Etat de la gouvernance au Bénin :
30 janvier 2008 -La presse du Jour
Les mauvaises
pratiques politiques sous le changement
Rien n’a positivement changé en ce qui concerne le débat
politique au Bénin sous le changement. Au contraire, les anciennes pratiques
s’enracinent et d’autres tares se développent. Les espoirs s’étiolent et
l’échec de la présente expérience sera une remise en cause de plusieurs acquis
fondamentaux. Les Béninois sont déçus des comportements politiques actuels au
Bénin. En lieu et place de l’assainissement promis par le Chef du régime
actuel, c’est plutôt d’autres tares qui se développent. C’est sous le présent
régime qu’on a surpris des émissaires du camp présidentiel assiéger la Céna pour obtenir des
avantages avec le bureau d’âge. C’est sous ce régime que des députés ont été
interdits de vote et on a établi des procurations en leurs noms à l’Assemblée
nationale. C’est sous ce même régime que le Chef de l’Etat a battu campagne
pour une liste à la députation. C’est encore sous ce régime que les militaires
ont été introduits dans certaines activités des élections autres que la
sécurité et la défense. C’est enfin sous ce régime que le pouvoir judiciaire a
ouvertement crié à l’immixtion de l’Exécutif dans le judiciaire avec un bras de
fer tranché in fine par la Cour Constitutionnelle en faveur des acteurs de
la justice. Quelques exemples qui montrent que la situation se détériore au
lieu de s’améliorer. Finalement on se demande si le Bénin n’a pas choisi de
noircir encore quelques pages de son processus démocratique qui fait depuis
quelque temps la fierté des Béninois et qui est bien apprécié à travers le
monde. La hargne qui se développe contre les acteurs politiques fait que le
ring du débat politique est laissé au régime qui en fait sa bamboula pensant qu’il
fait du bon travail. La promesse n’a pas été tenue et l’on constate avec
amertume que l’environnement actuel fait de nouveaux riches sur le dos du pays
avec une volonté de voir disparaître l’existant. C’est une situation qui doit
interpeller les démocrates béninois sinon le Bénin sera, à terme, obligé
d’aller à une conférence nationale bis. Mais ce qui l’y conduira n’est
certainement pas souhaitable. Car, les grognes se développent et celles qui
s’annoncent sont peut-être les signes avant coureurs de quelque chose de plus
grave.
Euloge Badou