A moins qu’on nous
démontre que minorité en démocratie ne veut pas dire opposition, il
faut bien se poser la question de savoir depuis quand l’ADD a basculé
dans l’opposition. Il n’y a pas longtemps encore, à l’occasion de la
prise de service de Joseph Tamègnon à la SOGEMA, la RB est allée bomber
le torse pour se féliciter de ce que le chef de l’Etat ait fait
confiance à un des siens, preuve s’il en était, que le parti regorge de
cadres intègres. C’était le parfait amour entre la RB et le pouvoir.
Or, il est de notoriété publique que la position de Joseph Tamègnon
vis-à-vis de la RB n’est pas aussi claire que les uns ont voulu le
faire croire. Mais là n’est pas le débat aujourd’hui.
Ce qui est en cause, c’est qu’en l’espace de quelques semaines, ces
partis traditionnels, qui faisaient littéralement du forcing pour être
reconnus comme étant de la mouvance, en viennent à prendre leurs
quartiers dans le périmètre de l’opposition. En effet, on sait qu’après
moult tergiversations, le PRD a fini par se positionner en adversaire
du régime en place, invitant même le président de la République à
prendre les décrets d’application de la loi portant statut e
l’opposition. Mais, des composantes de l’ADD, on ne savait pas si elles
s’étaient résolues, en désespoir de cause peut-être, à faire valoir
leurs compétences dans l’opposition. En effet, il y a quelques semaines
encore, la chef de file de la RB à l’Assemblée nationale, Rosine Soglo,
indiquait au sein de l’hémicycle, qu’elle n’était pas du même bord que
Me Adrien Houngbédji. Mieux, son parti et les autres de l’ADD, avaient
publiquement déclaré leur soutien aux actions du chef de l’Etat et de
son gouvernement. Qu’est-ce qui a donc pu bien se passer entre-temps ?
Cela, on ne le saura sans doute pas maintenant. Seulement, lorsqu’on a
vu, à l’occasion de la répartition des sièges au sein de la CENA et de
ses démembrements, la RB et consorts, membres de l’ADD, réclamer des
sièges en tant que minorité, on se demande depuis quand les données ont
changé. Car, à la vérité, s’ils continuaient de se réclamer de la
majorité parlementaire, ils n’avaient qu’à faire équipe avec les
députés FCBE et alliés qui, sur ce coup, les ont ignorés royalement. En
lieu et place de cela, ils se sont ouvertement réclamés de la minorité
et donc de l’opposition, allant même jusqu’à tenir une conférence de
presse conjointe avec le PRD dont la position est connue. Faut-il aussi
signaler qu’avec ce parti, ils avaient ensemble vidé l’hémicycle
lorsqu’ils ont constaté que les autres étaient résolus à se tailler la
part du lion ? Cela est un événement dans le Bénin du Changement…
Comme conséquence de cette situation, il faut, dans l’absolu, en
déduire que l’opposition au président Boni Yayi s’est renforcée, du
moins de façon circonstancielle. Et même dans cette hypothèse, ce
dernier doit craindre de ne plus savoir qui sont ses véritables alliés.
Mais, chose plus importante, si tous ceux-là se réclament subitement de
l’opposition, sans qu’aucune raison objective et palpable ne justifie
ce revirement, c’est qu’il y a sans doute un malaise profond, qui plane
insidieusement sur le pays et qui appelle le chef de l’Etat à faire des
réajustements, s’il veut sauver la situation.
Wilfried Léandre HOUNGBEDJI |