"LE BLOG DU Pr JOËL AÏVO"

Interview avec le président Idji, vice-président du Madep :


" Il n'est pas bon qu'un parlement soit à la botte de l'Exécutif "

 

 

 

Ecrit par Tobi Pierre Ahlonsou   

lundi, 26 mai 2008 02:09

Le rejet du rapport du président Mathurin Nago est le rejet de la pensée unique et de la crétinisation de  l'institution parlementaire ". C'est la lecture faite par le président Antoine Kolawolé Idji de la situation qui s'est présentée le vendredi 23 mai dernier au Palais des gouverneurs.  Pour lui, l'action n'est pas dirigée contre la personne du président Nago mais contre le système en place. Dans l'interview qu'il nous a accordée, il revient sur certains sujets brûlants de l'actualité nationale.
Peut-on savoir pour quelle raison vous avez voté contre le rapport d'activité présenté par le président Mathurin Nago ?
 
Si vous avez écouté les explications de vote, en particulier l'explication de l'honorable Arifari Bako, vous aurez su ce que moi-même j'avais à dire si j'avais pris la parole. Mais ce n'était plus nécessaire de prendre la parole. Le professeur Nago est un ami personnel, un homme très courtois, sympathique en ce qui me concerne. Nous avons été député ensemble sous la 2ème législature. Et tout s'est bien passé entre nous. Et, jusqu'aujourd'hui ça se passe bien. Mais ce n'est pas du professeur Nago qu'il s'agit. Il s'agit de l'institution parlementaire qui est aujourd'hui plus que jamais discréditée. Il n'est pas bon qu'un parlement soit à la botte de l'Exécutif. Il n'est pas bon qu'on ne sente pas que le parlement demeure un haut lieu de débats politiques. Nous avons rejeté définitivement l'idée de parti unique. Les gens sont morts pour que nous ayons le pluralisme politique. Et nous voyons insidieusement un groupe de personnes qui veulent à tout prix, pour des raisons qui leur sont propres, nous ramener au parti unique. Ce que nous avons rejeté. Les 47 députés qui viennent de voter contre le rapport du président Nago viennent de tout le Bénin. Ils viennent de toutes les sensibilités politiques. Ce n'est pas le Madep, la Rb ou le Prd seuls. C'est toutes les sensibilités  politiques du Bénin. Ce sera dommage qu'un tel message ne soit pas entendu. Et j'espère fortement que ce message  sera entendu parce qu'il y va de la paix, la stabilité  de notre pays. Le Bénin traverse actuellement des difficultés comme beaucoup  d'autres pays en ce moment où on parle de vie chère. Si  en plus, nous devons mettre en berne la démocratie, parce que certains pensent que lorsque nous avons  des difficultés, il faut la dictature, ce sera grave. En tout  cas, ceux-là se trompent car nous ne permettrons à personne d'amener le pays dans le désordre. Le Bénin va rester un pays de droit.
 
Le recul enregistré par votre formation politique dans ses fiefs après les dernières élections inquiète. Que se passe t-il au juste pour qu'il en soit ainsi ?
Je me félicite et je félicite les militants qui ont tenu bon. Car, si vous aviez vu ce qui a été monté dans le Plateau contre le Madep, vous n'alliez pas vendre chère sa peau lors de ces dernières élections. Le nombre de conseillers que nous avons pu avoir malgré ces pressions et manœuvres déstabilisatrices sort du miracle. Est-ce que vous savez que dans l'arrondissement d'Idigni, avant les élections, on a assassiné l'un de mes candidats ? Une semaine avant les élections, on a assassiné un deuxième candidat. La première fois, le corps a été retrouvé dans un puits. La seconde fois, le corps a été retrouvé également dans un puits. Je ne suis pas étonné de voir les marches que vous avez vues maintenant. Toutes les agressions, toutes les menaces ont donc plongé la population dans une grande psychose. Ce qui s'est passé est inqualifiable. Il a fallu un cran particulier aux militants du Madep pour qu'ils aient résisté pour faire ce qu'ils ont fait malgré les moyens extraordinaires, ex-ceptionnels qui ont été déployés contre eux. Je crois que nous n'avons pas baissé. Nos militants sont debout et vous le constaterez.
 
Le Madep ira-t-il au gouvernement ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question. Le président Boni Yayi vous a-t-il dit qu'il veut remanier son gouvernement ? Moi je ne l'ai pas entendu dire cela.
 
Que feriez-vous alors en cas de main tendue du président Boni Yayi ?
Il faut poser la question de remaniement au président  Boni Yayi.
Quelle est la situation actuelle du président Séfou Fagbohoun. ?
Le président Fagbohoun est toujours à l'extérieur. Il s'occupe de sa santé et vous savez que le dossier est actuellement à la Cour Suprême parce que le Procureur général s'est pourvu en cassation contre la décision du juge de la Cour d'appel. Nous espérons que la Cour Suprême  va  se prononcer assez rapidement  parce que c'est une question de liberté. J'espère que nous aurons de bonnes nouvelles très prochainement.
 
Propos recueillis par
Tobi Pierre Ahlonsou



26/05/2008
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