3
déc. 2007
Une honte présidentielle !
Yayi
Boni, continuellement en perte de légitimité au Bénin commence à quémander des
compliments de chefs d’Etat de la sous-région. Le dernier en date est celui du
Président sénégalais en escale-éclair au Bénin et qui a déclaré que «Yayi Boni est une chance pour le Bénin». On
peut accepter des compliments de partout et de tout le monde sauf d’un vieux
politicard en fin de règne et qui ne constitue qu’une calamité à la tête du
Sénégal.
Abdoulaye Wade est très mal placé pour juger Yayi Boni. Il peut dire
aujourd’hui que son homologue béninois est une chance pour le Bénin. Qu’en
sait-il ? Et de quoi parle-t-il ? Grande gueule, ce monsieur n’arrête jamais de
se préoccuper de ce qui ne le regarde pas. Yayi Boni, une chance pour le Bénin
? Inacceptable. On se rappelle qu’en 2000, Abdoulaye Wade avait été élu comme
un messie, une chance pour le Sénégal. Mais au fil des années, on s’est bien
rendu compte qu’il y a eu erreur de jugement. Les Sénégalais se sont
lamentablement trompés. Wade l’opposant historique et exemplaire est devenu un
Président-monstre qui frappe, qui emprisonne et qui tue tous les jours des
centaines de Sénégalais. Sa réélection-surprise en 2007 n’est que le résultat
assassin d’un fichier électoral informatisé et professionnellement truqué. Mais
impassibles, les Sénégalais subissent sans dire mot, les affres d’un système,
tentant de se parer des atours de la démocratie pour se fonder une légitimité
totalement perdue. Le massacre institutionnel auquel il se livre, la violence
verbale et parfois physique avec lesquelles il se déploie dans l’univers
politique du pays, donnent froid dans le dos. La Radio et Télévision
Sénégalaise (RTS) est quasiment devenue la maison du Président. Cela rappelle
d’autres régimes politiques, en d’autres temps et sous d’autres cieux. Jusqu’à
quand durera le stoïcisme ou l’indifférence des Sénégalais ? Nul ne sait.
Pourtant, chaque jour le régime déroule un numéro plus loufoque et plus
dramatique que les précédents, dans sa manière de conduire les destinées du
Sénégal. La corruption et les scandales financiers sont légion, le délestage
constitue toujours le lot quotidien du commun des Sénégalais, les prix des
denrées de première nécessité ne cessent irrémédiablement de grimper. Les
jeunes sénégalais continuent sans relâche de s’entretuer aux larges des côtes
marocaines et espagnoles à la quête d’une hypothétique vie meilleure. Plus
ridicule, Abdoulaye Wade a laissé se répandre un sauve-qui-peut généralisé en
décrétant la modernisation de la ville de Dakar au détriment des petits vendeurs
à la sauvette. Le Sénégal vit aujourd’hui un cauchemar politique, économique,
social et institutionnel qui le conduit inexorablement à la catastrophe. Wade a
récemment décrété avant de se rétracter, « un effort national » : il veut
diminuer les salaires et continuer à promettre et à faire rêver les Sénégalais.
Ce Président irresponsable n’a-t-il pas mieux à faire que de faire des
compliments à un Yayi Boni qui se cherche et qui a besoin de référence
exemplaire ? Le ridicule n’étonne plus. Le grotesque non plus dans le camp de
chefs d’Etat africains. Yayi Boni au plus mal n’avait pas besoin de ce
compliment bas, humiliant et qui contrairement à l’effet recherché doit plutôt
lui faire réfléchir. En quoi Yayi Boni est-il une chance pour le Bénin ? Lui
qui navigue continuellement à vue, lui un petit dictateur qui ne sait pas ce
qu’il fait à la tête du Bénin, lui qui en deux ans seulement conduit le Bénin à
la dérive avec l’accroissement des affaires détournements et de corruption, lui
qui est en train de faire d’un pays laïc, un pays théocratique, lui qui
blasphème, endort les Béninois et qui se prend pour Jésus, lui qui est
manifestement régionaliste et qui dirige unilatéralement toutes les
institutions démocratiques dans le pays, lui qui manque ouvertement de respect
en ce moment aux anciens chefs d’Etats du pays (Nicéphore Soglo et Emile Derlin
Zinsou notamment), lui qui bat déjà campagne pour des élections municipales et
présidentielles prochaines avec les moyens de l’Etat, lui qui ne fait rien et
qui est quotidiennement applaudi et vénéré par la majorité des médias béninois.
Cet homme n’a aucun mérite. La déclaration d’Abdoulaye Wade est une honte
indigne et grossière d’autant que qui connaît le Président sénégalais sait
qu’il est un homme de mauvaise foi, un renard-flatteur, un grand spécialiste
d’étourderies et d’effets d’annonce. Sur quelle base Abdoulaye Wade se
permet-il de distraire les Béninois ? S’il juge Yayi Boni sur son passage à la
tête de la BOAD,
c’est qu’il veut manipuler l’opinion béninoise parce que tout le monde sait
qu’on peut bien avoir été un excellent dirigeant d’une grande banque et n’être
que l’ombre de soi-même à la présidence d’un pays ! Yayi Boni, une chance pour
le Bénin ? On est bien tenté de répliquer au N°1 Sénégalais : «Monsieur le Président, les Béninois savent que vous
avez été pendant près de 40 ans, un grand opposant. Ils savent encore plus,
désormais, qu’une fois élu, vous n’êtes devenu qu’un farfelu, un pur gâchis en
Afrique, une honte à la présidence de la République du Sénégal.»
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