"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Election émergeante

Au nom de l’Oif

lundi 21 avril 2008

Arimi CHOUBADE/ In le Nokoue

Rédigé le 21 avril 2008

 

Vive l’Oif ! Unanimité confirmée autour du rôle salvateur du « machin » d’Abdou Diouf. Pour une fois. Le grand prince du changement lui-même n’a pu se priver de l’envie de revendiquer cet interventionnisme de bon aloi. Tant pis si l’orgueil en prend un coup. Qu’il y a-t-il de glorieux qu’un président de la République d’un pays stable en vienne à recourir à une organisation internationale pour tenir dans les délais un scrutin interne prévu depuis 5 ans ? Après que son gouvernement ait freiné des quatre fers lors du déblocage des fonds nécessaires au déroulement du processus. Il y a longtemps que la plupart des émergents ont été immunisés contre le ridicule, à commencer par leur porte-étendard.

Une lecture rapide du communiqué conjoint gouvernement-Cena en date du 12 avril sous l’égide de l’Oif et de la Cedeao donne nettement un aperçu de la duplicité de la revendication présidentielle sur l’apport supposé des deux organisations internationales. C’était plus que de l’observation classique d’élection. Il s’agissait plutôt d’une tutelle « heureuse ». La manœuvre a essentiellement servi à acculer le gouvernement Yayi Boni. Le scrutin devait se dérouler le 20 avril 2008, vaille que vaille. Une manière de mettre une sourdine aux manipulations du regroupement politique du chef de l’Etat, la Fcbe, qui alterne les dénonciations de vol imaginaire de matériels électoraux, les menaces de boycott du processus, les appels à la démission du bureau de la Cena, les cris d’alarme sur le défaut d’encre indélébile et les violences contre les adversaires sur le terrain.

Tout le monde sait qu’il n’y aurait rien à observer au Bénin le 20 avril 2008 si la communauté internationale avait laissé le gouvernement Yayi Boni géré, à lui tout seul, les contraintes liées à l’organisation du scrutin. Aux pénuries de cartes d’électeur à Cotonou la police avait répondu par des arrestations de membres de la Cena et de ses démembrements du Littoral. Au retard des paiements de primes aux membres des démembrements de la Cena, la solution du ministre des Finances a été de geler tous les décaissements au motif qu’il y a des imperfections dans le processus. A une campagne électorale qui s’annonçait hostile dans de nombreux localités, la Fcbe de Yayi Boni a répandu les attaques physiques et psychologiques sur les populations.

Heureusement que ces dérives ont été observées par l’Oif et la Cedeao grâce au lobbying des acteurs de la déclaration du 12 mars 2008 et aux coupures de presse. On s’est donc mis dans une posture proactive aussi bien à Paris qu’à Abuja afin de ne pas compromettre les réservations de billets d’avion de leurs observateurs respectifs attendus au Bénin dans le courant du 20 avril. Ce qui permet aujourd’hui à la vitrine de la démocratie en Afrique de sauvegarder l’essentiel de ces acquis malgré les énormes ratés constatés le jour du vote.

Mais le mal est fait. Après le coup du déclassement de la presse béninoise (de la 1ème place à la 9ème), le régime du changement réussi l’exploit de la banalisation de l’expérience démocratique en cours. Les couacs du gouvernement Yayi Boni apporte à l’Oit comme à la Cedeao une cure de jouvence inespérée. Ses experts peuvent désormais se targuer de cocher le quartier latin de l’Afrique dans leur répertoire de pays en difficulté démocratique assistés au cours de l’année 2008. Des positionnements qui valent leur pesant d’or lorsqu’il s’agira de mobiliser des ressources additionnelles auprès d’institutions internationales. On peut d’ores et déjà parler d’acte d’apatridie gouvernementale préjudiciable pour le Bénin tout entier.

C’est aussi le changement à la Yayi Boni.

 



21/04/2008
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