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In yehoubénin
RFI : Bonjour Monsieur le Président.
RFI : Jacques Chirac ?
" C'est un one-man-show permanent sur les quatre chaînes de télévision. On ne nous montre que des soutiens apportés au chef de l'Etat, meetings, marches, messes, création de groupuscules... Alors on est stupéfait."
Soglo : oui comme vous le savez. Mais la il applique ce qu'il a vu de mon point de vue au
RFI : Donc ce qui vous inquiète le plus ce sont les atteintes à la liberté de la presse ?
Soglo : Absolument. Mais non seulement ça. Ce sont les atteintes à la liberté tout court. Même maintenant comme le dit l'écrivain Couao Zotti, il y a des professions de circonstances qui se développent : il y a des marcheurs, des rassembleurs, des lecteurs de motions, des porteurs de haut-parleurs et même des fournisseurs de pure water, les sachets d'eau qu'on mobilise pour étancher la soif des marcheurs. Alors on se frotte les yeux et on se demande « Ca se passe ici dans notre pays ? »
RFI : Alors, vous êtes très sévère, hein. N'y a t il pas quand même une démocratie au niveau électoral ? Est-ce que les législatives de l'année dernière n'ont pas été transparentes?
Soglo : Je vais vous dire ceci pour Yayi Boni. C'est un membre de notre parti que j'ai envoyé précisément à la BOAD. Eh bien, il a un peu le complexe d'Œdipe : tuer le Père pour exister. Je suis un peu surpris mais je me dis ce qui nous parait fondamental c'est de sauver la démocratie. Sans démocratie, il n'y a pas développement.
RFI : Est-ce que justement sur le plan des élections, de la transparence, ce sont des choses fondamentales. Est-ce que la au moins Y a-t-il pas encore de démocratie dans votre pays ?
Soglo : Non. D'abord il y a l'achat de conscience qui est devenu quelque chose d'ahurissant. Les membres du gouvernement alors que nous ne sommes pas en période électorale se promènent, distribuent de l'argent. Maintenant les micro-crédits sont utilisés, parce que la misère est la après 10 ans de Kerekou, pour essayer d'acheter les consciences des populations. C'est le président lui-même qui distribue cet argent-la. Mais j'ai dit, nous allons barrer la route à ça. Faites-moi confiance.
RFI : Le mois dernier, le président Georges Bush est venu à Cotonou, il a félicité le président Yayi Boni pour ses efforts en faveur de la bonne gouvernance. Est-ce que ce n'est pas le signe que tout n'est pas mauvais dans la politique de Yayi Boni ?
Soglo : Quand Bush est passé, c'est vrai qu'il était surpris de ne pas me voir à l'aéroport. Il m'a envoyé un cadeau. J'ai dit, si vous êtes bien informé, qu'il y a un mauvais tournant que prend actuellement notre pays et je ne peux pas cautionner ça.
RFI : Il y a quand même des hommes d'affaires corrompus qui sont poursuivis et ont été jetés en prison.
Soglo : Ce n'est pas à moi qui ai poursuivi Cissé qu'il faut dire cela. Ce qui a fait que j'ai le sentiment que c'est devenu ce que faisait Kerekou sous la Révolution, tous les mercredis, on faisait kin go : on a envoyé une mission d'inspection, on a constaté qu'il manquait 20000 F ici, 100.000 F par là. C'est une technique que Mobutu a utilisée. On peut dire que c'est une technique du pouvoir maintenant.
RFI : Regrettez-vous d'avoir appelé a voter Yayi Boni contre Houngbedji ?
SOGLO : Non, c'est-à-dire que, honnêtement, j'ai dit entre plusieurs maux, il faut choisir le moindre.
RFI : À l'époque, vous pensiez que Yayi Boni était le moindre mal.
Soglo : A mon avis oui.
RFI : Aujourd'hui, vous avez changé d'avis ?
Soglo : Non je pensais que bon avec le temps, après tout, quand vous avez un enfant que vous avez aidé à grandir. Vous le laissez faire son expérience, c'est-à-dire avoir des succès et des échecs. Mais à partir d'un certain niveau, tous ceux qui l'ont aidé à venir au pouvoir, ceux qui ont mis de l'argent… ceux qui politiquement… J'ai signé un accord avec lui. Il m'a dit c'est un chiffon de papier. Alors là, j'ai perdu la face.
RFI : C'est-à-dire qu'il était prévu que vous ayez un certain nombre de postes ministériels et Yayi Boni n'a pas tenu parole. C'est bien ça ?
Soglo : Non, pas seulement. Il y avait surtout des réformes fondamentales. Il fallait une liste électorale informatisée. C'était la première des choses qu'on avait demandée. Sans compter qu'il fallait respecter les lois sur la décentralisation. Il se promène dans les municipalités comme si nous étions des sous-préfets. Il n'avertit personne. Alors que c'est à la Conférence Nationale que nous avons décidé de transformer les sous-préfectures en municipalités. Mais depuis, voila, il fait ce qu'il veut. Je dis non. Il s'est trompé de pays et d'époque.
RFI : Nicéphore Soglo, merci.
Ecouter l'interview sur RFI par ce lien: http://www.rfi.fr/
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