L’opposition en arc-en-ciel
In Fraternité - Alfred Sauvy écrit dans la tragédie
du pouvoir : ``La démocratie ne consiste pas à s’unir mais à savoir se
diviser. L’unanimité, le plein accord est un mauvais signe’’. Il s’agit en fait
d’une apologie de l’opposition déjà retrouvée chez Honoré de Balzac. Le leader
du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) Me Adrien Houngbédji semble désormais
collé à la réalité en se dissociant officiellement du pouvoir. Le président
Boni Yayi peut se frotter la main. Il a enfin une opposition.
L’indigence légendaire de l’opposition en Afrique avait
longtemps rendu Adrien Houngbédji frileux à toute position contre le régime du
changement. L’homme arc-en- ciel se signalait par de timides sorties
médiatiques sporadiques.
Par le biais d’un communiqué de clarification, l’ancien
président de l’Assemblée nationale a finalement décidé de prendre ses
responsabilités et d’assumer son statut d’opposant naturel à Boni Yayi. Le
leader PRD a choisi la manière forte pour inaugurer l’opposition. Le communiqué
musclé de la rentrée politique dénonce entre autres, l’absence de boussole le
pilotage à vue, l’improvisation, le musellement de la presse, l’affairisme
rampant dans l’entourage du chef de l’Etat. Mais redoutant le poids de son
nouveau choix, le PRD invite le gouvernement à prendre un décret d’application
de la loi sur le statut de l’opposition. C’est justement à ce niveau
qu’apparaît la raison principale de la phobie de Houngbédji dont on connaît le
dégoût prononcé pour tout acte oppositionnel. De peur de voir ses partisans
mourir d’inanition, Adrien Houngbédji qui jouera sa dernière carte en 2011,
rechigne à se mouler dans une opposition famélique. Sans doute faudrait-il
avoir un caractère d’acier pour faire la douloureuse expérience de
Mais Adrien Houngbédji n’a plus le choix. Plusieurs fois
malheureux candidat à la présidentielle, il reste le rival potentiel de Boni
Yayi en 2011. Il ne se fait plus aucune illusion sur les intentions du chef de
l’Etat qui a embarqué,
Mais Adrien Houngbédji doit éviter de noyer dans une
opposition aveugle comme cette récupération politique du recul de la presse
béninoise dans le classement mondial de reporter sans frontière. Il lui faut
éviter de semer la confusion dans les esprits des populations et que la
fascination et la boulimie du pouvoir ne soient source d’aveuglement pour le
leader en mal d’autorité. Reste maintenant que l’opposition est pour Adrien
Houngbédji un devoir, une exigence dictée par ses ambitions et son âge.
Sulpice Oscar Gbaguidi,
29/10/2007
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