Le rejet du rapport du
président Mathurin Nago est le rejet de la pensée unique et de la
crétinisation de l'institution parlementaire ". C'est la lecture faite par
le président Antoine Kolawolé Idji de la situation qui s'est présentée le
vendredi 23 mai dernier au Palais des gouverneurs. Pour lui, l'action n'est
pas dirigée contre la personne du président Nago mais contre le système en
place. Dans l'interview qu'il nous a accordée, il revient sur certains
sujets brûlants de l'actualité nationale.
Peut-on savoir pour
quelle raison vous avez voté contre le rapport d'activité présenté par le
président Mathurin Nago ?
Si vous avez écouté les explications de vote, en particulier l'explication
de l'honorable Arifari Bako, vous aurez su ce que moi-même j'avais à dire si
j'avais pris la parole. Mais ce n'était plus nécessaire de prendre la
parole. Le professeur Nago est un ami personnel, un homme très courtois,
sympathique en ce qui me concerne. Nous avons été député ensemble sous la
2ème législature. Et tout s'est bien passé entre nous. Et, jusqu'aujourd'hui
ça se passe bien. Mais ce n'est pas du professeur Nago qu'il s'agit. Il
s'agit de l'institution parlementaire qui est aujourd'hui plus que jamais
discréditée. Il n'est pas bon qu'un parlement soit à la botte de l'Exécutif.
Il n'est pas bon qu'on ne sente pas que le parlement demeure un haut lieu de
débats politiques. Nous avons rejeté définitivement l'idée de parti unique.
Les gens sont morts pour que nous ayons le pluralisme politique. Et nous
voyons insidieusement un groupe de personnes qui veulent à tout prix, pour
des raisons qui leur sont propres, nous ramener au parti unique. Ce que nous
avons rejeté. Les 47 députés qui viennent de voter contre le rapport du
président Nago viennent de tout le Bénin. Ils viennent de toutes les
sensibilités politiques. Ce n'est pas le Madep, la Rb ou le Prd seuls. C'est
toutes les sensibilités politiques du Bénin. Ce sera dommage qu'un tel
message ne soit pas entendu. Et j'espère fortement que ce message sera
entendu parce qu'il y va de la paix, la stabilité de notre pays. Le Bénin
traverse actuellement des difficultés comme beaucoup d'autres pays en ce
moment où on parle de vie chère. Si en plus, nous devons mettre en berne la
démocratie, parce que certains pensent que lorsque nous avons des
difficultés, il faut la dictature, ce sera grave. En tout cas, ceux-là se
trompent car nous ne permettrons à personne d'amener le pays dans le
désordre. Le Bénin va rester un pays de droit.
Le recul enregistré par
votre formation politique dans ses fiefs après les dernières élections
inquiète. Que se passe t-il au juste pour qu'il en soit ainsi ?
Je me félicite et je félicite les militants qui ont tenu bon. Car, si vous
aviez vu ce qui a été monté dans le Plateau contre le Madep, vous n'alliez
pas vendre chère sa peau lors de ces dernières élections. Le nombre de
conseillers que nous avons pu avoir malgré ces pressions et manœuvres
déstabilisatrices sort du miracle. Est-ce que vous savez que dans
l'arrondissement d'Idigni, avant les élections, on a assassiné l'un de mes
candidats ? Une semaine avant les élections, on a assassiné un deuxième
candidat. La première fois, le corps a été retrouvé dans un puits. La
seconde fois, le corps a été retrouvé également dans un puits. Je ne suis
pas étonné de voir les marches que vous avez vues maintenant. Toutes les
agressions, toutes les menaces ont donc plongé la population dans une grande
psychose. Ce qui s'est passé est inqualifiable. Il a fallu un cran
particulier aux militants du Madep pour qu'ils aient résisté pour faire ce
qu'ils ont fait malgré les moyens extraordinaires, ex-ceptionnels qui ont
été déployés contre eux. Je crois que nous n'avons pas baissé. Nos militants
sont debout et vous le constaterez.
Le Madep ira-t-il au
gouvernement ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question. Le président Boni Yayi
vous a-t-il dit qu'il veut remanier son gouvernement ? Moi je ne l'ai pas
entendu dire cela.
Que feriez-vous alors en
cas de main tendue du président Boni Yayi ?
Il faut poser la question de remaniement au président Boni Yayi.
Quelle est la situation
actuelle du président Séfou Fagbohoun. ?
Le président Fagbohoun est toujours à l'extérieur. Il s'occupe de sa santé
et vous savez que le dossier est actuellement à la Cour Suprême parce que le
Procureur général s'est pourvu en cassation contre la décision du juge de la
Cour d'appel. Nous espérons que la Cour Suprême va se prononcer assez
rapidement parce que c'est une question de liberté. J'espère que nous
aurons de bonnes nouvelles très prochainement.
Propos recueillis par
Tobi Pierre Ahlonsou |