Gouvernance émergente
Des pluies et du plomb
jeudi 26 juin 2008
Arimi CHOUBADE
Rédigé le 26
juin 2008
Les Cotonois commencent par s’habituer à une
nouvelle précipitation. A côté des averses qui plongent des quartiers entiers
sous les eaux de ruissellement, il faut compter désormais avec celles des
plombs chauds déversés dans les rues, les domiciles, les bâtiments
administratifs, les succursales de banque et sur les marchés par des venus de
nulle part. Scénario classique des hommes armés jusqu’aux dents, à la gâchette
facile qui volent, pillent, tuent, terrorisent et disparaissent, ni identifiés,
ni pris.
Ce n’est pas de gaieté de cœur que des chroniques
de médias se donnent pour sujet de prédilection des situations à l’irakienne
dans un pays aussi stable comme le Bénin. Cela ne fait plus rire du tout. Les
balles ne sifflent pas uniquement pour des émergents, des opposants ou des
déçus d’un quelconque système politique. Surtout que les pistoleros évoluent
pratiquement dans un contexte de risque zéro bien que ce soit un général qui
préside à la sécurité nationale.
L’incurie du système de sécurité béninois est de
notoriété publique. Personnel insuffisant, matériels roulants défectueux,
absence de motivation de la troupe, formation approximative, armes de service
obsolètes, stratégie inadaptée… Mais cela n’occulte pas une autre incurie,
celle de l’opportunisme de la gouvernance. On ne saurait parler de sécurité
dans un pays dont l’économie est régentée en grande partie par la contrebande,
les trafics en tout genre et l’informel. Des pans entiers de secteurs aussi
stratégiques que les énergies fossiles, le change, la thésaurisation,
l’immobilier voire le commerce d’armes échappent à tout contrôle. Or, il existe
des vases communicants entre toutes les sortes de criminalité.
On comprend pourquoi les limiers de la police
nationale peinent à pister les braqueurs après leurs forfaits. Autant
pourchasser des fantômes qui ne prennent pas de carburant dans des
stations-service agréés, ne changent pas leurs devises dans des banques
classiques, ne se procurent pas des véhicules sur des marchés officiels…
Difficile dans ces conditions de recueillir le moindre indice crédible
susceptible de conduire à des cavernes d’Ali Baba qui existent pourtant bel et
bien sur le territoire national. Je ne connais pas de contrebande ou de trafic
illicite bénin. Leurs adeptes constituent des relais potentiels de la
criminalité. A se demander ce qu’ils disent les ministres de
J’avoue qu’il est aléatoire pour des forces
spéciales de sécurité de donner la chasse à des criminels à la gâchette facile
dans les rues de Cotonou sans causer trop de dégâts. La lutte moderne contre la
criminalité se fonde beaucoup plus sur les renseignements tendant à étouffer
les velléités dans l’œuf. Cela exige une coordination et une surveillance
stricte, commune par commune, hameau par hameau. Une prédisposition hors
d’atteindre avec des limogeages de commissaires de police et de commandants de
brigade de gendarmerie sur la base de conjonctures politiciennes,
indépendamment de tout impératif de sécurité. Tant que des officiers de police
judiciaire sont instruits pour se tenir à carreau devant des hors-la-loi érigés
en personnalités politiques, aucune lutte durable contre la criminalité ne
vaut. Sans oublier l’existence de 24 communes hors contrôle du fait de
l’intolérance et de l’imposture. 24 commandants de brigade ou de commissaires
tétanisés par les précédents de Malanville, d’Avrankou, de Matéri, de Glazoué,
d’Abomey et d’ailleurs.
C’est de cette façon-là que les émergents nous
gouvernent !
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