"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Cités dans la mauvaise gestion de la SBEE :

Edition du 19/11/2007 In La Nation

Sur quoi comptent da Matha Sant'Anna et Adjanohoun ?

 

Leurs noms ont été abondamment cités dans la mauvaise gestion caractérisée de la SBEE. Et les actes à eux imputés sont d'une gravité extrême. Aussi, le Conseil des ministres a-t-il instruit le président de la République de saisir le président de l'Assemblée nationale, aux fins de la levée de l'immunité parlementaire des deux anciens dirigeants de la société. Alors que ces derniers auraient pu, d'eux-mêmes, offrir leurs démissions et se mettre à la disposition de la justice, rien ne semble pouvoir les y pousser. Mais sur quoi comptent-ils ? Ont-ils seulement conscience qu'ils fragilisent le président Boni Yayi dont ils se réclament ?

 

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

 

Depuis une semaine, on en sait suffisamment sur la profondeur de l'abysse créée à la SBEE pendant les années écoulées, et de graves accusations sont portées sur ceux qui avaient à charge sa gestion. Sur le sujet, on connaît au moins la position de Célestine Adjanohoun. Pour elle, la question de la levée de l'immunité parlementaire n'est pas à l'ordre du jour et, en son temps, on verra. Quand on observe la sérénité qu'elle dégageait apparemment au moment où elle faisait ses déclarations, on se dit qu'elle ne se sent pas inquiétée. Est-ce la même réalité du côté de Luc da Matha Sant'Anna ?
Dans les pays de culture démocratique avérée, lorsque les responsables sont mis en cause sans qu'il soit même besoin que les faits à eux reprochés aient la gravité de ceux évoqués dans le cas de la gestion de la SBEE, ils offrent leur démission, convaincus de rebondir s'il s'agit seulement de dénonciations calomnieuses, ou de quitter définitivement la scène, lorsque les faits sont avérés. En ces circonstances, ils arrivent à puiser en eux, les ressources nécessaires pour faire valoir leur honneur. C'est dire que même quand ils se savent condamnés, ils choisissent souvent de partir pour ne pas faire obstruction à la justice. Alors, à l'analyse de l'attitude de Luc da Matha et de Célestine Adjanohoun, il y a lieu de se demander si après 17 ans de pratique démocratique, nous n'avons pas assez appris en la matière, ou si le terme honneur, chez nous, n'existe que pour la forme. On pense cependant que nos deux députés en ont et qu'ils en feront la démonstration… On peut prendre date avec eux…
Mais d'ores et déjà, il faut dire que rien ne justifie leur attitude actuelle si ce ne sont les calculs politiciens.
En réalité, après les dénonciations du Conseil des ministres, lesquelles ont valeur officielle parce que n'étant pas le fait d'allégations de simples citoyens, les deux députés auraient dû simplement aller, dès le premier jour ouvré, aller offrir leurs démissions au président de l'Assemblée nationale pour se mettre à la disposition de la justice. Cette démarche les aurait peut-être crédités d'une certaine bonne foi et aurait établi leur volonté de contribuer à la manifestation de la vérité, et surtout, d'aider effectivement le président Boni Yayi à réaliser son rêve de vaincre la mauvaise gouvernance.
En ne le faisant pas, les deux députés semblent espérer que les calculs politiciens aidant, ils pourront aller au terme de leur mandat, ce qui retarderait l'échéance de leur comparution devant le juge. Et voilà qui est précisément de nature à jeter le discrédit sur eux, au-delà de ce qui a déjà été induit par le Conseil des ministres qui les a épinglés. En réalité, contrairement à ce qu'ils pourraient croire, les populations ne manqueront pas d'interpréter leur attitude comme une sorte d'aveu, car, se diront-elles, s'ils n'ont rien à se reprocher, ils devraient œuvrer pour une manifestation rapide de la vérité, en se rendant disponibles au plus tôt.
Calculs politiciens avons-nous dit ? Oui, car, même si cette lecture des choses peut être tirée par les cheveux, il n'est pas exclu que l'affaire soit politiquement jouée, de sorte à faire apparaître le peuple, une fois encore, comme le dindon de la farce. C'est peut-être ce qu'espèrent certains, mais on peut être à peu près sûr qu'à l'ère du changement, rien ne se passera comme ça.
Par ailleurs, s'ils continuent d'attendre que le débat s'ouvre officiellement au sein de l'hémicycle pour tirer les conséquences de la situation, Luc da Matha Sant'Anna et Célestine Adjanohoun fragilisent le président Boni Yayi, qu'ils feraient ainsi apparaître comme n'ayant pas assez d'autorité sur sa troupe à l'Assemblée nationale, comme menant un jeu qui viserait insidieusement à leur épargner le sort que leur réserve ce dossier, ou encore comme ayant fait montre d'une volonté mesurée.
Dans tous les cas, ce dossier sulfureux appartient à la catégorie de ceux qu'on n'oublie pas du jour au lendemain. Et, à l'occasion, les députés FCBE devraient être les plus déterminés à faire droit à la requête relative à la levée de l'immunité de leurs collègues. Laquelle, on l'espère, ne connaîtra aucun vice de procédure ou de forme.



21/11/2007
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