La chronique de l'abé
Quel toupet !
Choc, affolement, crépitements d'armes, cris d'alarme, récits apocalyptiques… mardi noir au marché international de Dantokpa, en plein jour, et congestion monstre de part et d'autre du lac Nokoué. C'était le 2 avril 2008. Des malfrats fortement organisés et puissamment armés surgirent par barques et en voitures et maîtrisèrent le marché, plus de 30 minutes durant. Ils dévalisèrent des cambistes et s'attaquèrent sans grand succès à deux banques. Ils abattirent 3 victimes et réussirent à s'enfuir pour la plupart. Hold-up simultané de deux banques, quel choc. Et par surcroît en plein Dantokpa, quel toupet !
Excédée et révolté contre les responsables du marché international et contre les autorités en charge de l'ordre, qui se voulaient rassurantes après le coup, une femme lance au visage du Général Hessou, ministre de la Sécurité : « A cette allure, c'est ainsi que les gens oseront un jour opérer un enlèvement du président de la République ! » Et Boni Yayi lui-même, lors de sa descente sur les lieux le jour suivant, de s'étonner de l'audace des malfrats : « Ils sont venus et ils sont partis comme ça ? » Quel culot !
Hold-up et braquages furent autrefois assez fréquents au Bénin, certes. Et suite à une accalmie relative, on croyait que les responsables de la sécurité nationale avaient réussi à tout au moins affaiblir les gangs. Mais il y a dans ce dernier cas trop de culot, trop de programmation, trop de variation et de coordination dans les moyens utilisés, il y a usage d'armes trop lourdes et probablement un effectif assez élevé pour que l'enquête ouverte soit sans fin ou sans suite, comme dans tant d'autres cas. Déjà, des comparaisons se font avec un autre braquage, celui-là aussi osé qui eut lieu non loin de la présidence de la République. Celui-là aussi juste avant des élections, les législatives de 2007. Et certains de se demander: pourquoi nécessairement les banques de Dantokpa ? Car Tom Cruz lui-même hésiterait devant cette « Mission Impossible » d'un commando qui entre, opère et sort presque indemne de ce marché méga termitière de grande surface. Les faits sont assez inquiétants pour être laissés à l'imaginaire populaire, à la rumeur, et à la hantise de la récidive. A forfait audacieux, enquête audacieuse !
Abbé André S. Quenum
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