, la mise en œuvre de ses organes ……….. » le ministre d’Etat Pascal Irenée Koupaki a selon le même communiqué présenté une communication au cours du même conseil des ministres sur la base de laquelle « le conseil des ministres a adopté le décret portant création et approbation des statuts de la nouvelle société d’économie mixte d’égrenage de coton dénommée société pour le développement du coton ( SODECO) ». Ces deux informations « contradictoires » selon l’analyse de certains milieux rendent d’avantage confus le rôle joué par le ministre d’Etat dans la gestion de ce dossier particulier de privatisation.  Bien qu’il soit le ministre de tutelle de la commission nationale de dénationalisation son département n’a pas été cité parmi les ministères membres du comité spécial de dépouillement qui a évalué en dernier ressort les résultats des travaux de la commission nationale de dénationalisation préalablement visés par la direction nationale des marchés publics. Une confusion qui fait dire de cette cession qu’elle est spéciale et particulière.

 

« Rien de transparent………… »

 

Contrairement au media et soutien du président Boni Yayi, les syndicats des travailleurs de la Sonapra, trouvent plutôt qu’il n’y a rien eu de transparent dans la cession de l’outil industriel de leur entreprise. Lors d’une conférence de presse qu’ils ont conjointement donnée lundi, les responsables syndicaux ont fondé leurs contestations sur trois grandes raisons. La première raison est selon Expédit Guidi le fait qu’il n’y avait plus de concurrent dès lors qu’après la disqualification de l’un des deux soumissionnaires. Ensuite l’absence dans le du soumissionnaire déclaré adjudicataire provisoire du document de non engagement vis-à-vis de la Sonapra puis enfin la troisième raison est la production en pleine séance de dépouillement de deux chèques avalisés par une société débitrice de la Sonapra alors constituant du groupe de société déclaré adjudicataire.

 

La vérité sur le bradage de la sonapra

 

La procédure de cession de l’outil industriel de la Sonapra, telle que rendue publique par le conseil des ministres éclaire beaucoup plus sur la valeur réelle de ce patrimoine national. En tout cas beaucoup mieux que ce qui a été laissé croire jusque là. En croire donc ce communiqué, à l’issue de dépouillement des offres du seul soumissionnaire finalement retenu, la valeur à laquelle le comité de dépouillement a consenti de céder l’ensemble de l’usine de la Sonapra est bien loin des attentes du commun des béninois. En réalité, l’adjudicataire déclaré n’aura proposé, pour acquérir l’outil industriel de cette société que la modique somme de 15 milliards 750 millions de nos francs. Un montant qui se trouve, comme on le constate à des années lumières des 35 voire 40 milliards précédemment pour endormir le béninois moyen et détourné l’attention de la population de la vérité. En clair, en fait de cession partielle de l’outil industriel de la Sonapra, il ne s’agit rien d’autre que d’un bradage pur et simple d’un patrimoine national, pour des raisons dont seuls les commanditaires maîtrisent les tenants et les aboutissants. Dans ces  conditions, on a du mal à se trouver dans la prétendue « détermination du gouvernement à créer un environnement des affaires compétitifs et attractifs, pour l’accélération des reformes structurelles en vue de donner progressivement corps au Bénin émergent…… » s’il est vrai que le gouvernement n’avait officiel jamais annoncé un montant plus élevé que celui qu’il nous a servi, suite à son dernier conseil des ministres, il n’en demeure pas moins vrai que les chiffres ont bel et bien été divulgué en son nom et pour son compte, et qu’à ce titre il a même été « ovationné » d’avoir réussir à faire réaliser des économies substantielles à la nation en réussissant à vendre la Sonapra plus chère prévue. Grande est aujourd’hui notre étonnement de constater qu’en fait d’exploit, alors pompeusement diffuser, ce n’était que de la poudre jetée en grande quantité aux yeux des « abroutis de béninois » pour les préparer à avaler en douce, cette fois-ci sans tambours ni trompettes, la pilule amère. La stratégie toute trouvée et savamment mise en œuvre est de semer la confusion dans l’esprit de la grande masse. Dans un premier temps il fallait créer l’euphorie dans la masse en lui présentant la partie visible de l’iceberg ; un tableau faussement reluisant qui consiste à montrer le gouvernement du changement en train de réaliser une bonne affaire à travers la Sonapra. Puis ensuite, servir presque discrètement, et dans une confusion bien orchestrée, le vrai visage de la situation ; une situation plutôt chaotique à la limite du crime économique. La deuxième phase ayant bien entendu le communiqué du conseil des ministres ayant, par des tournures de phases alambiquées, rendu compte d’une procédure d’appel d’offre exceptionnel mis en œuvre par un comité de dépouillement tout aussi exceptionnel, de par sa composition et ses critères de présélection des soumissionnaires. Et puis le gouvernement se félicité de la qualité du travail abattu par ledit comité, pour avoir conduit les travaux de dépouillement et d’analyse des offres dans la transparence, avec rigueur et esprit de suite, en continue du 24 au 26 septembre 2007 ………. », le commun des mortels se félicite si on rendait publique le contenu des offres du ou des soumissionnaires disqualifiés.

 

Alain C. ASSOGBA



18/10/2007
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