Décentralisation
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mercredi 28
novembre 2007
Arimi CHOUBADE
Le
docteur-président a finalement prescrit un forum à la décentralisation. 14 ans
après la confection des textes fondateurs, et près d’une décennie après leur
vote et promulgation. Un grand trait sur les millions engloutis dans cette
affaire par les partenaires : le Pdm (Programme de développement
municipal),
Une
légion, les élus locaux présents au forum qui ne comprennent toujours pas
pourquoi ils y sont allés. S’afficher aux côtés du nouveau messie ? Palper
les subséquents jetons de présence et autres primes ? Participer aux
lamentations collectives sur le non transfert des compétences et de
ressources ? Ou se donner bonne conscience tout simplement ? À chacun
de se déterminer.
Toute
conclusion qui ne table pas sur l’hypocrisie ambiante autour de la gestion des
collectivités aurait manqué de pertinence. Comment évaluer un processus qui n’a
réellement jamais été mis en branle aussi bien sous le « gouverner
autrement » que sous le « changement » ? Pendant 5 ans, 77
dindons ont joué à fond la farce en dehors de quelques-uns qui se sont rebiffés
par moment – cristallisation autour de la gestion du marché Dantokpa et de
celui de Ganhi à Cotonou.
Parallèlement,
le viol massif des textes sur la décentralisation ne connaît pas de trêve.
Chaque ministre qui s’occupe de salles de classe, de tables et bancs
d’écoliers, d’égouts, de recasement et consorts constitue un danger pour
l’émergence du développement local. Les participants au forum le savent mais
n’en diront mot jusqu’à la fin des débats, au nom du politiquement correct.
Tout en couvrant une hérésie aussi grotesque que le caractère international
d’un marché. Comme s’il existe des marchés exclusifs à une nationalité et
d’autres ouverts à l’international. Le Bénin qui étonne.
Nous
sommes nombreux à nous interroger sur le sens d’un forum tant que certaines
questions de susceptibilité demeurent en suspens. Il s’agit de cette guerre de
légitimité entre le chef de l’Etat (élu) et les maires (élus). Une sorte de
hiérarchisation de l’expression populaire qui continue de miner les rapports
entre les protagonistes de la décentralisation. Les courtisans du chef de
l’Etat ne reconnaissent à dessein que la seule légitimité de celui qu’ils
considèrent comme le seul élu de la nation. Bien que les exécutifs locaux
soient issus eux aussi d’élection au suffrage universel direct.
Or la
naissance de la décentralisation vient d’un constat d’échec de l’Etat
centraliste. Un cercle restreint de copains et de coquins pour qui l’électorat
n’est qu’un instrument à dompter à l’aide de subterfuges et de manipulations
surtout dans des contrées de pauvreté et misère. Il fallait leur retirer des
compétences dans des domaines aussi variés de la vie des citoyens que
l’éducation nationale, la santé, le sport, l’assainissement, l’environnement,
l’urbanisme. Des compétences toujours retenues en otage dans les ministères. Ce
qui donne au forum des allures d’une rencontre entre le maître chanteur et ses
victimes.
L’esprit
de la loi ne proclame nulle part une prédominance de la légitimité du chef de
l’Etat sur celle des autres élus au suffrage universel direct. A chacun son
domaine réservé.
Tant
mieux s’il faut aller à un forum pour s’en convaincre.
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