Nous sommes devenus médiocres…
mercredi
17 octobre 2007, par Arimi Choubadé
Rédigé
le 16 octobre 2007
Le
Bénin face à sa presse. Des chefs de programmes de télé qui louvoient plus du
côté de la chaîne publique togolaise qu’ailleurs. Des animateurs de radio plus
enclins à la vulgarité. Et nos plumes qui ne s’enflamment que pour
l’encensement et la redondance. Au grand dam des consommateurs de médias
littéralement assommés de productions passionnelles dont le contenu tourne
invariablement autour de l’adoubement béat et de l’aplatissement.
Interviews
transformées en interrogatoires, commentaires en louanges, reportages en
certification. Tout le monde peut devenir journaliste aujourd’hui. Les rues de
Cotonou se pavoisent chaque jour de publications les unes plus ubuesques que
les autres. Les éditions se bouclent à l’aide d’un seul cri de ralliement. Il
suffit d’afficher les lettres magiques « Yayi Boni » étalées sur
toute la largeur de
Un
paysage médiatique sevré de confrontation d’idées 17 ans après le renouveau
démocratique. On pouvait s’attendre à pareil recul depuis que les trafiquants
de toute sorte se sont mués en promoteurs de médias sous le règne du président
Kérékou. Nous allions nous faire payer nos maigres salaires sur les parcs de
véhicules d’occasion. Or tous ces promoteurs d’un genre particulier se sont
pour la plupart reconvertis au changement. Le régime du changement n’en porte
donc pas directement la responsabilité de cette déviance.
Lorsqu’un
commentateur officiant sur la radio nationale suivie sur une grande partie du
territoire national affirme dans le même débit lyrique que le stade de l’amitié
de Kouhounou est rempli au quart et que le public s’est déplacé massivement,
allez-y comprendre quelque chose. Les vrais habitués des matches des Ecureuils
à Cotonou savent ce qu’on appelle stade rempli. Lorsque le même commentateur
proclame que l’unité nationale est réalisée autour d’un spectacle d’exhibition,
on a bien envie de lui demander de quoi il parle.
Personne
n’exige du journaliste qu’il se substitue aux acteurs politiques en apportant
la contradiction à un pouvoir. Tant pis si des forces alternatives ne se dotent
pas des moyens d’occuper la scène publique. Mais lorsque ce sont les animateurs
de médias eux-mêmes qui décrètent l’ostracisme envers des courants de pensées
politiques, il y a danger. Les reportages interdits de diffusion ou vidés de
leur contenu, les invités constamment invectivés sur le plateau par
l’animateur, les grogneurs privés d’antenne pour cause de non conformisme.
Tout
est mis en œuvre pour enserrer l’équipe de Yayi Boni dans un cocon. Une gangue
destinée à maintenir le locataire de
Au-delà
de ses querelles de clochers, c’est l’avenir de toute une corporation qui pique
du nez vers l’abîme. Son affaiblissement profite à tous les aventuriers qui
l’avilissent tous les jours à travers des torchons insipides servis aux
populations. Le modèle démocratique béninois mérite mieux. Il ne tient qu’à
nous d’éviter de nous mettre au même niveau vers le bas.
Juste
un sursaut, chers confrères !
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