La chronique de Jérôme Carlos
Pour une approche de partenariat « gagnant gagnant »
avec les opérateurs du GSM. C’est la conception de Boni Yayi, le Chef de
l’Etat, garant, comme tel, des intérêts du Bénin dans la crise actuelle qui
affecte le secteur de communication GSM dans notre pays.
C’est également
la conception de Boni Yayi, économiste de son état. Comme tel, il sait qu’une
entreprise qui s’installe dans un pays ne vient ni en philanthrope, ni en
bienfaitrice de l’humanité. Cette entreprise vient y faire des affaires, du
profit. Cette entreprise vient rentabiliser ses investissements, autrement et
brutalement dit, vient gagner de l’argent.
Il est absolument
nécessaire de comprendre ainsi les choses pour que nous sortions vite d’un
micro climat de nationalisme exacerbé et à tout crin qui se développe en ce
moment dans notre pays. Prenant, en effet, prétexte du bras de fer engagé par
l’Etat avec certains opérateurs GSM, dans un souci d’ordre et de sauvegarde des
intérêts nationaux, nombre de nos compatriotes se laissent entraîner sur le
terrain d’une généralisation abusive et dans la logique d’une guerre totale et
sans merci contre l’univers des affaires dans notre pays.
On en est ainsi arrivé à voir derrière la façade
lumineuse de toute entreprise, pour peu qu’on sache qu’elle brasse de l’argent,
des plans machiavéliques échafaudés dans le but d’escroquer le Bénin et de
gruger les Béninois, de faire des profits colossaux sur le dos du pays, de
sucer le pays, telles des sangsues dans leurs œuvres, toutes ventouses
déployées.
On se croirait
revenu aux années 80, au temps du socialisme triomphant dans notre pays. Le
socialisme, dans sa version béninoise tropicalisée, entendait alors régler
définitivement son compte à tout ce qui lui semblait puer le profit et cacher
le jeu de la bourgeoisie compradore alors vouée aux gémonies, parce que habitée
du ténébreux dessein d’affamer le peuple travailleur avec la complicité de l’impérialisme
international aux mains gantées de sang.
La psychose du
complot permanent s’entretient ainsi à bon compte, à coups de slogans et
d’incantations. Et il suffit d’entendre parler de milliards pour que la fièvre
monte, que les cheveux se dressent sur les têtes, sous le coup d’une décharge
d’adrénaline. On se sent ainsi d’attaque pour pourfendre les pilleurs coalisés,
les prédateurs syndiqués, les bandits associés, tous animés de la satanique
intention de mettre le pays en coupe réglée.
Il faut arrêter cet
activisme qui ne rend service à personne. Dans cette posture et à cette allure,
nous ne serons ni en bonne position, ni en de bonnes dispositions, pour bien
défendre les intérêts de notre pays. Toute entreprise qui s’installe est un
investissement qui se met en place. Tout investissement suppose de l’argent que
l’on libère à diverses fins. Et l’argent, dans le contexte des affaires et au
cas où on l’ignorerait, c’est, par définition, ce qui n’aime pas le bruit, ce
qui ne prospère pas dans le désordre. A nous donc, dans l’intérêt bien compris
de notre pays, et surtout dans le cadre de l’Etat de droit que nous
ambitionnons de construire, de maximiser, en toute transparence, les chances de
tout investissement pour qu’il profite à notre pays et à nos partenaires, dans
une approche « gagnant gagnant ».
Savions-nous, par
exemple, que nombre d’investisseurs venus faire leur expérience au Bénin s’en
sont retournés chez eux, déçus et amers ? Ils ont rencontré sur leur chemin des
ogres à l’appétit vorace, des gourmands omnivores et insatiables qui se foutent
totalement des intérêts de leurs pays. C’est en cela que le nécessaire
assainissement de l’environnement des affaires dans notre pays, revient,
certainement, à amener tout investisseur à se conformer à la loi, mais revient,
plus sûrement, à prendre à bras le corps, en vue de la gérer au mieux, la
triple crise qui ronge et mine notre administration.
Une crise de
légitimité, d’une part, affectant une administration qui a perdu le sens du
service dû à l’usager et qui, par une incroyable surenchère, fait tout payer.
Dans ces conditions, ou bien l’investisseur est assez honnête pour ne pas se
laisser harponner et prend alors ses cliques et ses claques pour aller voir
ailleurs, ou le même investisseur, dès son premier contact avec notre pays, se
laisse prendre en main par des réseaux maffieux et se laisse entraîner dans les
profondeurs d’une coupable complicité.
Une crise
d’effectivité, d’autre part, illustrée par la non application de nos propres
textes et dispositions règlementaires. Ce qui fait tomber l’investisseur dans
un désordre monstre dont il n’est pas responsable, un désordre qu’il est venu
trouver sur place, un désordre qu’il pourrait exploiter à son profit s’il
venait à avoir la preuve que nous sommes nous- mêmes les premiers fossoyeurs de
nos propres intérêts. « Quand le mur n’est pas lézardé, disent les Akan de Côte
d’Ivoire, l’araignée n’entre pas dans la maison. »
Une crise
d’efficacité, enfin, qui étale tous les jours, par plaques entières,
l’incompétence de nos agents à divers niveaux de responsabilité. Leur manque
d’engagement et d’ardeur au travail jure avec la mentalité et les pratiques qui
ont généralement cours dans le privé. C’est de nature à décourager ou à briser
un investisseur, qui lui, n’est pas venu faire une promenade de santé, sachant
mieux que quiconque que le temps c’est véritablement de l’argent.
Cette triple
crise devrait davantage nous préoccuper et nous occuper que la guerilla
actuelle qui révèle plutôt une mauvaise approche du monde des affaires.
L’entreprenariat et la libre entreprise en pâtissent déjà. Ils pourraient même
en mourir, à terme. On ne va pas défendre les intérêts d’un pays dans un
cimetière, mais partout où l’on peut promouvoir, avec le monde des affaires, un
partenariat « gagnant gagnant ».
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