17 septembre 2007 - Sans Détour : Réflexions pêle-mêle …
IN La Presse du jour -La fin de la crise des GSM à Cape Town peut donner lieu à plusieurs réflexions. Les aspects économiques sont désastreux. Le feuilleton a mis en mal la souveraineté de l'Etat. Il a aussi mis sous les lampadaires, les limites de nos économistes en poste à la Présidence de la République. On comprend toutefois l'impatience des Béninois, victorieux et enclins aux solutions rapides, voire expéditives, dans leur attente d'un règlement dont l'élaboration ne fut rien moins que médiatique : ce fut là sans doute une des qualités de cette négociation d'avoir été menée en dehors du spectacle et de la presse. Même bien informé ou présumé officieux, un quotidien ne pouvait, même rédigée à l'imparfait, publier la teneur d'interventions qui se feraient pendant ou après sa propre impression. Alors, en sens inverse, on peut se demander si cette négociation ne fut pas trop hâtive et génératrice d'une nouvelle crise, pour reprendre le titre interrogatif d'un de mes éditoriaux (Affaires GSM, une paix bâclée ?). Passons. Il est des moments où on aimerait ne voir que les bons cotés des choses, s'enthousiasmer pour des livres, des films, des concerts, des soirées passées avec des amis chez Pépéco. Il est des jours où on voudrait avoir tort d'avoir prédit, avec beaucoup d'autres, que les désordres écologiques, financiers, politiques et culturels finiraient par ne plus être des hypothèses. Et puis voilà, on ne peut plus ne pas voir les lourds nuages s'amonceler sur nos têtes. Pour ne prendre que trois nouvelles de cette semaine : d'abord l'ajournement de la privatisation de l'outil industriel de la Sonapra . Ensuite, les effrayantes déceptions économiques résultant de la coupure des réseaux téléphoniques, la rentrée imaginaire du 17 Septembre 2007 avec ses revers sur les prévisions des commerçants. Enfin, l'aggravation brutale des inégalités entre l'enseignement privé et public. Tout cela aurait pu être empêché si les organismes de contrôle budgétaire avaient fait correctement leur travail. Si on avait appliqué les mesures, si modestes, suggérées par les centrales syndicales il y a près de cinq ans. Mais non. Rien. Le monde économique assiste, fasciné à la mise en place des conditions de son suicide. Car, c'est bien de cela qu'il s'agit : la crise financière peut conduire à un appauvrissement massif et brutal des forces vives de l'économie. Le désordre écologique (les changements climatiques récents dans les Collines et le Mono), peut provoquer bientôt plus de morts qu'il n'y a aujourd'hui de sans-abris. Et l'exacerbation obscène des écarts de niveau de vie conduira certainement à des violences aujourd'hui impensables. Passons Depuis qu'elle existe, la République a su faire, dans ses organes de décisions politiques, le meilleur usage de ses professeurs. Des professeurs de tout et n'importe quoi furent, et sont ministres de tout et de n'importe quoi. Paradoxalement, les seuls enseignants rarement appelés à diriger des administrations sont ceux dont la discipline aurait dû justifier qu'on les attende au premier rang : les professeurs d'économie. De fait, leur réputation est sulfureuse et chacun les considère au mieux comme des experts aussi doués que les météorologues et, au pire comme des rebouteux. Et, comme le disait très justement un des meilleurs prêtres de cette église, qui défroqua pour s'intéresser à l'art, Kenneth Boulding, ""Un économiste est un expert qui saura parfaitement vous expliquer demain pourquoi ce qu'il a prévu hier ne s'est pas passé aujourd'hui " Géro Fulbert Amoussouga, patron de la macroéconomie auprès de Yayi Boni semble, une exception : un économiste monté au plus haut niveau de l'ombre de la vie publique. En réalité, il n'est pas un économiste, mais un professeur. Et peu importe ce qu'il enseigne ; il est surtout un formidable vulgarisateur des idées des autres, aussi complexes qu'elles soient. Passons. Depuis, les économistes sont cantonnés dans des postes d'experts, dans les banques ou les administrations d'où ils espèrent revenir pour diriger nos Etats sous les tropiques.. Les meilleurs d'entre eux partent par wagons entiers enseigner dans les universités africaines ; quatre d'entre eux pourront être aujourd'hui considérés comme de dignes ministres de l'Economie, une récompense magnifique qui serait un couronnement de leur carrière .Mais aucun gouvernement n'a jamais pris le risque de confier l'action à un théoricien de l'action. A l'épreuve de leurs recommandations, on constate bien qu'ils sont excellents au tableau que sur le terrain véritablement économique. Parce que cette science l'économie n'excelle que dans l'art de se vendre : comme le disait un des plus lucides maîtres du grand Raymond Barre, John Kenneth Galbraith : " Un économiste, c'est quelqu'un qui ne sait pas de quoi il parle, et qui vous fait sentir que c'est de votre faute". Passons !
Herbert Hougnibo