Commentaire d’un journaliste sur la Radio Nationale
28 janvier 2008 -
Journalistes béninois :
vous avez suivi, ce Vendredi le porte- parole de la Présidence de la République dans l’édition
de 23h du journal télévisé de l’ORTB. Maître Lionel AGBO vous met en garde. Il
vous donne un dernier avertissement. A partir du Lundi prochain, tout
journaliste qui se hasarderait à écrire des insanités sur le président Boni
YAYI sera épinglé. Plus rien ne se passera, en quelque sorte, comme avant, les
tribunaux s’occuperont certainement du reste. La colère du porte- parole de la Présidence de la République peut se
justifier quand on imagine ce qui a précédé son intervention sur la chaîne de
télévision de l’ORTB. Le nom du Chef de l’Etat a été mêlé, dit-il, à la
tentative d’enlèvement du Président de la CENA, Pascal TODJINOU. Du coup, le premier
Magistrat est dans un état d’âme. La réaction du Chef de l’Etat est normale.
Mais il faut s’interroger pour savoir s’il a été déjà reconnu coupable ?
Me Lionel AGBO a parlé des détracteurs du Chef de l’Etat qui usent de tous les
moyens pour ternir son image de marque, pour l’empêcher de lutter contre la
corruption. C’est peut-être vrai. Mais ce que le porte-parole perd de vue c’est
la Démocratie
Béninoise bien appréciée partout dans le monde. En intimidant
les journalistes, la démocratie béninoise ne prend-elle pas un coup ? Que
dira-t-on de cette démocratie à l’échelle internationale ? Me Lionel AGBO,
autrefois défenseur de la liberté de presse, est mieux armé pour calmer le
Président de la République,
pour lui dire que c’est le jeu démocratique. On se souvient encore des articles
de presse qui incriminaient, qui incriminent et qui incrimineront encore
l’ancien Président Mathieu KEREKOU. Mais que disait celui-ci ? Je cite,
« Chers Journalistes, si mon nom peut vous faire vendre les journaux,
alors continuez ». Et jamais il n’y a eu de menaces aussi violentes
que celles proférées par Lionel AGBO ce Vendredi. J’ose croire qu’un Avocat est
un homme qui mérite admiration, respect et que sais-je encore. Je ne peux
m’imaginer que des articles de presse puissent l’amener à changer, à perdre son
calme à la limite, énerver les téléspectateurs qui l’ont suivi. Pourquoi ne pas
faire la sourde oreille face aux critiques ou venir simplement démentir sans
menacer ? A force de répondre à ceux qu’il appelle détracteurs, ne leur
rend-il pas en réalité service ? Combien de personnes ont lu ces
articles ? Ce qui relaie davantage le contenu de ces articles qui mettent
à l’index le chef de l’Etat dans l’affaire de tentative d’enlèvement, c’est la
violente réaction de Maître Lionel Agbo. Oui Lionel Agbo, car personne n’a
écouté de vive voix le chef de l’Etat, tout coléreux, comme notre Avocat se
contente de le dire. Ne perdons pas de vue d’où nous venons. Ce sont ces mêmes
journalistes menacés aujourd’hui qui relayaient l’idée selon laquelle il était
dit « Touche pas à ma constitution et que sais-je encore ». Ce
sont ces mêmes journalistes qui parlent, écrivent à longueur de journée en
bien, du chef de l’Etat .N’ayons pas la mémoire courte. C’est vrai que la
démocratie n’est pas synonyme de désordre. A ce niveau, il va falloir que nous,
journalistes, nous évitions de nous faire épingler dès Lundi prochain comme l’a
dit le porte parole de la
Présidence de la République.