"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Désignation avant délai des membres de la Cour Constitutionnelle:

Ficara, Dayori et Dahissiho boycottent la séance

4 mars 2008
Quatre membres du bureau de l’Assemblée Nationale réunis hier mardi 03 février 2008 au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo ont entériné la liste des quatre noms envoyés par le chef de l’Etat. C’est autour de 17 heures que le président Mathurin Nago qui a en vain attendu leurs trois autres collègues du bureau a lancé le vote qui a été favorable au président Yayi Boni.

On connaît depuis hier les prochains quatre représentants de l’Assemblée Nationale à la Cour Constitutionnelle dont le mandat des membres actuels prend officiellement fin le 06 juin 2008. Les Sieurs Bernard Dégboé, Théodore Holo (juriste de haut niveau), Kora Zimé Yarou (Personnalité) et le secrétaire général de la Cour Constitutionnelle sortante, Mme Marcelline Afouda née Gbèha (magistrat), sont ceux qui ont été désignés hier sous l’œil vigilant de Mathurin Nago en présence de son 1er vice président André Dassoundo, son deuxième questeur Djibril Mama Débourou et du deuxième secrétaire parlementaire Amissétou Affo Djobo. Leurs trois autres collègues du bureau, les députés Sacca Ficara, Antoine Dayori et Antoine Dahissiho qui ont contesté le processus qui a conduit à la nomination de ces quatre personnalités, ont préféré ne pas être de la rencontre A défaut d’avoir les raisons de l’absence de ses deux autres collègues, c’est le premier questeur de l’Assemblée Nationale Sacca Ficara qui a pu nous dire les causes qui motivent leur absence à la réunion. En effet, joint au téléphone vers 20 heures hier, le député Sacca Ficara a expliqué qu’aucun d’entre eux, encore moins les présidents des autres groupes parlementaires n’a pu réunir toutes les pièces constitutives du dossier. « Avec les encombrements actuels au niveau de nos tribunaux, il ne nous a pas été possible d’avoir les casiers judiciaires. C’est pourquoi, nous leur avons dire en vain de reporter la séance pour que tout se passe dans les normes » a déclaré le premier questeur qui affirme qu’aucun des absents à la réunion ne sait le contenu des dossiers des quatre personnalités choisies sans eux. En plus de ces trois membres du bureau, plusieurs présidents de groupes parlementaires n’ont pas répondu à l’invitation de Mathurin Nago. Dans les couloirs de l’Assemblée Nationale, on apprend que les groupes politiques hostiles à la manière dont ce dossier a été conduit veulent saisir la Cour Constitutionnelle pour réclamer l’annulation du choix porté sur les quatre personnalités qui viennent d’être désignées. Pour eux, il n’y a rien qui presse au point où l’on soit obligé de pourvoir au remplacement des membres actuels de la haute juridiction à quatre mois de la fin de leur mandat. Les députés favorables à ce recours affirment que plusieurs autres dossiers déjà trop en retard sont restés jusque là sans solution et c’est la désignation des membres de la Cour Constitutionnelle qui préoccupe certains membres du bureau. Les députés contestataires de l’opération d’hier se réfèrent aux dispositions de l’article 115 de la constitution pour dénoncer ce qu’ils appellent « le Hold up de Mathurin Nago ». En effet, au terme des dispositions de cet article, il faut être d’une bonne moralité et d’une grande probité en dehors des conditions d’ordre intellectuel. Situation qu’ils estiment que l’Assemblée Nationale ne s’être pas bien assurée avant d’entériner la désignation des quatre d’hier. La désignation de ces quatre parsonnalités telle qu’elle a été organisée hier viole également dit-on le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale au motif que l’avis consultatif de la conférence des présidents n’a été obtenu.  

Des jours de réflexion et de tractations

  Après la dernière séance de travail à l’issue de laquelle le président Mathurin Nago a été obligé de reporter cette désignation des quatre représentants de l’Assemblée Nationale à la Cour Constitutionnelle , l’administration parlementaire a été mise en alerte. Du service de la documentation à la Direction des services législatifs (Dsl) en passant par ses conseillers juridiques, des instructions fermes ont été données par le président Mathurin Nago pour réfléchir et trouver tous les textes de lois qui pourraient aider à cette désignation de ces quatre personnalités sans anicroche. C’est alors que finalement le vendredi dernier, la loi organique No 94-027 du 15 juin 1999 relative au Conseil Supérieur de la Magistrature et celle No 91-009 du 31 mai 2001 portant loi organique de la Cour Constitutionnelle ont été trouvées. C’est la première qui règle le cas des magistrats. Le Conseil Supérieur de la Magistrature est institué par l’article 127 de la constitution. Au terme des dispositions de son 11 et conformément à l’article 127 de la constitution, le Conseil Supérieur de la Magistrature assiste le président de la République et est consulté sur toutes les questions concernant la magistrature et la sécurité des juges. A ce titre, il a pouvoir pour donner son avis sur les nomination des magistrats dont celui qui a été choisi dans le lot des quatre personnalités désignées hier au parlement pour siéger à la prochaine Cour Constitutionnelle. Pour ce qui concerne la loi organique de la Cour Constitutionnelle , ce sont ses dispositions à l’article 2 qui aurait retenu l’attention des quatre membres du bureau présents à la rencontre d’hier. Selon cet article, il est pourvu au renouvellement des membres de la Cour , vingt (20) jours au moins avant l’expiration de leurs fonctions. Ainsi, la loi n’ayant pas précisé l’autre borne de ce délai, les participants à la réunion d’hier veulent en profiter pour se tirer d’affaire. A ce titre, plusieurs fonctionnaires parlementaires contactés hier, trouvent que rien ne pourra valablement permettre de remettre en cause le processus qui venait d’être achevé.

  Jean-Christophe Houngbo



05/03/2008
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