Désignation avant délai des membres de la Cour Constitutionnelle:
La désignation des membres de la Cour Constitutionnelle avant le délai requis continue de faire des vagues. Après les contestations et les vives polémiques autour du dossier, le député Sacca Fikara vient de saisir la haute juridiction pour dénoncer certaines irrégularités.
Le
premier questeur, président du Mouvement pour la démocratie et la solidarité
(Mds), le député Sacca Fikara est contre la manière dont les représentants de
l’Assemblée nationale à la Cour Constitutionnelle de la prochaine mandature ont
été récemment désignés au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Alors que
certains citoyens croyaient ce dossier oublié, l’honorable Sacca Fikara vient
de formuler un recours qu’il a déposé à la Cour Constitutionnelle pour dénoncer
la procédure, la précipitation et certaines intentions politiques sur le sujet.
Dans les motifs de son recours, le premier questeur se demande ce qui presse si
tant au point où on soit obligé de pourvoir au remplacement des membres actuels
de la haute juridiction de cette façon aussi précipitée. alors que d’autres
grands dossiers sont restés jusque-là sans suite. C’est le cas du retard criard
de plus de 10 mois dans la désignation des représentants de l’institution
parlementaire béninoise à la Haute Cour de Justice et dans les parlements
régionaux. Le député contestataire affirme qu’il y a une intention cachée dans
la précipitation à travers laquelle ce dossier de la Cour Constitutionnelle a
été géré. L’honorable Sacca Fikara revient ensuite sur le processus de cette
désignation très précipitée des membres de la Cour Constitutionnelle de la
mandature qui commence en juin prochain. Pour lui, le président Mathurin Nago
a, une fois au cours d’une réunion du bureau, instruit les membres de la
conférence des présidents pour lui faire des propositions de personnalités
pouvant valablement représenter l’Assemblée nationale. Sans attendre les
réponses, il aurait, selon Sacca Fikara, convoqué, sans ordre du jour, une
nouvelle réunion du bureau. A cette réunion où le quorum a été largement
atteint, le président Mathurin Nago annonce l’urgence de désigner ce jour même
les quatre représentants de l’Assemblée nationale devant siéger à la Cour
Constitutionnelle. Une prise de position qui, selon le député Mds, a étonné
tout le monde. Aucun d’eux n’avait tous ces dossiers sur lui en ce moment. Ce
serait seulement la deuxième secrétaire parlementaire, la députée Amissétou
Affo Djobo Oludé qui avait un seul dossier au complet. Dossier qui même pas été
pris en compte. Selon Sacca Fikara, son collègue du G 13 et deuxième vice-président
Antoine Dayori, aurait demandé n’aurait en vain à leur président Mathurin Nago
de lui accorder quelques minutes pour que son chauffeur aille lui chercher un
de ses dossiers à Cotonou. Leur collègue Mama Djibril Débourou aurait affirmé
n’avoir pas de propositions à faire. Rapidement, le président Mathurin Nago,
dit-il, a sorti quatre noms et invité ses collègues à les valider. Tollé
général dans la salle. Pour les obliger à s’exécuter et faire passer sa
décision, ajoute Sacca Fikara, Mathurin Nago aurait affirmé que c’est la haute
autorité qui en a décidé ainsi, d’où la nécessité d’accepter les noms qui lui
auraient été envoyés de la présidence de la République. Le président du Mds
précise que le gouvernement a procédé à la désignation de ses représentants à
la haute juridiction le même jour lors d’une réunion du conseil des ministres
au cours duquel un décret a été pris pour valider le choix des sept
personnalités devant siéger à la Cour Constitutionnelle durant les 05
prochaines années. Le recours signé par le député Sacca Fikara serait initié
par plusieurs autres parlementaires toutes tendances confondues. Il aurait
aussi sollicité l’expertise de parlements étrangers sur le sujet.
La requête
Après avoir démontré les irrégularités qui ont émaillé le processus de la
désignation des membres de la prochaine mandature de la Cour Constitutionnelle,
le député Sacca Fikara demande aux sages de la haute juridiction, d’annuler les
choix de l’Assemblée nationale pour une reprise de l’opération selon les règles
parlementaires en la matière. Le recours du premier questeur de l’Assemblée
nationale, Sacca Fikara intervient au moment où la tension est à son comble au
Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Le bureau de Mathurin Nago est très divisé
et nombre de députés souhaitent vivement sa destitution. La majorité a déjà
changé de camp et un certain nombre de députés serait déjà organisé pour passer
à la prochaine occasion, à l’acte. Il semble même que c’est conscient de cette
situation que les uns et les autres ont précipité la désignation des membres de
la Cour Constitutionnelle. Ainsi, on apprend que, même si la Cour
Constitutionnelle ne donnait pas raison à Sacca Fikara pour annuler le choix de
Mathurin Nago, lui et ses collègues pourraient, suite aux négociations avec
certains députés de la liste Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe),
destituer leur président, changer la configuration du bureau de l’Assemblée
nationale de la législature en cours et faire annuler eux-mêmes cette
désignation contestée de leurs représentants devant siéger à la haute
juridiction. Ils seraient protégés par les dispositions de la loi organique de
la Cour Constitutionnelle. En effet, aux termes de l’article 02 de cette loi
organique, les membres de la Cour Constitutionnelle sont inamovibles durant
leur mandat. Ceux qui viennent d’être désignés n’ayant pas encore prêté
serment, ils ne sont pas couverts par la loi jusqu’en juin prochain où ils
entreront en fonction. Et si entre-temps, l’Assemblée nationale parvenait à
prendre une nouvelle décision contraire à la celle de Mathurin Nago, ils
perdraient du coup le statut que leur a conféré la loi.
Jean-Christophe
Houngbo
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